ART

Joan E.Biren, la première photographe à avoir mis les personnes LGBTQI+ en lumière

Randy, à gauche, et Tara, 1979. D’après l’exposition “Queerly Visible”. © JEB (Joan E. Biren)

Dans les années 70, la photographe américaine autodidacte Joan E. Biren, révolutionna son art en donnant une voix aux personnes LGBTQI+. Sa philosophie ? Les rendre visibles pour plus de tolérance et donc plus de sureté.

Joan E. Biren était encore jeune étudiante lorsqu’elle réalisa que les seules et très rares représentations de femmes lesbiennes étaient celles fantasmées dans les films. Ces femmes blanches, élancées et blondes ne ressemblaient en rien à la réalité, rendant toute forme d’identification impossible. JEB confesse qu’elle ne pouvait pas imaginer être lesbienne, vivre en tant que lesbienne, parce que hors de cette mise en scène à l’écran aucune visibilité n’était donnée à sa communauté. 

Lori Brunette, à gauche, et Valerie Mullin chez Wrenchwomen, un atelier de réparation automobile féminin à Washington, D.C., 1978. De “Eye to Eye : Portraits of Lesbians.” ©JEB (Joan E. Biren)

Elle se mit donc en quête d’authenticité. Elle acheta un appareil photo dans le but de montrer la véritable histoire de la communauté lesbienne, s’improvisant ainsi artiste autodidacte. Toutefois, avant de se définir comme une artiste, elle se dit être une « propagandiste ». Loin de souhaiter être exposée en galeries d’art, JEB en fait une critique en affirmant que ces dernières dans leurs petits espaces « rappellent trop le placard or on ne peut pas construire un mouvement à l’intérieur d’un placard ». JEB voit grand, elle veut rendre visible au monde entier les personnes LGBTQI+ afin qu’elles cessent de se sentir seules et coupables d’aimer.

Pagan, à gauche, et Kady chez elles à Monticello, N.Y., en 1978. De “Eye to Eye : Portraits of Lesbians.” ©JEB (Joan E. Biren)

Cette photo (ci-dessus) est très représentative de ses premiers travaux. Sa volonté n’est pas d’être provocante mais de souligner la normalité d’une scène de vie dans laquelle deux femmes s’aiment. Elle nous montre deux femmes, de soixante ans, ridées, aux cheveux grisonnants, s’opposant ainsi aux clichés habituels. Leur regard tendre reflète l’authenticité de leurs sentiments. 

Un groupe mères lesbiennes à “the March for Women’s Lives” à Washington en 1986. De “Making a Way : Lesbians Out Front.” ©JEB (Joan E. Biren)

Bien évidemment, les opposants à JEB et ses sujets furents nombreux. À une époque où afficher son orientation sexuelle était synonyme de perte de son emploi, de sa famille et même de ses enfants, JEB a courageusement pris son appareil photo. Elle a commencé par photographier des couples lesbiens de son cercle d’amis, puis, a photographié des inconnus jusqu’à décider de se lancer dans un voyage à travers les États-Unis. Ainsi dans les années 70, elle sillonne les USA avec son diaporama de clichés lesbiens surnommé “The Dyke Show”. Afficher une photo de JEB sur son frigo était une manière de faire son coming out.

Joan E.Biren redécouvrant les archives du Dyke Show en 2017 ©Vogue

Grâce à cette pionnière, plus de visibilité fut donnée aux personnes LGBTQI+. Aujourd’hui encore JEB continue sa quête entre expositions, livres et films.  Pour en savoir plus sur cette grand dame, rendez-vous ici.

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