Visuel de Substance © K-catcha
Chaque mois, Maze vous fait découvrir un podcast original. Dans ce premier épisode, Substance, où des usagers de drogues dures se livrent librement sur leurs pratiques et leurs expériences.
Tout commence par le clic d’un briquet, et le souffle d’une bouffée de fumée : « Substance, podcast stupéfiant », annonce une voix de femme. Puis c’est au tour du créateur de ce podcast de donner de la voix : une petite minute, guère plus, pour introduire chaque épisode. Et c’est tout. Vous n’entendrez plus Benjamin Billot ensuite, uniquement le témoignage de ces gens, qui prennent de la drogue et qui le racontent, librement, parfois crument. Une parole libre, qui permet de faire un pas de côté par rapport au traitement médiatique habituel de ces questions selon Benjamin Billot : « dans la plupart des reportages, on oscille entre le racoleur et le misérabilisme, estime-t-il. Le fait que ce soit systématique induit une idée fausse dans la tête des gens : les usagers de drogue vivent tous en enfer. Or ce n’est absolument pas le cas. Il existe toute une population qui vit avec une consommation de drogues, qui l’assume et qui n’a pas l’intention d’arrêter. » Faire entendre la voix de ceux que l’on entend jamais, tel est le parti pris de Substance.
Des profils que l’on n’attend pas
Benjamin Billot a rencontré des profils non pas atypiques, mais en tous cas que l’on n’attend pas lorsqu’on parle d’usagers de drogue. Il y a Albert, qui ne passe pas un entretien d’embauche sans être défoncé. Il y a Luis, cadre à la vie rangée, qui a changé de regard sur les gens et la vie depuis qu’il a rencontré la came, à 55 ans, et qui a connu des expériences parfois extrêmes. « Il y a des millions d’usagers de drogue en France, et dans bien des cas, ce sont des gens en bonne santé, qui travaillent, paient leurs impôts, ont des enfants, etc », explique le journaliste. Intelligents, drôles, posés, éloquents : ceux qui témoignent dans Substance sont à mille lieux du cliché de l’usager de drogue que chacun.e a en tête.
Mais est-ce que ça a été facile de convaincre ces gens de parler ? Eux qui décrivent dans le détail, parfois le plus intime, leurs pratiques illégales. « Une fois l’anonymat assuré et la confiance instaurée, je pense qu’ils sont tous d’accord qu’il y a un intérêt à parler des drogues autrement. Pour tenter de décongestionner la question en France , affirme Benjamin Billot, qui pointe du doigt le grand paradoxe français sur ces questions. La France est à la fois l’un des pays occidental où l’on consomme le plus de drogues et le pays qui produit le discours le plus répressif sur la drogue. »
Changer de regard
Pour Benjamin Billot, faire témoigner ces gens, c’est un moyen de jeter un pavé dans la mare. Il rappelle qu’un peu partout dans le monde, des pays ont légalisé le cannabis (Canada, Uruguay, certains états des Etats-Unis) ; que des recherches sont menées par exemple autour de la MDMA, qui pourrait être utilisée pour lutter contre le stress post-traumatique… « Inimaginable chez nous. Pourquoi ? », s’interroge le journaliste.
Pour autant pas question dans Substance d’expliquer qu’avec la drogue, tout est rose et sans danger. Au-delà des nombreuses scènes de plaisir qu’ils décrivent, ces usagers de drogue mettent souvent en garde dans leurs témoignages contre un certain nombre de dérives, évoquent leurs propres erreurs, comment certains sont passés près de la mort.
Enfin Substance c’est aussi un moyen d’apprendre des choses, et d’entendre des récits assez incroyables. « Le début du voyage à l’iboga, une racine africaine, chez Stelio et Sam est similaire et apparemment ça se passe comme ça souvent : ils revoient plein de “mauvaises actions” de leurs vies, et ça remonte très loin, jusqu’à l’enfance, et ils revoient parfois des détails comme avoir tirer les cheveux d’une fille dans la cour de l’école », souligne Benjamin Billot. Stupéfiant, on vous dit.
Substance est disponible sur l’application Podcasts d’Apple, et sur Spotify.