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Créé en 2013 par Laurie McCarthy, Reign se donne pour mission de retracer l’histoire de la jeune Mary Stuart, reine d’Écosse, à la cour de France du roi Henri II et du dauphin François. Malgré son caractère, au premier abord historique, cette série truffée d’erreurs se rapproche d’avantage d’un épisode de Gossip Girl.
Contrairement à certaines séries historiques réalistes, comme Crown ou Victoria, les producteurs de Reign ont pris un certain degré de liberté artistique concernant le script. Ces choix scénaristiques ne seraient pas remis en cause si les réalisateurs avaient prôné une série fiction, basée sur une intrigue amoureuse. Toutefois, la créatrice ayant déclaré : « In each episode, we’ll educate people on what element of history helps out our story » , la série s’est attirée les critiques de nombreux médias et d’historiens.
Une idéalisation de l’histoire
Pour séduire le jeune public du réseau télévisé CW, les créateurs ont préféré idéaliser l’histoire en ajoutant des touches de romantisme et de fantastique à la série. Un cocktail qui séduit les fans de Pretty Little Liars et de Vampire Diaries.
Historiquement, François, rachitique, n’avait que treize ans et Mary quinze. Les personnages sont ici âgés d’une vingtaine d’années et correspondent à nos critères modernes de beauté. De même Diane, maitresse du roi Henry II, et Nostradamus, médecin de la cour, apparaissent 20 ans plus jeune. La réalisatrice est allée encore plus loin, en attribuant aux servantes de la Reine Mary Stuart, des noms incongrus pour cette période : Kenna, Greer, Lola et Aillie
Les costumes et la musique ne sont pas d’époque non plus. Vous pourrez admirer des jeunes filles en crop top danser sur une version acoustique de chandelier de Sia ou sur l’une des musiques du groupe Imagine Dragon. Une reconstitution de la dernière fashion week par les producteurs, pour plus de glamour. Le nombre d’anachronismes est important. La demeure royale par exemple, ne ressemble en rien au château de Blois caractérisé par ses magnifiques jardins français. Le tournage s’est effectué dans un château irlandais : Ashford Castle. L’une des plus grosses erreurs reste cependant la scène du Tango, cette danse ayant été inventée à la fin du XIXe siècle en Amérique du sud.
Le scénario se déroule sur un fond de guerre de religions entre catholiques et protestants assimilant ces derniers à des sorciers sanguinaires. Cet élément ajoute à la série un aspect surnaturel, pour satisfaire la demande du public.
Privilégier l’intrigue
Les grandes lignes du scénario reposent sur des faits véridiques ; l’alliance entre l’Ecosse et la France à travers le mariage de François II et Mary Stuart, et une guerre pour la couronne anglaise entre la reine d’Ecosse et Elisabeth 1re, fille illigitime d’Henri VIII. Cependant, les producteurs n’ont pas résisté à la tentation de modifier l’histoire pour pimenter l’intrigue.
Le roi Henri II par exemple, est bien mort lors d’un tournois d’un coup de lance dans l’œil. Ce n’est cependant pas son fils François II qui l’aurait tué volontairement pour arrêter sa folie mais Gabriel de Lorges comte de Montgommery, accidentellement. De même, François II n’a pas guérit miraculeusement de son infection à l’oreille pour mourir en sauvant Mary de ses assaillants. Un rebondissement qui a joué avec les émotions du spectateur.
La série a aussi vulgarisé certains événements ou traits de personnalité. Catherine de Médicis est représentée comme une empoisonneuse voulant accaparer le pouvoir. De grands auteurs ont relayé cette légende noire comme Alexandre Dumas, cependant rien ne prouve que ces faits sont véridiques. Le caractère oisif du roi Henri II est aussi exacerbé. Même si Diane de Poitier a reçu de nombreux avantages royaux, il n’y a pas de réelles preuves de sa liaison avec le roi. La mise en avant de ses maitresses, dont la servante écossaise Kenna, dans la série, est donc sujet à débat. De même, l’animosité entre la reine de France et Diane est plus accentuée. En réalité, cette dernière a élevé les enfants royaux et s’est vue écartée de la cour après la mort du roi. Son assassinat n’a donc pas été organisé par Catherine de Médicis.
Pour répondre aux attentes des adolescents, les créateurs de la série ont mis en place un triangle amoureux en inventant un demi-frère au dauphin François ; Sébastien, fils de Diane de Poitier. Ce dernier aurait courtisé la reine d’Ecosse et tenté d’évincer son frère. Cependant Diane n’avait que deux filles, issues de son mariage avec Louis de Brézé. D’autres faits ont été inventés de toutes pièces comme la naissance du fils de François II et d’une servante écossaise, ou encore le viol de la reine Mary Stuart par des protestants. La volonté d’introduire des rebondissements prime alors sur la transmission de faits historiques réels.
Le Journal américain San Francisco Chronicle met d’ailleurs en avant le caractère à la fois historique et fictionnel de la série : « La question que nous nous posons est : que se passera-t-il si Reign est renouvelée, compte tenu de la courte période qu’elle décrit ? Aucune importance : François II est mort à seize ans, mais ce n’est qu’un fait historique. Pour les besoins de la télévision, il peut très bien vivre plus longtemps. »
Après Vikings et les Tudors, Reign vient s’ajouter à la liste des séries faussement historiques, à regarder avec le recul qui s’impose. Les épisodes ne sont cependant pas désagréables à regarder, et nous entraine rapidement dans les complots de la cour française du XVI ème siècle.
Si vous ne l’avez pas encore découverte, la série Reign est sur Netflix.