Désormais chez Maze, on vous parlera clips deux fois par mois pour plus de beauté dans les yeux et dans les oreilles. Pour cette première sélection du mois d’avril, de la fantaisie chez Soko et Michelle Blades, de la sobriété poétique chez Moutarde & Miel.
Soko – Are You A Magician ? par Gia Coppola
Aimez-vous la magie ? Si oui, il est grand temps d’aller jeter vos yeux sur le nouveau clip fantaisiste de Soko. Après un retour tout en tendresse avec le très beau Being Sad Is Not A Crime, le 13 mars dernier, la chanteuse française dévoilait Are U A Magician ?, un nouveau titre planant extrait de son prochain album Feel Feelings à paraître le 12 juin. Au début du mois d’avril, elle offrait un écrin visuel éclatant à son morceau avec un clip signée Gia Coppola, rien que ça. Une prouesse esthétique et colorée où la réalisatrice de Palo Alto semble semble puiser ses inspirations autant dans le cinéma contemporain de Wes Anderson que dans celui plus ancien de Georges Mélies. On y croise Stéphanie Sokolinski de son vrai nom en prestidigitatrice sentimentale qui donne vie à sa peluche préférée. Un clip lumineux et fantasmagorique où l’artiste déploie ses deux thèmes de prédilections l’innocence et l’imaginaire. Magique.
Pauline Pitrou
Michelle Blades – Mota O Perreo par Emilio Guerrero Alexander
Si le confinement actuellement instauré vous plombe le moral, Mota O Pera sera sûrement une solution ! Sorti le 9 avril, ce nouveau titre clippé de Michelle Blades donne irrésistiblement envie de l’imiter et de danser sur fond de galaxie étoilée. Après une première partie de rythmes effrénés (lancée sans préambule), la chanteuse née au Panama en 1990 nous dévoile un rythme plus lent, seule sous à la lumière d’un projecteur. Une vidéo qui colle parfait à la traduction du titre, « Mota » désignant l’herbe et « Perreo la façon sensuelle et viscérale de danser sur du reggaeton » en Amérique latine. Le prochain EP de Michelle Blades, entièrement en espagnol et intitulé Nombrar las cosas, sortira le 5 juin prochain !
Manon Michel
Rouge Congo – Rien N’a De Sens par Romain Berthiot & Romu Ducros
Rien n’a de sens, sauf la musique. Le duo rémois est là pour vous le rappeler. Deux ans après leur deuxième album L’Île Noire, Rouge Congo revient avec Rien N’a De Sens, premier single de leur futur disque éponyme à paraître à l’automne 2020. Pour accompagner le titre mélancolique aux allures très eighties, le groupe fait appel à Romain Berthiot & Romu Ducros qui nous entraîne dans la course folle d’un homme dans une effrayante forêt. Une quête éperdue vers le sens de la vie, de l’amour, un cri de désespoir sublime qui laisse entrevoir un album sombre et nocturne.
Pauline Pitrou
Trente – Été par Hugo Pillard
C’est la fin de l’été. Le printemps à peine entamé mais voilà que Trente nous plonge déjà dans la nostalgie de la belle saison en dévoilant un clip homemade et lumineux. Pour illustrer la version pop de son morceau Été, Hugo Pillard fabrique une vidéo touchante et amusante tournée sans son appartement. Assis sur son balcon ébloui par quelques rayons ou faisant les quatre cents pas chez lui, le clip prend tout son sens en cette période d’enfermement où l’attente se fait interminable…Une ballade douce et joyeuse sur lequel il interpose des archives de la saison estivale. Un clip vintage emprunt d’une folie tendre et contagieuse qui s’achève en beauté par les déhanchés confinés de sa bande d’ami.es. On défile la cassette en boucle en attendant de retrouver la chaleur des nuits d’été.
Pauline Pitrou
Boy Harsher – Electric par Idan Barazani
Le duo Boy Harsher nous fait redécouvrir Electric, une des pistes de son album, Country Girl Uncut, sorti en septembre 2019. Une photographie impeccable, une transe explicite, c’est dans ce décor sublime fait de jeux de lumières et de miroirs que nous plonge l’image. La musique, frénétique et décadente, porte les mouvements saccadés du personnage féminin dual qui joue sans demie-mesure avec cette partition. Boy Harsher montre une fois de plus sa dextérité, en créant un lien immuable entre la richesse de sa musique et des clichés saisissants.
Caroline Fauvel
Ricky Hollywood (feat. Juliette Armanet) – Single par Benjamin Nuel
Ricky Hollywood nous fait son Single. Enfermé, solitaire, dans son immense villa, il enregistre les bruits des éléments qui l’entourent et erre sans but précis. Et se laisse surprendre par le mirage éthéré de Juliette Armanet qui vient aposer sa voix mielleuse sur les solitudes de son partenaire. La musique est un tourbillon pop, léger, plein de synthés et de bons sentiments. Avec cette partition Ricky Hollywood nous donne à voir une superbe introduction à son délicat dernier album, Le sens du sens, sorti le 10 avril.
Caroline Fauvel
Rone – Ginkgo Biloba par Sarah Al Atassi
Quelques jours avant l’annonce du confinement, Rone présentait au théâtre du Châtelet son album à venir, Room with a view, entouré des danseurs de (La)Horde. Sur scène, la fête se présentait comme un un instrument de révolte face au monde, et nous interrogeait sur le climat sociétal actuel. Le clip de Ginkgo Biloba, seconde vidéo dévoilée de ce futur opus, prolonge la réflexion. On y assiste à un banquet, niché au milieu de la forêt et consommé jusqu’à l’excès. La réalisatrice, Sarah Al Atassi, résume ainsi le propos : « Quand la sensualité confronte l’excès. Quand les humains sont submergés par la nature. Quand leurs âmes abandonnent enfin la consommation. » Les trois protagonistes y dévorent gâteaux à la crème, fruits juteux et élixirs en tous genre dans une frénésie boulimique, face à un personnage mystique figurant la justice. Jusqu’à l’arrivée décisive de la génération future.
Manon Michel
Moutarde & Miel – Muette Samson par Moutarde & Miel
Sorti au tout début du mois d’avril, Muette Samson est un clip sans prétention manifeste, en plan fixe, nous invitant à la douceur. Le tandem Moutarde & Miel y figure : Robin de dos assis sur une chaise, Julia assise sur le lit, nous introduisant à l’intimité pastel de leur appartement parisien. Un morceau et un clip de circonstances, réalisé sous l’égide du dénuement et de la simplicité voulus par le confinement, donnant lieu à une instru sobre mais très réussie. Un moment suspendu qui nous laisse plongé•es dans la mélancolie.
Caroline Fauvel