Chaque semaine, la rédaction vous résume l’actualité du cinéma. Festivals, cérémonies, tournages et autres événements, vous ne pourrez plus dire que vous n’étiez pas au courant.
Retour sur la 25ème cérémonie des Lumières de la presse internationale
Ce lundi 27 janvier a eu lieu à l’Olympia la 25ème représentation des Lumières du Cinéma. Au programme, des prix décernés bien entendu, mais également des hommages, comme celui à l’acteur italien plébiscité Roberto Benigni (La Vie est belle, Pinocchio), ou encore à Agnès Varda dans un discours de sa fille Rosalie. La cérémonie, diffusée en quasi-direct sur Canal +, a vu plus d’hommes célébrés de manière générale (8 prix sur 13 ont été décernés à des nominés masculins), mais a récompensé bien plus de femmes que lors de sa précédente édition, où aucune femme n’avait reçu de prix dans les catégories mixtes.
Cette année donc, le palmarès porte une retentissante empreinte féminine, à l’instar de Laure de Clermont-Tonnerre (Nevada), Nina Meurisse (Camille), ou encore Noémie Merlant (Portrait de la jeune fille en feu). Et pour ce qui est du controversé Polanski et de son film J’accuse, il reçoit un Lumière, celui de la mise en scène : une victoire accueillie par un public mitigé, bien loin de la salve d’applaudissements reçue par d’autres lauréats.
Le grand gagnant de la cérémonie est le film de Ladj Ly, Les Misérables, repartant avec trois Lumières : Meilleur film, meilleur scénario, meilleure révélation masculine. Une consécration méritée selon la presse internationale, et selon le public également.
Les Lumières des différentes catégories ont été attribués à :
- Film : LES MISÉRABLES de Ladj Ly
- Mise en scène : ROMAN POLANSKI – J’accuse
- Actrice : NOÉMIE MERLANT – Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma
- Acteur : ROSCHDY ZEM – Roubaix, une lumière de Arnaud Depleschin
- Scénario : LADJ LY, GIORDANO GEDERLINI et ALEXIS MANENTI – Les Misérables
- Image : CLAIRE MATHON – Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma
- Révélation féminine : NINA MEURISSE – Camille de Boris Lojkine
- Révélation masculine : ALEXIS MANENTI – Les Misérables de Ladj Ly
- Premier film : NEVADA de Laure de Clermont-Tonnerre
- Coproduction internationale : IT MUST BE HEAVEN de Elia Suleiman
- Film d’animation : J’AI PERDU MON CORPS de Jérémy Clapin
- Documentaire : M de Yolande Zauberman
- Musique : ALEXANDRE DESPLAT – Adults in the room de Costa-Gavras
Giulia Lisi
César 2020 : des nominations déconnectées
Très attendues depuis l’affaire Polanski, suivie ensuite par l’affaire Adèle Haenel, les nominations des César se devaient d’être au tournant de l’actualité brûlante au cœur du cinéma français. Mais comme la cérémonie des Lumières qui, plus tôt dans la semaine, a fait la sourde oreille sur les questions féministes et sociales, la liste des nommé.e.s aux César paraît totalement déconnectée de ces débats et, plus encore, de la diversité et de la qualité remarquable du cinéma français et des coproductions hexagonales en 2019. Il y a déjà le problème, semblerait-il éternel, de J’accuse, l’excellent dernier film de Roman Polanski. Lequel, malgré les accusations de viol qui pèsent sur ses épaules, a finalement été nommé au César de la meilleure réalisation. Si le film et toute son équipe méritent amplement toutes leurs nominations – on pense au casting, Jean Dujardin et Grégory Gadebois en tête –, l’Académie se devait de ne pas nommer un réalisateur (y compris au scénario) dont le débat de sa présence aux César semble atteindre un seuil de pression assez conséquent, d’autant plus qu’il a déjà fait ses preuves dans l’exercice : Polanski est le recordman dans cette catégorie (récompensé quatre fois).
Résultats des courses, nous retrouvons le cinéaste aux côtés de Céline Sciamma, nommée pour Portrait de la jeune fille en feu, film ouvertement féministe, qui parle de l’insertion d’un modèle féminin dans le processus de création et dont le rôle principal est tenu par… Adèle Haenel. Une nomination de Polanski qui devient alors en tout et pour tout embarrassante. Nombre de choix reste en désaccord avec l’actualité. Pourquoi ne pas nommer Alice et le Maire en meilleur long-métrage, film sur la dépression politique (symbole actuel) ? Pourquoi faire abstraction de Gloria Mundi, totalement absent des nominations, film de colère sur la start-up nation qui ronge les êtres et leurs regards ? Pourquoi Alice Diop, réalisatrice de Atlantique, film phare sur la question des migrants, n’apparaît que dans la section meilleur premier film alors qu’elle pourrait faire bonne figure dans les deux catégories reines (meilleur film et meilleure réalisation ?)
