Comme toutes les deux semaines, Maze vous invite à parcourir les albums et EP qui ont retenu l’attention des rédacteurs et rédactrices.
Mac Miller – Circles
Ce 17 janvier, Circles, le 6ème album studio de Mac Miller a été publié à titre posthume, et ravira les amoureux du hip-hop, mais pas que. Quand on écoute Circles, on y entend bien plus que du rap. Chaque morceau a son identité instrumentale, tant dans sa conception que son arrangement. Traversant plusieurs style, en passant par des morceaux aux sonorités plus électroniques (tel que dans Blue World), Circles demeure néanmoins un album profondément acoustique. Avec de véritables enregistrements studios, offrant à cet album un petit quelque chose en plus : une âme à part entière. Ce 6ème album arrive donc comme une bénédiction pour ses fans qui auraient voulu un dernier au revoir, et nous confirme que nous avions encore besoin d’un peu de Mac Miller, de sa mélancolie teintée de sa voix si unique. L’artiste reste, et restera une véritable icône de notre génération, et ce projet nous laissera à tous une réelle marque de nostalgie.
Coups de coeur : Blue world, Circles, Everybody
Sortie le 17 janvier
Tristan Pilloix
Jorrdee – Fata Morgana
Seulement six mois après VU paru en juin dernier, le rappeur lyonnais revient de plus belle et dévoile son dernier album Fata Morgana. Il faut dire que le petit prodige du cloud rap n’a pas l’habitude de chômer, en 2019 il avait révélé quatre disques (rien que ça !), rien d’étonnant donc, qu’il nous revienne en ce début d’année. Amoureux de l’écriture automatique et spontanée, si à la première écoute, on pourrait s’étonner de cette diction si particulière qu’adopte l’artiste -cette façon de mâcher les mots, les faire couler sur des instrus vaporeuses et planantes- c’est bel et bien une poésie moderne que Jorrdee nous insuffle dans les oreilles. Des balades orageuses qui prônent la solitude (Serrurier, Seul avec mon Biff) où des images floues défilent devant nos yeux, un clin d’oeil au titre de l’album Fata Morgana qui désigne un phénomène optique qui provoque une série de mirages. Un album surréaliste et mélancolique à l’image de son créateur.
Coups de coeur : Ça Tourne, Serrurier, Seul Avec mon Biff
Sortie le 24 janvier
Pauline Pitrou
Joanna – Vénus (EP)
“Je suis ignorante, je ne suis que le reflet de l’homme […]”, quelques mots percutants en guise d’introduction d’un EP que l’on attendait impatiemment. Après avoir dévoilé pas moins de quatre titres depuis 2018, la déesse énigmatique Joanna nous ouvre enfin les portes de son jardin magique avec Vénus. Sept titres personnels et troublants qui décortiquent différents thèmes chers à l’artiste, en particulier sa construction en tant que femme et les regards et violences que portent les hommes à son égard. Il y a ici la Séduction, les premiers émois torrides pour une femme sur fond R&’nb et Ocytocine, hormone de l’amour que Joanna transforme en sublime balade nostalgique et vaporeuse qui clôt le mini-disque. Puis l’homme puissant, celui qui écrase tout sur son passage (Mâle Alpha) et l’agression du corps -qui déchire- dans le titre Pétasse où l’artiste raconte son viol du point de vue de son bourreau. Des successions d’images et de mots qui tantôt transpirent, tantôt luttent entre amour, désir et violence. Un récit de soi brillant, un hymne à la sororité qui fera chauffer les membres et brûler les sens.
