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L’Hexagone décrypté par Fary sur vos écrans

Hexagone, le spectacle de Fary aux Bouffes du Nord disponible sur Netflix © Julien Weber

On vous en parlait il y a un peu plus d’un mois : le spectacle « Hexagone » de l’humoriste Fary enregistré au théâtre des Bouffes du Nord débarquait sur votre interface Netflix. À un détail près : seule la première partie était alors disponible jusqu’au 16 avril, date de diffusion de la suite du spectacle. Nous y voilà.

« Je ne pense pas qu’on naisse d’une nationalité, je pense qu’on le devient. » Sur scène au théâtre des Bouffes du Nord, l’humoriste Fary présente son second spectacle Hexagone qu’il consacre entièrement à la France. Ce pays de râleurs, impolis et arrogants dans lequel il a grandi, et dont il dresse un portrait aussi critique qu’affectueux. Des États-Unis au Sénégal, du Canada au Portugal, c’est bien depuis l’extérieur de l’Hexagone qu’il en esquisse les contours, décrit les habitudes incomprises de ses habitants les français, et de leur caractère « ronchon  ».

Nous, les français

Nous, français, qui traversons la route n’importe où parce qu’une ampoule, qu’elle indique rouge ou vert ne saurait nous imposer sa loi — en d’autres termes employés par le comédien : « Ta mère la diode ! », nous qui refusons d’adresser la parole à des étrangers si ce n’est pour une bonne raison — “embrouiller” quelqu’un qui nous aurait “dépasser” dans la file d’attente par exemple, et nous qui pensons inimaginable que personne ne parle notre langue dans un magasin en plein New-York.

Mais c’est aussi de la double culture de l’humoriste dont il est question dans son spectacle, de l’éducation des enfants à travers le portrait cocasse de sa mère — figure clé tout au long du spectacle — et de ses frères, de l’injonction à réussir sa vie ou encore de son discours aux Molières en mai dernier au cours duquel il dénonçait le manque de diversité des artistes et acteurs récompensés dans le cadre de la cérémonie, et qui lui vaudra quelques critiques bien salées par la suite.

Et toi, dans quoi tu crois ?

Et puis il y a la religion et toutes nos croyances, plus globalement, qui passent au crible du 30e degrés de Fary. Il y a le climatosceptique qui n’entrera pas au paradis, pas moins d’ailleurs que Woody Allen et sa définition toute relative du consentement. Il y a aussi nos croyances dans un monde plus juste, notamment pour les femmes dont certaines lançaient, suite à l’affaire Weinstein, le #Balancetonporc — qui témoigne par ailleurs de notre capacité approximative de traduction du #Metoo dans la langue de Molière.

Cette même gente féminine qui arrive à trouver dans les talons un certain confort, et de s’imposer des codes esthétiques d’un autre temps selon l’humoriste — façon Kylie Jenner et ses 171 millions d’abonnés. Il y a la magie d’Instagram, de ses filtres et de ses influenceuses. Et puis il y a la vraie vie qu’évoque Fary, du harcèlement de rue dans Paris et de ce qu’une femme peut ressentir, en présence d’un inconnu qui s’est introduit à 3h du matin dans son hall d’entrée — pour un combat de beatbox ou autre.

Il y a tous ces sujets là et bien plus encore que Fary aborde dans son spectacle, qui à travers une mise en scène bien pensée par le cinéaste Ladji Ly, interroge ainsi notre société française, ses travers, ses mystères et ses spécificités qui font finalement dire à l’humoriste : « La France, Augustin Trapenard, on l’aime ou on la kiffe. »

Hexagone de Fary au théâtre des Bouffes du Nord, spectacle disponible intégralement sur Netflix, durée : 2 x 50 minutes.

Rédactrice en chef de la rubrique Art. Curieuse et intriguée par la création artistique sous toutes ses formes

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