Chaque semaine, la rédaction vous résume l’actualité du cinéma. Festivals, cérémonies, tournages et autres événements, vous ne pourrez plus dire que vous n’étiez pas au courant.
Oscars 2020 : « Parasite », par K.O
Au terme d’une cérémonie qui une fois de plus ne marquera pas les annales de la discipline (nous y reviendrons), l’Académie des Oscars a tout de même réussi, par ses votes, à écrire l’histoire en attribuant à Parasite un quadruplé exceptionnel de récompenses : meilleur film, meilleur film international, meilleure réalisation et meilleur scénario. C’est la première fois depuis que les oscars existent qu’un film non anglophone parvient non seulement à gagner le prix du meilleur film, mais aussi à doubler cette récompense avec le prix du meilleur film étranger.
Comme à Cannes et à l’image de la saison des prix, le film de Bong Joon-ho a éclipsé le reste de la compétition : 1917 de Sam Mendes, à priori favori avant la cérémonie, est le principal battu mais repart avec trois statuettes qui étaient à sa portée (photographie, effets spéciaux et mixage sonore), tandis que le Once Upon a Time in Hollywood de Tarantino s’en sort avec là aussi deux évidences : meilleurs décors et meilleur acteur dans un second rôle pour Brad Pitt dans le rôle de Cliff Booth. Autres notes du palmarès : aucune surprise pour les interprétations (Joachin Phoenix, René Zellweger et Laura Densont monté.e.s sur scène comme prévu), le retour de Disney dans la catégorie du meilleur film d’animation avec Toy Story 4 et enfin la surprise Ford V Ferrari qui s’en sort avec deux prix techniques (meilleur montage et meilleur son).
Côté show, rien de très choquant ni de très exceptionnel à signaler. La performance d’Eminem sur la scène du Dolby Theater a eu son lot de commentaires influencés notamment par les facepalm de Martin Scorsese et Billie Ellish (dont l’interprétation pendant le in memoriam n’a pas sauvé nos oreilles). C’est la deuxième année que les oscars se privent d’un hôte pour organiser sa soirée : finis les monologues d’ouverture et les vannes avant chaque annonce de remettant, la cérémonie était propre, sans à-coups, et forcément très ennuyeuse. Seul éclat au tableau : le duo Steve Martin / Chris Rock en ouverture (comme quoi) qui a saupoudré avec un humour féroce les différents enjeux de la cérémonie.
Quentin Billet-Garin
La direction des César se saborde
Ce jeudi, un communiqué court et implicite annonçait la démission collective et unanime du conseil d’administration de l’Académie des Césars “pour retrouver la sérénité et faire que la fête du cinéma reste une fête”. Le communiqué ne donne pas les raisons de cette mutinerie si ce n’est le souhait d’ “honorer celles et ceux qui ont fait le cinéma en 2019” ainsi que “mettre en œuvre les mesures de modernisation annoncées”. Ces modernisations semblaient donc avoir du mal à se mettre en place sous l’égide de son patron autocratique Alain Terzian. Il ne devrait pas résister à cette démission collective.
Et pour cause, cela fait déjà quelques années que la coupe des Césars est pleine à craquer. Contestation de l’entre-soi, manque de diversité, manque de clarté quant au fonctionnement de son conseil… et pour finir la goute d’eau qui fait vraiment tache : Polanski. Difficile de ne pas le voir comme la bombe qui a finit par détruire le conseil. La France est le dernier pays à financer ses films et l’Académie des Césars est une des dernières cérémonie à oser encore le récompenser.
Ce renouvellement aura lieu juste après la cérémonie des Césars du 28 Février 2020. En espérant une vrai prise de conscience pour le cinéma français de cette nouvelle ddécennie. Destination Césars 2021.
Guillaume Ménard
Festival du Court Métrage de Clermont-Ferrand : Palmarès de l’édition 2020
Du 31 janvier au 8 février s’est déroulé le Festival du Court Métrage de Clermont-Ferrand, dans sa 42ème édition. Une dense programmation de créations prenantes et engagées, réparties en trois principales compétitions. À une époque de l’année où les Oscars prennent d’assaut le monde du cinéma, les plus petites formes se montrent aussi importantes et urgentes que les plus grandes, par la simplicité et la force de leur propos. Voici donc le palmarès des principaux prix obtenus par les films en compétition.
La Compétition Nationale a vu son grand prix être attribué par le jury à Olla, d’Ariane Labed, portrait burlesque d’une femme installée chez un homme inconnu vivant avec sa mère, après avoir été recrutée sur Internet, guidée par ses désirs et son instinct. Un premier film d’exception. Le film ayant reçu le prix spécial du jury est Clean With Me (After Dark), de Gabrielle Stemmer, documentaire à la forme singulière, où l’on voit se filmer des centaines de femmes en train de faire le ménage chez elles, vidéos toutes postées sur Youtube.
Le prix du public de cette compétition est Mémorable, de Bruno Collet. Une animation en stop motion représentant la déformation du monde qui entoure un peintre atteint d’Alzheimer, à travers ses œuvres, comme une plongée profonde dans son point de vue. Un film sincère et sensible, qui traite son sujet avec délicatesse et empathie.
