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Deux fois par mois, la rédaction se dédie entièrement au « petit écran » et revient sur une série pour la partager avec vous. Toutes époques et toutes nationalités confondues, ce format pourra vous permettre de retrouver vos séries fétiches… ou de découvrir des pépites !
Il y a 4 ans, on découvrait le talent comique de Phoebe Waller-Bridge à la télévision. Dans Fleabag, elle dresse le portrait hilarant d’une jeune femme combattant ses démons tout en jonglant avec ses déboires personnels.
Il est des séries qui deviennent iconiques aussi tôt qu’elles sont sorties sur nos écrans. La série britannique Fleabag fait partie de cette catégorie. Diffusée pour la première fois en 2016 sur la BBC, la série est basée sur le one woman show de Phoebe Waller-Bridge, créatrice de la série. Fleabag est une petite bombe, un moment de grâce comme il en existe peu, qui illumine le petit écran d’un éclair de génie. Féministe, incroyablement drôle, Fleabag est une de ces séries à laquelle on peut difficilement faire justice avec des mots.
Phoebe Waller-Bridge, papesse de la comédie
Si la série fonctionne, c’est bien évidemment grâce à Phoebe Waller-Bridge qui, en plus d’être à l’origine d’un scénario délicieusement irrévérencieux, joue avec un malin plaisir le personnage principal de la série, Fleabag. Complexe, unique et hilarante, Fleabag est une londonienne trentenaire qui tente tant bien que mal de continuer sa vie après la mort de sa meilleure amie. Le reste du casting ne déçoit pas non plus : on retrouve Olivia Coleman, incroyable en belle-mère tyrannique, Hugh Skinner (Mamma Mia : Here We Go Again) en ex farfelu , et surtout Andrew Scott (Sherlock), en prêtre rock. Un ensemble incroyable, drôlissime et jubilatoire.
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Une tragicomédie subtile
Il ne faut pas s’y méprendre : par delà les blagues suggestives et ses personnages hilarants, Fleabag est aussi et peut-être même surtout, une tragédie. L’humour noir a pour seule vocation d’évoquer avec intelligence des thèmes qui n’auraient à eux seuls absolument rien de drôle, du suicide en passant par la fausse couche… Et pourtant, la série reste toujours drôle et juste. Sexe, argent, famille, travail, Waller Bridge parle de la vie avec une honnêteté déconcertante, sous un prisme complètement décalé qui fait du bien. Elle est bouleversante dans le rôle de cette ado/adulte un peu perdue, qui tente tant bien que mal de sourire à la vie, qui ne lui fait pourtant jamais de faveur.
Phoebe Waller-Bridge remet au goût du jour des techniques de comédie efficaces dans une mise en scène décalée : elle brise le quatrième mur, et en fait la marque de fabrique de ce personnage solitaire. C’est un sans faute pour Fleabag, qui réalise l’exploit de mélanger savamment le rire aux larmes pendant deux saisons aussi géniales l’une que l’autre.
Une série très british
La série a été adaptée à l’identique dans une version française, Mouche, avec Camille Cottin dans le rôle principal. Pâle copie sans saveur, l’adaptation n’arrive pas à se hisser au niveau de l’original, et tombe rapidement dans la lourdeur et la facilité. On préféra donc s’en tenir à l’indétrônable version britannique.
Déjà classique, Fleabag a propulsé Phoebe Waller-Bridge au sommet : elle court les cérémonies où elle a remporté pas moins de 34 prix sur les deux saisons (dont deux Golden Globes), et participe à l’écriture du scénario du prochain James Bond sur demande de Daniel Craig en personne. Fleabag a déchainé les passions Outre Manche, mais aussi Outre Atlantique, où Phoebe Waller-Bridge a acquis le statut de petite favorite d’Hollywood. Statut bien mérité puisqu’elle est aussi aux commandes d’une excellente série d’espionnage, Killing Eve, dont la saison 3 sortira en 2020.