Crédit : LUDOVIC MARIN/AFP
« Nous sommes en guerre », ces mots d’Emmanuel Macron le 17 mars nous annonce que l’heure est grave en cette période de crise sanitaire. Le lendemain, les pronostics affluent : allons-nous assister à une baisse de 2 % ou 4 % de la croissance ? Le regard se porte désormais sur nos entreprises, vont-elles réussir à survivre à cette « économie de guerre » ?
Cette crise bouscule les entreprises. Nombreuses sont celles qui doivent obliger leurs salariés à être en chômage partiel, et donc baisser les salaires. Une grande maison d’édition française nous indique que de nombreux employés sont ainsi au chômage partiel et que leur activité risque de chuter de 60 % ces deux prochains mois. Malgré les promesses fiscales d’Emmanuel Macron, l’état de catastrophe sanitaire n’est pas déclaré, ainsi les assurances ne peuvent rembourser les pertes d’exploitation. De plus, la loi oblige à ce que les entreprises déposent le bilan 14 jours après sa cessation de paiement, et ce en dépit des événements actuels. Enfin, certaines entreprises ne pourront assurer le paiement de leurs employés à la fin du mois car les avantages promis par le président de la République ne seront toujours pas effectifs.
La crise semble toutefois moins morose en dehors de nos frontières comme les Etats Unis d’Amérique qui ont suivi les théories de Claudia Sahem : le gouvernement a ainsi a envoyé des chèques aux entreprises et aux ménages américains afin d’augmenter le pouvoir d’achat. Avec ces injections, l’économie américaine serait plus apte à se redresser de cette crise sanitaire.
Des secteurs en réanimation
L’économie de guerre bénéficie à certains plutôt que d’autres. Les secteurs touristique et du luxe sont largement impactés par cette crise sanitaire. Les consommateurs seront moins enclins à voyager et donc à prendre l’avion, à aller au musée ou encore à consommer des biens de luxe.
Ne soyons toutefois pas pessimistes ! Le secteur du e-commerce connaîtra une très forte croissance. Une maison d’édition nous fait part ainsi que ses ventes vont baisser au profit des mastodontes comme Amazon : « En période de confinement, les librairies seront fermées, elles ne vont donc pas pouvoir écouler leurs stocks de livres. Chez Amazon, il suffit de cliquer et votre livre arrive dans votre boite aux lettres, et ce, même en période de confinement. Je m’inquiète désormais pour nos librairies indépendantes qui devront fermées face aux crises successives dont elles sont victimes. »
Nous appréhendons toutefois une crise qui risque, non pas de baisser notre croissance, mais de la retarder. De nombreux cabinets et banques comme BCG ou UBS estiment que si nous voyons des répercussions économiques dans l’immédiat, nous connaîtrons aussi une forte croissance qui absorbera la récession. Dans les moments tragiques de notre histoire, comme après le 11 septembre 2001, l’épidémie de 2003 ou la crise de 2007, nous consommons plus qu’en temps normal après une période difficile. Si les secteurs du tourisme et du luxe connaîtront quelques difficultés, on estime que cette difficulté ne sera pas un recul mais un retard : le secteur reconnaîtrait une très forte croissance dans quelques mois, ce qui absorbera ses pertes immédiates.
Les commerçants à bout de souffle
« Trop c’est trop » nous dit Odile, les larmes aux yeux. « Nous avons subi les gilets jaunes, puis les grèves dues à la réforme des retraites, puis nous devons accepter le confinement ». « Je suis une commerçante libérale. Personne n’est derrière moi pour m’épauler lorsque je suis en déficit ». Cette commerçante dijonnaise nous explique que la veille du confinement elle avait investi pour plus de 75 000 euros de chocolats pour la fête de Pâques : « 75 000 euros à la poubelle ! ».
Odile ne sait pas si elle pourra réouvrir sa boutique du centre-ville à la fin du confinement. Nombreux sont les commerçants qui sont dans le même cas. « On patiente et on tourne en rond chez soi, en espérant pouvoir bientôt retourner travailler pour limiter les dégâts ». Après avoir subi des crises successives, les PME n’ont pas les fonds nécessaires pour survivre. Les premières aides de l’Etat arrive bien trop tard pour certaines d’entre elles puisque les démarches administratives pour bénéficier d’une aide de l’Etat ne débute qu’à partir du 31 mars. Elles n’ont pas les fonds nécessaires pour avancer les dettes qu’elles contractent.
Si nous parlons aujourd’hui d’une crise économique, il faudrait alors parler de la crise des PME. Les grandes entreprises auront quelques difficultés, cela ne serait que temporaires, tandis que les PME n’ont pas les moyens nécessaires pour faire face à cette crise.