MUSIQUEMusique en bref

MUSIQUE EN BREF – Spleen dans l’air

Toutes les deux semaines, la rédaction musique vous offre les chroniques des albums qui ont séduit ses oreilles. Cette semaine : KOMPROMAT, The Game, Baston ou encore Mélodie Lauret.

Leonard Cohen – Thanks For The Dance

Le 7 novembre 2016 disparaissait Leonard Cohen, quelques semaines seulement après la parution du sublime You Want It Darker, disque-testament venant parachever l’oeuvre immense du géant canadien. Trois ans plus tard, voici Thanks For The Dance, album posthume réalisé à l’initiative de l’artiste lui-même, qui avait confié à son fils Adam, peu avant sa mort, la tâche de finaliser l’écriture et l’enregistrement de ces chansons débutées en 2015. Le résultat final, neuf titres pour moins d’une demie-heure de musique, est un véritable cadeau du ciel prouvant qu’en bien des points la qualité prévaut sur la quantité. Surgit d’outre-tombe, cette voix si singulière, dans les extrêmes basses et monocorde, bercée par de subtiles arrangements et des cordes somptueuses, ne nous a jamais semblé si proche et révélatrice de l’univers intérieur du poète. Un travail d’orfèvre respectueux, d’une précision unique, intègre et éthique vis-à-vis de ce que l’oeuvre de Leonard Cohen fût, et qui demeure encore à travers son héritage, que ce nouveau disque ne risque pas de faire vaciller.

Coups de cœur : Happens to the Heart, It’s Torn, Puppets, Listens to the Hummingbird

Sortie le 22 novembre

Camille Tardieux

FORM – C.W.T (It Comes with the Territory) (EP)

Après avoir sorti le clip remarquable de trigger il y a quelques semaines, FORM dévoile, C.W.T (It Comes with the Territory), un premier EP aux notes sombres et synthétiques. Des élévations ténébreuses de WHITE FLAG, aux murmures ascétiques de waterfall, ici en featuring avec La Chica, tout est mesuré et efficace. À mi-chemin entre la musicalité de Moderat, comme sur mirrors, et la voix démultipliée du groupe Her, sur trigger, ces premiers émois tiennent toutes leurs promesse. 

Coup de cœur : trigger

Sortie le 29 novembre

Caroline Fauvel

Pastel Coast – Hovercraft

Des plages blanches immenses, l’horizon comme un ailleurs meilleur, des courses poursuites sur le sable, voilà sans doute les sensations que nous procurent l’écoute de Hovercraft, tout premier album de Pastel Coast. Pour leur premier disque, le quintet originaire de Boulogne-sur-Mer nous offre une plongée en eaux douces conjuguant à la fois français et anglais, dreampop et surf rock. Des sonorités aériennes, des réverbs planantes et des guitares mélancoliques qui nous laissent rêveurs.euses et heureux.ses. On pense aux Cure, bien sûr, mais aussi aux Drums, et on se dit que la relève du rock indé est assurée. Un album comme une carte postale de vacances teintée d’une tendre nostalgie qu’on écoutera tout l’hiver.

Coups de cœur : Aquarius, Home, la nuit, Kerry 

Sortie le 30 novembre

Pauline Pitrou

Baston – Primates

Signature de Howlin’ Banana (TH da Freak), les bretons de Baston livre leur premier album, Primates, plus de quatre ans après l’EP Gesture qui marquait le début de l’aventure. Avec un nouveau membre aux synthétiseurs, les dix titres de ce premier effort oscillent habilement entre shoegaze, post-punk, krautrock et psychédélisme noir, avec un sens affûté du spleen, toujours électrique, et un certain sens de l’humour, touchant à son apogée dans Viandes. Un seul petit défaut apparaît au fil de ces morceaux ; à force de trop jouer dans les mêmes teintes, sonorités et types de structures, l’ensemble perd un peu en puissance mais conserve son pouvoir mélodique et hypnotique. Un premier effort qui sonne comme une jam imaginaire entre Happy Mondays, Animal Collective et les Cure, avec ce petit truc en plus qui fait de Baston un groupe à suivre sans attendre.

