CINÉMA

42e Festival International du court-métrage de Clermont- Ferrand – A contre-courant

crédits : Susa Monteiro

C’est la fleur à la boutonnière que le festival du court métrage de Clermont-Ferrand nous revient cette année pour sa 42e édition, du 31 janvier au 8 février. Au programme : Un focus sur la Pologne et les mondes paysans, un hommage au cinéaste néerlandais Rosto, le Labo et sa sélection expérimentale, et bien sûr, la compétition nationale et internationale qui réunira cette année pas moins de 400 films.

Après une rétrospective consacrée l’an dernier aux films canadiens, c’est dans les paysages de Pologne que se promèneront les regards des spectateur.ices cette année. Parmi les quatre sélections de court-métrages anciennement primés à l’ISFF on pourra ainsi (re)découvrir des films comme Udomowienie (2015) un film d’animation de Sylwia Gaweł sur la solitude heureuse d’un homme qui passe sa vie dans son appartement remplie d’aquariums et d’animaux exotiques, Smolarze ( 2010) de Piotr Złotorowicz qui suit la retraite de Marek et Janina qui partent chaque été fabriquer du charbon de bois dans les montagnes Bieszczady, ou encore le mystérieux Drżenia (2018) de Dawid Bodzak dont la description en forme d’adresse au spectateur saura piquer les curiosités « Vous êtes dans une forêt obscure, silencieuse, déserte. Que faites-vous là ? Vous n’en savez rien. Soudain, un cri retentit. Vous êtes terrorisé. Vous apercevez un loup, puis un deuxième, puis encore un autre. Ils se rapprochent, ils vous encerclent. Qu’allez-vous faire ? »

Mondes Paysans

Avec ce titre au pluriel, le festival rend hommage à la richesse et à la complexité des identités paysannes, les 22 court-métrages des quatre sélections feront ainsi voyager les spectateur.ices de pays en pays à la rencontre des corps, des luttes, souffrances et métamorphoses qui habitent ces espaces ruraux. On y trouvera des classiques comme La Gaveuse (1991) du réalisateur Alain Cavalier, portrait de Mme Bouillon et de son quotidien de gaveuse d’oie, mais aussi des films plus contemporains, ancrés dans l’actualité des luttes contre la précarisation des milieux agricoles, comme Je nourris je meurs (2019) de Karim Morel, qui raconte la dernière journée d’un agriculteur, ou encore Giornatta (2017) de Pippo Mezzapesa, récit de la mort d’épuisement de Paola Clemente, ouvrière du Puglia, le 13 juillet 2015. Une sélection engagée mais qui fait également la part belle à un certain onirisme, que le cinéma a toujours su trouver dans ces espaces paysans, Skate Moderne (2014) d’Antoine Berne, par exemple, nous emmènera sillonner les routes de Dordogne en compagnie d’une bande de fermiers skateurs.

Le Labo

Petite dernière des sélections du festival, le Labo, soufflera cette année ses dix-neuf  bougies avec une programmation expérimentale qui ravira les cinéphiles les plus audacieux. On y trouvera, notamment, des courts-métrages qui questionnent le rapport sensuel et sensoriel du spectateur à l’image, dans la grande tradition du film expérimental. Avec Freeze Frame de Soetkin Verstegen, les spectateurices pourront explorer les limites et les possibilités de l’arrêt sur image, et avec Cultes du collectif LA HORDE, iels plongerons dans les entrailles d’une foule en liesse, promesse d’une expérience visuelle et sonore déroutante. Et comme le cinéma expérimental est aussi le terrain de jeu rêvé d’une libération des corps, l’animation colorée de Slug Life de Sophie Gate nous éveillera aux possibilités d’un désir au-delà de l’humain, pendant qu’ Average Happiness de Maja Gherig tentera de nous convaincre des mondes de sensualités insoupçonnés résidant dans l’esthétique du PowerPoint, sans parler de Mega Sexy Robot Dinosaur de Paul Howard Allen, dont le seul titre, très prometteur, suffit à nous aguicher.

Compétition Nationale

Cette année, la première sélection du festival abritera plus de cinquante courts-métrages en compétition pour le Grand Prix. Parmi les nouveaux venu.e.s, on note la présence de l’actrice Ariane Labed, qu’on a notamment pu voir dans Alps de Yorgos Lanthimos, qui viendra présenter sa première réalisation, Olla, passée l’an dernier par la Quinzaine des Réalisateurs. Dans un tout autre registre, le documentaire d’Assia Piqueras et Thibault Verneret, Car les hommes passent, nous plongera dans les entrailles de Mage-Garri, «  désert de poussière et d’eau rouge  » formé par les déchets d’une décharge à ciel ouvert. Il y aura du mystère, aussi, avec la Fin de Saison de Matthieu Vigneau qui nous fera partager la dernière journée de vacances d’un couple, rythmée par une macabre découvert au fond d’un lac. Et puis aussi de très belles découvertes en perspective du côté des films d’animation en compétition  : Avec Marion Lacourt et son Moutons, loup et tasse de café qui nous fera replonger dans les rituels mystérieux de l’enfance ou Les Méduses de Gouville de Paul Nouhet, parenthèse estivale normande au court de laquelle l’engouement d’un jeune garçon passe des méduses à la petite amie de son frère.

Compétition Internationale 

 La sélection internationale, composée de quatorze programmes courts, comptera parmi ses juré.e.s le réalisateur belge Olivier Smolders, à qui le festival réserve cette année son «  Court de rattrapage  », l’occasion pour les spectateurices de redécouvrir huit de ses films qui ont marqué les éditions précédentes. Parmi la cinquantaine de courts-métrages sélectionnés cette année, on pourra notamment découvrir le docu-fiction d’Andrew T.Betzer  Important Police Shit , qui cristallise la violence d’une journée de bizutage en école de police, explorer la scène LGBT+ brésilienne avec Bonde d’Asaph Luccas qui met en scène un trio d’amies de la favela d’Héliopolis ou encore I väntan på döden Lars Vega d’Isabelle Björklund récit tendre et absurde des adieux d’un fils à son père mourant, que seul obsède le devenir des pots de moutarde entamés qu’il laissera après sa mort. Et comme le festival est aussi un vivier du jeune cinéma d’animation, les sélections nationales et internationales feront cette année la part belle à des premiers films comme Girl in the Hallway de Valeria Barnhart, variation moderne du petit chaperon rouge, à la croisée du Shinning de Kubrick, ou encore Pulsión de Pedro Casavecchia, film d’animation expérimental qui embrasse la plongée dans la folie meurtrière d’un jeune homme.  

Une programmation riche et éclectique à laquelle s’ajoute entre autre l’hommage à Rosto, la sélection “Regards d’Afrique”, et les rendez-vous incontournables du festival : Le Marché du film, le traditionnel ciné-piscine, des programmes pour les plus petits

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