L’absence d’actualité – de poumon national dans les films choisis, hormis pour Les Misérables (12 nominations, ultra-favori) – est un témoin de la déconnexion de l’Académie qui préfère jeter son dévolu sur des films industriels, sorte de cinéma du milieu : La Belle Epoque (11 nominations, ça fait mal) et Hors Norme (7 nominations) en tête, avec les considérations outrancières pour Nicolas Bedos puis Toledano/Nakache en meilleure réalisation… Reste l’espoir de Portrait de la jeune fille en feu qui, par la voix de Céline Sciamma et Adèle Haenel, peut espérer apporter un peu de couleur au palmarès à défaut d’en apporter sur le plan cinématographique. Absence de considération également pour tout un pan éloquent et novateur du cinéma français en 2019. L’absence la plus choquante reste celle de Synonymes, l’un des meilleurs films français de 2019 qui, par sa rage et ses tours de passe-passe dans sa mise en scène, n’a jamais aussi bien sondé les troubles identitaires et urbains de la France et du Paris made in 2019. L’oubli de Tom Mercier en meilleur espoir masculin reste le grand scandale de ces nominations. On pense également au Daim de Quentin Dupieux, Jeanne de Bruno Dumont, Chambre 212 de Christophe Honoré et même Sibyl de Justine Triet (où est passée Virginie Efira ? ? ), peu ou pas du tout nommés.
On comprendrait très bien que ces films n’ont pas les César pour cible – à vrai dire, ce sont des films de festivals, ce qui est vérifié. Mais les César n’ont-ils pas, eux, pour mission de cibler un spectre bien plus large et diversifié du cinéma français ?
Quentin Billet-Garin
Dear Kobe
Le 26 janvier, Kobe Bryant à l’âge de 41 ans, une de ses filles Gianna, la famille Altobelli et quatre autre personnes ont trouvé la mort lors d’un tragique accident d’hélicoptère. Le drame humain et terrible. La famille Bryant est réduite à une mère, Vanessa, et trois filles dont une en bas âge, seuls subsistent deux orphelins pour les Altobelli. Il y a eu beaucoup de réactions au décès de la légende du basketball. Des fans se réunissant devant le Staple Center, foyer mythique des Los Angeles Lakers où joua Kobe pendant les 20 ans de sa carrière ; les larmes des superstars qui ont joué avec lui ou contre lui comme Tim Duncan ou Shaquille O’ Neal. À Maze, nous avons eu envie, pour lui rendre hommage, de nous rappeler son court métrage récompensé par l’Académie en 2018.
Kobe Bryant était connu pour sa mentalité, son état d’esprit, une machine à gagner pour atteindre le sommet du panthéon des joueurs de la Grande Ligue. Au soir de sa dernière performance le 13 avril 2016, il quitte le parquet au terme d’une performance à 60 points en état 3ème meilleur marqueur de l’histoire de la NBA devant un certain Michael Jordan. Bref, Kobe Bryant était un tueur sur le parquet prêt à tout pour gagner. Dans Dear Basketball , on aperçoit avec émotion la façon dont Kobe, l’enfant puis l’adulte, appréhende le sport pour lequel il a tout donné. Sa rencontre avec le Basket ; sa motivation qui lui permet de persévérer, ses motivations partagées par tous les amoureux de la balle orange, l’amour du jeu et l’addiction à la sueur. Il résume en 5 minutes la carrière d’un monstre à la lumière de ses émotions.
Dear Basketball est une déclaration certes, mais c’est aussi un adieu qui a servi pour annoncer la retraite de Kobe Bryant lors du début de l’exercice 2015-2016, un adieu qui, dans ces douloureuses circonstances, est une maigre consolation.
Pierre-Théo Guernalec
Nouvelle plongée dans l’univers de Blade Runner pour Denis Villeneuve ?
Le 4 octobre 2017 sortait en salle Blade Runner 2049, suite au film culte des années 80 réalisé par Ridley Scott. Sensoriel, éblouissant, contemplatif et puissant, Denis Villeneuve nous a proposé avec ce sequel une expérience réussie à tout point de vue. Récemment interviewé par Empire, dont l’entretien est à paraître en mars prochain, le réalisateur et scénariste québécois a exprimé son souhait de créer une nouvelle œuvre se déroulant dans l’univers rétro-futuriste inspiré du roman Do Androids Dream of Electric Sheep ? de Philip K. Dick : “Le monde de Blade Runner est une telle source d’inspiration. Ce qui me dérange, c’est le terme de suite. Je pense que le cinéma a besoin d’histoires originales. Mais si vous me demandez si j’aimerais revisiter cet univers d’une manière différente, je peux vous répondre oui. Il faudrait que ce soit un projet à part entière. Quelque chose de non connecté avec les deux autres films. Une histoire de détective noire qui se déroule dans le futur… Parfois, je me réveille en pleine nuit avec ce rêve en tête“.
En attendant cet hypothétique nouveau voyage, rendez-vous dès le 23 décembre 2020 pour découvrir l’adaptation de Dune par Denis Villeneuve.
Pierre-Louis Herrouin
Adaptation de Bambi au cinéma
Après les succès du Livre de la jungle et du Roi Lion, Disney a pour projet de poursuivre les adaptations de ses dessins animés en live action avec Bambi. Dans la continuité des autres films, cette nouvelle version devrait très probablement nous offrir des animaux numériques au photo-réalisme saisissant et qui miment plan par plan leur modèle. Toutefois, au regard de la courte durée du film original (à peine 1h10), le studio risque d’être contraint de faire preuve d’un peu d’originalité pour atteindre le long métrage.
Nicolas Renaud