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Chaque mois, la rédaction de Maze revient sur un classique du cinéma. Le mois dernier, c’était l’histoire d’amour tumultueuse d’Alabama Monroe de Felix Van Groening. Ce mois ci, nous revenons sur Confidences sur l’oreiller de Michael Gordon, un film tout doux qui fait chaud au cœur.
En 1959, la terre entière découvrait l’un des duos les plus iconiques et sexys du cinéma : Doris Day et Rock Hudson. Tous les deux sont déjà des vedettes mais dans des genres différents. Doris Day est alors la jolie blonde virginale et Rock Hudson joue les gros durs dans des films de gangsters ou des mélos. Grâce à Confidences sur l’oreiller, les deux acteurs vont devenir un couple iconique où Hudson devient le playboy au grand cœur et Doris Day, l’amante que l’on rêve d’avoir.

Si le film fonctionne toujours aujourd’hui, c’est parce que l’histoire qu’il raconte pourrait être utilisée dans une rom-com moderne. Jan Morrow (Doris Day) est une décoratrice d’intérieur qui vit seule et déclare très bien le vivre. Brad Allen (Rock Hudson) est un homme célibataire qui enchaîne les conquêtes grâce à son métier d’auteur-compositeur. Ils ne se connaissent pas mais on pourtant une chose en commun : leur ligne téléphone. Ils ont tous les deux le même numéro et peuvent donc entendre les conversations de l’un et de l’autre et Brad, qui passe son temps au téléphone avec ses petites amies, empêche Jan de faire son travail. Un jour, Brad rencontre par hasard Jan. Il la trouve séduisante et souhaite la conquérir en se faisant passer pour un autre.
« – Écoutez, je ne sais pas ce qui vous dérange dans votre chambre mais ne vous vengez pas sur moi.
– Il n’y a rien dans ma chambre qui me dérange !
– Oh, ça alors… C’est dommage. »
Une romance soporifique ?
Pendant plus d’une heure et demie, nous allons donc suivre les mésaventures de Brad qui se fait passer pour un Texan pour séduire Jan. Est-ce que le spectateur doute un instant qu’il va échouer ? Non. Est-ce que dès le générique d’ouverture le spectateur peut deviner la fin ? Oui. Est-ce que cela en fait un film barbant ? Non !
Et tout ça grâce à la modernité de l’histoire. Bien que le film fût créer sous le code Hays, qui interdit entre autres la nudité et les scènes de sexe, les scénaristes de cette époque étaient donc plein de ressources pour les sous-entendus. Il ne faut pas oublier que le code Hays était aussi en place pour protéger les plus jeunes. A l’époque, pas d’interdiction d’âge. Il fallait donc que les parents puissent emmener leur enfants voir n’importe quel film sans risquer de tomber sur des scènes osées. Et pourtant, dans Confidences sur l’oreiller, on trouve des scènes où l’on peut se dire que pour l’époque, c’était plutôt osé.
Dans une scène, Jan et Brad sont au téléphone ensemble. Et tous les deux prennent leur bain. Grâce au procédé du split screen qui découpe l’écran en deux parties, le spectateur a l’impression que Doris Day et Rock Hudson prennent un bain ensemble. La tension est à son comble quand tous les deux posent un pied sur le mur qui les sépare. Mais ce n’est pas tout. C’est l’actrice (et également chanteuse) Doris Day, qui chante la bande originale intitulée Make Love to Me. La fin aurait pu être des plus sulfureuses puisque Jan devait murmurer à Brad que « tous les appartements se ressemblent dans le noir ». Nous ne divulguerons pas la fin mais elle a dû être changée puisque même les plus jeunes auraient pu comprendre l’allusion sexuelle.
Un changement d’image
Le film rencontra un fort succès. Il a été nommé aux Oscars dans cinq catégories, dont meilleure actrice pour Doris Day, et remporta la statuette pour le meilleur scénario orignal. Il est également cité dans la liste des meilleures romances à voir selon l’American Film Institute (AFI).
Les deux acteurs étaient tellement contents de leur performance qu’un sequel devait être produit mais ne vit jamais le jour. Cependant, Confidences sur l’oreiller changea quelque peu la carrière de ses deux acteurs principaux. Rock Hudson ne souhaitait pas jouer dans le film, pensant que ce rôle de playboy allait nuire à sa carrière. Il a accepté seulement en demandant de retravailler le rôle pour en faire un homme meilleur.
En effet, à l’époque, les coureurs de jupons étaient très mal vus dans les films. Un homme pouvait séduire mais devait tout de même épouser une femme à un certain moment. Hors, dans le scénario original, Brad était seulement un coureur souhaitant épingler Jan à son tableau de chasse, plus pour le sport que par amour. Cette idée ne plaisait pas du tout à Hudson et il le transforma en ce personnage que l’on aime détester.
« – Est-ce que vous sortez de votre lit toute seule où je dois venir vous chercher ?
– Vous n’oseriez pas ! »
De son côté, Doris Day était la « vierge la plus connue d’Hollywood ». A travers ses rôles, elle entretenait l’image de la girl next door, naïve et virginale. Le producteur de Confidences sur l’oreiller voulait casser cette image et lui donner le rôle d’une femme avec un métier de décisions et la possibilité de rejeter un homme, comme elle le fait avec l’un de ses clients. Elle se prêta volontiers au jeu, surtout lorsqu’elle apprit que Roch Hudson allait être son partenaire.
Après Confidences sur l’oreiller, l’image des deux stars avaient tellement changé que les réalisateurs les voulaient ensemble pour d’autres films. Ils en feront deux autres tout aussi réussis et feel good : Un pyjama pour deux de Delbert Mann en 1961 et Ne m’envoyez pas de fleurs de Norman Jewison, sorti en 1964. Les deux films sont également des comédies romantiques et Hudson et Day en sont les personnages principaux.
Ils resteront amis jusqu’à la mort d’Hudson en 1985. Il fera même des apparitions dans la série produite par l’actrice Doris Comédie. L’actrice, décédée en 2019, a déclaré que Confidences sur l’oreiller restait l’un des films qu’elle a préféré tourner. Et nous, que nous avons le plus aimé regarder.