Coups de coeur : Séduction, Ocytocine
Sortie le 17 janvier
Pauline Pitrou
Sally – PYAAR (EP)
Repérée sur la prestigieuse chaîne YouTube Colors où elle interprétait son morceau JFLA, Sally se démarque par son flow unique et sa voix éraillée. Signée sur le label Paramour (Lord Esperanza), la jeune rappeuse originaire de Cholet dévoilait le 15 septembre dernier son EP PYAAR, un premier essai habité où l’amour trône en maître mot. Six titres où l’artiste puise dans ses influences R&’nb et pop pour créer un univers singulier et addictif. Les déboires de la passion (Plus le Temps, Vrille), les attractions charnelles (Corps à Corps) ou encore la quête introspective en solitaire (Roulette Russe, Puisqu’il faut), elle pose des mots sur son intérieur. A l’image de la nouvelle scène rap qui voit se dévoiler des artistes comme Yseult ou encore Lous And The Yakuza, Sally se fonde dans le décor de ces femmes à la voix d’or qui font de la musique un combat.
Coups de coeur : Corps à Corps, Roulette Russe, Puisqu’il faut
Sortie le 15 janvier
Pauline Pitrou
Yuma Guma – Yuma Guma #2 (EP)
En attendant un premier album et un an après un premier EP, le trio français Yuma Guma est de retour avec un mini disque fait pour les clubs. Après un départ en trombe à l’ambiance très « daftpunkienne » et au titre annonciateur (Coming For You), c’est bien la disco qui s’impose, laissant tout de même la house faire quelques entrées. Disco plus que jamais dans Move Along que l’on rêve en son de boîte de nuit futuriste, puis grâce à un sens du groove défiant toute concurrence sur le reste de l’EP, y compris sur Astrolab, titre en apparence plus rigide, et finalement rattrapé par une ligne de basse inévitable. La French Touch est bien vivante, et Yuma Guma fait partie de ses dignes représentants.
Coups de cœur : Move Along, Delusion
Sortie le 17 janvier
Kevin Dufrêche
Molécules – Nazaré (EP)
Les passions du producteur français Molécule ne sont plus un secret. Après –22.7°C, un album pour lequel Romain Delahaye s’était aventuré sur les glaciers du Groenland, il revient avec Nazaré, dont le titre annonce déjà la couleur. Avec Big Mama, son morceau introductif, le disque plonge — littéralement — son auditeur dans les caprices de l’Atlantique. Entre l’eau déchaînée et le bruit du jet ski au loin, pas de doute possible : Nazaré a été enregistré au Portugal, à l’endroit précis où les vagues peuvent dépasser les trente mètres de hauteur. Toutefois, l’EP n’offre pas que des morceaux en apnée. Praïa Do Norte brille entre une house joyeuse et quelques éclats de rire, tandis que 1st Peak se démarque par des sons distendus et une techno plus sèche. Toujours épaulé par le label Ed Banger, Molécule envisage déjà d’affronter les murs d’eau hawaiiens. À croire que l’océan est devenu un dancefloor.
Coups de coeur : Praïa Do Norte
Sortie le 17 janvier
Lolita Mang
Tindersticks – See My Girls (EP)
Tous les ans, c’est la même histoire, tous les ans on trouve le moyen de dire que l’année commence fort. Prenons le cas des merveilleux Tindersticks par exemple, qui sortent 2 mois après leur douzième album un nouveau disque. Plus précisément, un nouvel EP issu de ce dernier album puisqu’on y retrouve un des titres, See My Girls, qui y officie d’ailleurs en tant qu’étiquette. Et comme sur No Treasure But Hope, on y trouve un bout de la famille Staples. Car si l’on devait la pochette de l’album à la femme de Stuart, ici c’est à sa fille Sidonie Osborne qu’on doit celle du maxi. Et si elle sait dessiner, elle sait aussi chanter et écrire ; la preuve avec Blood and Bone, où elle s’adonne en spoken word sur fond de guitare et batterie angoissantes. Parfaitement à l’image de l’artwork . Un tableau qui finit de se dessiner à l’écoute de A Street Walker’s Carol, balade nocturne instrumentale. Un EP délicieusement noir pour sombres journées hivernales.
Coup de coeur : Blood and Bone
Sortie le 23 janvier
Guillaume Lacoste