CINÉMA

LUNDI SÉRIE – « Vampires », chair fraîche

Netflix

Deux fois par mois, la rédaction se dédie entièrement au «  petit écran   » et revient sur une série pour la partager avec vous. Toutes époques et toutes nationalités confondues, ce format vous permettra de retrouver vos séries fétiches… ou de découvrir des pépites  ! Aujourd’hui, place à Vampires, jeune série française sanguine paru au mois de mars sur Netflix.

Il semblerait que notre époque redonne son heure de gloire au mythe insatiable des suceurs de sang. Après une exposition d’envergure baptisée Vampires, de Dracula à Buffy à la Cinémathèque française en fin d’année dernière, voilà que ces étranges créatures surgissent sur le petit écran de nos télévisions. Succédant à des productions comme Marianne ou plus récemment Mortel, Vampires continue de creuser le sillon fantastique de Netflix France. Une série contemporaine signée Benjamin Dupas (Vernon SubutexDix Pour CentUn Village français) et Isaure Pisani-Ferry où l’on suit Doïna (Oulaya Amamra), 16 ans, et sa famille mi vampires/ mi humains vivant secrètement dans un appartement parisien en plein coeur de Belleville. Libre adaptation du roman éponyme inachevé de Thierry Jonquet, Vampires détonne par sa vitalité et son approche nouvelle du mythe.

Casting pluriel, représentations nouvelles

Pour sa première saison, la série Netflix se pare d’un casting d’exception réunissant une nouvelle vague d’acteur.ices au talent percutant. Ainsi, on retrouve Oulaya Amamra, César du meilleur espoir féminin pour Divines (2016) ou encore le jeune Dylan Robert, César du meilleur espoir masculin pour Shéhérazade (2018) sans oublier le chanteur et acteur Aliocha Schneider convaincant dans le rôle de vampire séducteur et mystérieux. Aux côtés de la jeunesse, c’est avec enthousiame qu’on croise Suzanne Clément (Mommy, Laurence Anyways) en mère vampire un peu (trop ?) protectrice et Kate Moran (Les Rencontres D’Après Minuit, Un couteau dans Le Coeur) en matriarche diabolique.

Un casting marqué par la diversité avec plus d’héroïnes que de héros et des personnages de femmes fortes comme ceux de Doïna et Martha. Mais aussi la représentation d’une famille de vampires moitié racisée (ndlr : le père de la famille décédée est algérien) dans un décor populaire : une inversion des standards habituels de ce qu’on a vu et revu dans les films de vampires, ceux de la fratrie blanche bourgeoise isolée dans un manoir luxueux. Des choix innovants et inclusifs de la part des créateur.ices de la série qui font du bien au monde du petit écran et à nos yeux par la même occasion.

Martha (Suzanne Clément) et Kate Moran

Choc de genres et récit d’initiation

Si les personnalités à l’affiche de la nouvelle série Netflix séduisent bel et bien dès le premier épisode, ce n’est pas le seul atout de Vampires qui choisit de ne pas rester bloquer dans un seul cadre. En effet, la production française déborde du genre fantastique ou de l’épouvante et s’offre quelques caractéristiques du teen-movie. Ainsi, on suit le quotidien de la jeune héroïne Doïna au sein de son lycée qui tente vainement de se frayer un chemin dans l’adolescence malgré sa différence et vivre ses premiers amours avec Nasser (Dylan Robert). On assiste alors à un récit d’apprentissage double du personnage de Doïna qui se découvre à la fois elle-même en tant que femme tout en prenant conscience de ses pouvoirs (elle est une vampire différente des autres membres de sa famille, elle peut supporter la lumière du jour). Une atmosphère générale qui fait écho à un cinéma nouveau et horrifique dans lequel on ne peut s’empêcher de citer le sanglant Grave (2016) de Julia Ducournau qui, de la même manière que Vampires, traverse plusieurs genres et dépeint un récit initiatique fort.

Dans la série, le fantastique se décompose pour laisser place à un étonnant réalisme gothique. Ici, pas de capes, ni de canines pointus et d’effets spéciaux mais des vampires humanisés à travers lesquels on peut facilement s’identifier. Ce qui donne au genre une dimension nouvelle et appréciable.

Deux genres qui se chevauchent donc, auxquels se rajoute une métaphore sociale inaboutie dans la représentation de la famille Radescu : marginaux sans papiers qui essayent tant bien que mal de vivre une vie normale tout en se cachant.

Ténèbres fluorescentes

Côté visuel, la bande annonce et les quelques images de promo annonçaient déjà la teinte du récit. Couleurs aveuglantes et néons à gogo : de jour comme de nuit, tout brille. Les séquences de Vampires empruntent aussi bien les codes esthétiques du cinéma de Dario Argento (Suspiria) que ceux de Nicolas Winding Refn (The Neon Demon). Pour ce qui est des séquences de ville, on se réjouit de voir un décor parisien populaire sublimé (Belleville) et vivant à l’heure où la plupart des productions actuelles s’affairent à représenter le paris typique haussmanien. Pour finir, on mentionnera la délicieuse BO contemporaine qui porte la série où l’on retrouve notamment Shay, Jorja Smith ou encore Glass Candy.

Une première saison globalement réjouissante autant par son contenu que par son format (6 épisodes de 40 minutes) qui donne un certain espoir concernant l’avenir des séries françaises Netflix.

La première saison de Vampires est disponible depuis vendredi 20 mars 2020 sur la plateforme de streaming Netflix.

Fervente prêtresse de la pop française et de tout ce qui s'écoute avec le coeur.

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