Coups de cœur : DrangNachOsten, Primates, Athabascan, Achilles

Sortie le 29 novembre

Camille Tardieux

KOMPROMAT – Le Brigand Et Le Prince (EP)

Quelques mois seulement après la sortie de Traum und Existenz, le duo obscur formé par Rebeka Warrior et Vitalic dévoile Le Brigand et le Prince, un EP grinçant et puissant à faire trembler les neurones. Sous ce nom romanesque que l’on dirait tout droit sorti d’un conte pour enfants, se cachent trois titres à l’esthétique froide et techno à l’image du premier album. Avec Das Grab, prélude obsédant français/allemand où la chanteuse répète inlassablement ces quelques mots qui sonnent comme un mantra « Ich/ habe kein/ Dach  » (Je n’ai pas de toit / Je n’ai pas de tombe). Kompromat nous montre qu’ils n’ont pas fini d’ausculter les tréfonds de l’existence. Pour ne pas nous laisser sur notre faim, le duo nous offre aussi une reprise du groupe électronique allemand DAF sous les traits de Der Raüber und der Prinz (qui donne son nom à l’EP) et transforme ce standard de la culture gay en diamant noir. Un bijou sombre et obsédant qui tape fort, là où ça fait mal.  

Coup de cœur : Das Grab

Sortie le 22 novembre

Pauline Pitrou

The Game – Born 2 Rap

Après plus de quatre ans sans avoir sorti d’album solo, le rappeur The Game, véritable légende et ambassadeur du rap West Coast, a signé son retour avec Born 2 Rap. Un projet colossal de 23 titres pour 1h30 de musique. Born 2 Rap est une véritable ode à la nostalgie du rap « à l’ancienne ». Le rappeur de Compton est parvenu à nous proposer de nouveaux morceaux, tout en les faisant sonner comme avant. Dans ce petit chef d’oeuvre, pas d’auto tune, mais un retour des rythmiques et lignes de basses puissantes, des samples de voix découpés avec une précision chirurgicale, et des flows percutants et incisifs. En somme, The Game nous embarque dans un véritable retour aux sources du hip-hop californien. En réussissant cet exploit à l’âge de 40 ans, The Game nous prouve bien qu’il est bel et bien «  né pour rapper ».

Coups de cœur : No Smoke, The Light

Sortie le 29 novembre

Tristan Pilloix

Mélodie Lauret – 23h28

23h28, l’heure douce et mélancolique, où l’on s’aime comme des enfants, où l’on écrit des poèmes d’amour sous la lune. Tout premier EP de la parisienne Mélodie Lauret, 23h28 se dessine comme un livre d’histoires, de premières idylles et d’émois adolescents. Dans la nuit de Mélodie, un piano triste et classique, des échos lointains, quelques vagues électroniques et des poèmes chantés, parlés, parfois même rappés. Un hymne à l’amour, aux femmes et aux errances nocturnes, et une artiste qu’on ne quitte désormais plus des yeux. Peu importe là où pointent les aiguilles, avec Mélodie Lauret, il est toujours l’heure de s’aimer. 

Coups de cœur : Elles avaient 15 ans, Tes cheveux 

Sortie le 29 novembre

Pauline Pitrou

Arlo Parks – Sophie (EP)

C’est une soul touchante et humble que déroule la jeune Arlo Parks. Alors que celle-ci vient d’accompagner Loyle Carner sur ses premières parties, elle sort un second EP, après Super Sad Génération publié en avril dernier. Cinq morceaux, cinq partitions emplie d’une mélancolie grisante et tendre. Si la recette mélodique est simple, la voix frêle et pourtant assurée de l’artiste se synchronise à merveille avec les instrumentales feutrées comme sur George ou Paperbacks. Ces notes d’ombre se parent aussi de variations plus joyeuses comme l’indique le morceau Second Guessing.

Coups de cœur : George, Angel’s Song

Sortie le 29 novembre

Caroline Fauvel

Film Noir – Vertiges (Men Of Glory) (EP)

On ne présente plus Juniore, La Femme et Feu ! Chatterton, ni d’ailleurs leur dénominateur commun, à savoir Samy Osta, qui mixe/réalise les productions de ces derniers. Cette année, il s’entourait du collectif Film Noir, composé principalement des frangins De La Baume, Joséphine et Alexandre. Et si à l’écoute du ténébreux Brûlant on fait, il est vrai, le rapprochement avec le son de La Femme, on découvre sur le reste de Vertiges un univers bien plus vaste et noir. Niché au coeur du 10ème arrondissement, c’est pourtant en live, à Paris, Londres, Los Angeles, que les titres ont mûri avant d’atterrir en studio. Un EP sur lequel les cinq membres s’érigent, sur fond de garage rock, en porte parole des coeurs brisés, cherchant éperdument à donner du sens au désespoir, à travers des ballades (Man Of Glory), des décors sombres (Mort d’homme), ou des va-et-vient linguistiques (Demain Berlin). Une fresque sonore passionnée et troublée où il fait bon mettre en parenthèse le chagrin.

Coups de cœur : BrûlantMort d’homme

Sortie le 15 novembre

Guillaume Lacoste

Du cinéma et de la musique - Master Métiers de la Culture

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