Vous pouvez découvrir nos coups de cœurs de la compétition nationale ici-même. (en lien : https://maze.fr/2020/02/festival-du-court-metrage-de-clermont-ferrand-coups-de-coeur/)
La Compétition Internationale a vu Da Yie d’Anthony Nti (Belgique, Ghana), être récompensé du grand prix. Un exploration de l’esthétique et de la beauté dans la brutalité, la colère, la douleur. Un étranger au Ghana fait face à la pression d’un gang, pour qui il doit recruter des enfants, mission difficile à laquelle il réagit avec humanité. Le prix spécial du jury fut attribué à All The Fires The Fire, de Efthimis Kosemund Sanidis (Grèce), expérience intergénérationnelle, où une mélancolie affleure des retrouvailles dû au deuil, autour de la chasse. Des hommes, des chiens, des fusils, entre réel et fiction. The Present, de Farah Nabulsi (Palestique, Qatar), remporte le prix du public. En Cisjordanie, entre les soldats, les routes barrées et les postes de contrôle, il n’est pas facile d’aller acheter un cadeau d’anniversaire de mariage. L’importance de la dignité et de la liberté de mouvement dans un environnement oppressant et déshumanisant marque ce court-métrage. La mise en avant d’une réalité épuisante, vécue au quotidien dans la région.
La Compétition Labo a eu pour grand prix Günst ul vándrafoo de Jorge Cantos (Espagne), traitant de l’émancipation dans la vie mystérieuse d’un adolescent. Et la liberté en découle. Des impulsions primitives et la recherche d’une identité frappent cette œuvre. Le prix spécial du jury a été attribué à Freeze Frame de Soetkin Verstegen (Belgique, Allemagne, Finlande), animation comme un jeu sur des éléments fondamentaux du cinéma. Les images, leur construction, leur importance. Enfin, le prix du public fut donné à California On Fire de Jeff Frost (Etats-Unis), une étude des étapes du deuil des terres ouest américaines perdues dans les flammes. La société de consommation met l’environnement qui est le nôtre en péril, à travers une destruction aux images hypnotisantes.
Une vision plus détaillée de ces deux compétitions se trouve à cette adresse. (en lien : https://maze.fr/2020/02/festival-du-court-metrage-de-clermont-ferrand-detruire-et-reconstruire-des-mondes/)
Vous pouvez découvrir la totalité du palmarès sur le site du festival.
Marin Pobel
La bande annonce de The French Dispatch dévoilée
Lors de la précédente Ciné News, nous vous tenions au courant des dernières informations autour du nouveau film de Wes Anderson : The French Dispatch et notamment de sa date de sortie le 26 août prochain. Pour rappel, le film explore le quotidien et les péripéties d’un journal de presse américain dans une ville française fictive nommée Ennui-sur-Blasée. Par ailleurs, il se distingue par un casting particulièrement exceptionnel : Owen Wilson, Adrian Brody, Frances McDormand, Timothée Chalamet, Bill Murray, Matthieu Amalric, Léa Seydoux ou encore Tilda Swinton pour ne citer qu’eux.
Pour monter l’excitation d’un cran, Wes Anderson vient de dévoiler cette semaine la bande-annonce. Celle-ci nous dévoile un film organisé en chapitres, à la manière d’un recueil de contes ou d’histoires que l’on feuillette et qui nous dévoilent des récits rocambolesques, parfois drôles, souvent émouvants. On retrouve également la patte « Anderson » et ce souci si particulier apporté aux détails, aux costumes, aux décors qui tiennent presque du merveilleux et à la féerie. Ici, Anderson semble nous proposer une version fantasmée mais aussi très symbolique de la France et de sa perception auprès des pays étrangers. Celle d’un pays a l’esprit de révolte, où la lutte pour la liberté côtoie une certaine insouciance de vivre.
Sophie Rossignol
Sortie du week-end : Le festival Fame à la Gaîté Lyrique
Ce jeudi 13 février annonçait la nouvelle édition du Fame Festival, organisé dans un lieu parisien très apprécié : La Gaîté Lyrique. En accord avec les programmes de cette institution culturelle, le festival Fame crée un lien étroit entre musique et cinéma, fidèle à l’aspect d’immersion culturelle que l’institution revendique. Ainsi, les films au programme sont des films sur la musique, et le festival sera rythmé de performances live, de rencontres avec les artistes et leurs réalisateurs.
La diversité musicale est au rendez-vous, prenant un aspect engagé et revolté avec une forte raisonnance punk et les portraits de Lydia Lunch, de Fela Kuti. La musique électronique vient ajouter son énergie secouante notamment avec les films sur Sébastien Tellier ou les expérimentations auditives de Felix Kubin. Cette rencontre entre cinéastes et artistes musicaux s’annonce pleine de belles surprises, la plupart des films n’étant pas sortis en salles. Si vous ne savez pas quoi faire ce week-end, venez découvrir cette fusion stimulante et originale, le temps d’un festival.
Romane Segui
Pedro Almodóvar signe deux nouveaux projets
Après un très beau retour au Festival de Cannes avec Douleur et gloire, le cinéaste espagnol Pedro Almodóvar vient d’annoncer non pas un mais deux projets de films. Tout d’abord un court-métrage avec l’actrice Tilda Swinton adapté de la pièce de l’écrivain Jean Cocteau La Voix Humaine. Celle-ci raconte l’histoire d’un dernier appel téléphonique signant une rupture entre deux amants. Le cinéaste a également annoncé un long-métrage en préparation : Manuel à l’usage des femmes de ménage qui raconte la trajectoire d’une femme entre petits boulots successifs, déménagements et aventures amoureuses.
Ces deux projets marqueront un tournant dans la carrière du réalisateur car ils seront tout les deux tournés en anglais (seulement en partie pour le long qui mêlera la langue de Shakespeare avec l’espagnol). On s’imagine en tout cas une relecture et une composition haute en couleurs qu’on espère aussi émouvante et aussi sensible que le reste de la filmographie almodovarienne.
Sophie Rossignol