LITTÉRATURE

Festival Atlantide de Nantes : capturer le flot des mots du monde

crédits : Charlotte Des Ligneris

Crédits : Charlotte Des Ligneris

Depuis sa création en 2013, la Ville de Nantes accueille le festival littéraire Atlantide promouvant la diffusion des mots et des maux du monde au travers de conférences, rencontres avec des auteur.e.s, ateliers et conversations thématiques. L’événement se déroule cette année du 5 au 8 mars et prendra place dans toute la ville.

Présent à la fois dans des médiathèques, librairies mais également dans la maison de quartier des Dervallières, au Château du duc de Bretagne ou encore dans la Maison de l’Afrique, le festival littéraire Atlantide promeut la création de liens humains et de débats entre les auteur.e.s et les citoyen.ne.s. Pour son édition 2020, il est sous la direction artistique d’Alain Mabanckou, lauréat du prix Renaudot de 2006 pour son ouvrage intitulé Mémoire de porc-épic.

« Atlantide, les mots du monde à Nantes est cette case à palabres où tout se discute.  »

Alain Mabanckou, écrivain et directeur artistique de la huitième édition du festival Atlantide

Rassemblant soixante-deux auteur.e.s internationaux tels que : Kaouther Adimi (Les Petits de Décembre), Abd Al Malik (Méchantes Blessures), Loo Hui Phang (L’imprudence), Uzodinma Iweala (Beast Of No Nation) ou encore Pia Petersen (Paradigma), la huitième édition du festival Atlantide sera axée autour de quatre grandes thématiques explorant la portée stylistique, sociale, politique et historique des littératures du monde. Afin d’exposer plus en détails la particularité et la richesse du festival Atlantide, la directrice de la Culture et de la Communication de la Cité des Congrès de Nantes Marie Masson a accepté de répondre à quelques unes de nos questions.

Atlantide 2019, crédits : Michael Meniane
Comment est né le projet du festival littéraire Atlantide ?

M.M : Il y a longtemps eu un désir, aussi bien chez les éditeurs que les lecteurs, de créer un festival à Nantes autour des littératures d’ici et d’ailleurs. Le choix d’Atlantide avait donc deux mérites : non seulement il se trouvait être plus original, mais il correspondait bien à Nantes, à la fois « porte de l’Atlantique » et ville natale de Jules Verne.

Quelle est la ligne rouge du festival, pourtant si riche en auteurs et sujets ?

M.M : Sa cohérence tient à sa ligne éditoriale : Atlantide est un festival des littératures qui fait intervenir les Mots du monde à Nantes. L’idée est ici de convier des auteurs et autrices pour échanger sur notre monde contemporain comme il va ou comme il ne va pas…

Quelles sont les valeurs fondatrices d’Atlantide ?

M.M : L’ouverture à l’autre et l’écoute de la rumeur du monde. La littérature est un dialogue entre l’auteur et le monde, entre l’auteur et ses lecteurs et entre les lecteurs et le monde. Nous avons l’envie et l’ambition qu’Atlantide participe à la circulation des paroles et des idées sur des sujets d’actualité, comme, par exemple, le rôle du citoyen aujourd’hui, la liberté d’expression, la différence entre fiction et mensonge ou encore le pouvoir de la littérature face aux idéologies totalitaires.

Comment la Ville de Nantes a-t-elle accueilli et participé à l’organisation du festival ?

M.M : Dès le début de l’aventure, nous avons travaillé en co-construction avec elle et nous continuons. Nantes est la ville de l’Edit de la tolérance, du Mémorial de l’Abolition de l’Esclavage. Elle est profondément attentive aux questions des droits humains et à la liberté d’expression. C’est ainsi qu’elle a lancé, il y a deux ans, la “Saison des droits humains” dans laquelle est inscrite notre soirée de lecture contre la censure.

Cette soirée contre la censure est également organisée en partenariat avec le PEN club France, association internationale d’écrivains promouvant la paix. Elle aura lieu le samedi 7 mars au centre culturel nantais Le Lieu Unique et rendra hommage à tous les auteur.e.s censuré.e.s par leur gouvernement, et principalement à Selahattin Demirtaş, avocat des droits humains, homme politique et auteur du recueil de nouvelles L’Aurore écrit depuis sa cellule de prison en Turquie dans laquelle il est enfermé depuis 2016. Une dizaine de textes censurés sélectionnés par l’association seront lus dans le but de lutter contre ces politiques de bâillonnement.

Le festival Atlantide s’inscrit donc dans cette volonté de décentraliser le monde des lettres, de le sortir de son microcosme et de promouvoir le lien tangible qu’il est nécessaire de faire exister entre la littérature et la politique.

Etudiante en master de journalisme culturel à la Sorbonne Nouvelle, amoureuse inconditionnelle de la littérature post-XVIIIè, du rock psychédélique et de la peinture américaine. Intello le jour, féministe la nuit.

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