© Rebeka Warrior et Aude-Léa Rapin / Sauve qui peut le court métrage, Ewen Cabal
C’est dans l’écrin minéral de la très belle salle Jean Cocteau qu’a été donné samedi 1er février au soir le coup d’envoi du 42e festival du court-métrage de Clermont-Ferrand. L’occasion pour les festivalier.ère.s, fraîchement débarqué.e.s en territoire volcanique, de découvrir deux sélections de onze court-métrages balayant les univers des membres du jury des diverses compétitions.
Lors de la première séance, un peu moins riche en court-métrages, discours obliges, les festivalier.ère.s auront pu découvrir des films comme Petite Lumière (2002) d’Alain Gomis, le documentaire The Herd (2008) de l’irlandais Ken Wardrop, ou encore Décroche (2006) de Manuel Schapira. Un moment de rencontre avec les jury de cette édition, qui aura également été marquée par l’avant-première du clip de De mon âme à ton âme de Kompromat, dont la chanteuse, Rebeka Warrior, est membre du jury international cette année. Claire Burger, qui signe la réalisation, habille ce dialogue amoureux avec Adèle Haenel d’une esthétique colorée et vaporeuse, hommage à l’Enfer d’Henri-Georges Clouzot.
La seconde séance, riche de six court-métrages très éclectiques, nous a frappé par la grande liberté de sa galerie de portraits féminins. C’est avec le court-métrage d’animation érotique de Renata Gasiorowska, Cipka ( Minou) (2016) qu’a ainsi commencé notre soirée, plongeant les festivalier.ère.s dans la nuit d’une jeune femme, qui saisit l’occasion d’être en solitaire pour explorer son plaisir sexuel. Un corps et une sexualité féminine libre que d’autres questionnements taraudent dans le très beau court-métrage d’Aude-Léa Rapin, La Météo des Plages (2013) qui met en scène le weekend à la campagne d’un couple de femmes, Alice et Louise qui souhaitent avoir un enfant, et d’un ami, Tom qui propose de leur donner son sperme. La réalisatrice pose ici un regard profondément juste sur les désirs de ses héroïnes, transformant l’aventure inséminatrice en une réflexion bouleversante sur le couple, le désir, l’amitié et la parentalité.
Des réflexions partagées par Grégoire Orio dans son documentaire Mathilde (2019), qu’on retrouvera dans la programmation Mondes Paysans, et qui nous plonge dans le quotidien d’une jeune bergère du Lot qui se questionne sur son rapport aux animaux et au vivant alors même qu’elle attend un enfant et entreprend la construction de sa maison. Enfin, Julien Mignot dans Sous la peau (2018) nous donne à voir l’instantané d’une rencontre à travers le regard de son héroïne, prise en photo à son insu par un inconnu lors d’une promenade, l’instantané volé laissant entrevoir petit à petit dans les possibles d’une relation à partager.
Dans un autre registre le magnifique documentaire La Légende Dorée a donné aux festivalier.ère.s un premier aperçu de l’univers expérimental d’Olivier Smolders (2014), jury International à qui le festival consacre cette année son Court de Rattrapage. Dans ce documentaire sous forme de collage expérimental, la voix et la présence puissante de Philippe Grand d’Henry nous guide à travers ces collages qui construisent les portraits de figures marginales et meurtrières qui hantent l’esprit d’un patient d’hôpital psychiatrique.
Une soirée d’ouverture riche en découvertes, qui s’est achevée sur la projection du clip loufoque de John Grant, He’s Got his Mother’s Hips (2018), réalisé par Cassey Raymond et Jones Morris. Les festivalier.ère.s pourront d’ailleurs le découvrir en live durant cette semaine, puisqu’il donnera un concert à l’Electric Palace le 3 février, et partagera à cette occasion la scène avec sa co-jury du Labo, Ruppert Pumpkin.