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LUNDI SÉRIE – « Misfits », teen série à l’anglaise

© E4

Deux fois par mois, la rédaction se dédie entièrement au « petit écran » et revient sur une série pour la partager avec vous. Toutes époques et toutes nationalités confondues, ce format pourra vous permettre de retrouver vos séries fétiches… ou de découvrir des pépites !

Loin des ados branchés de Gossip Girl qui squattaient nos écrans à la fin des années 2000, la chaîne britannique E4 lançait la teen série fantastique Misfits en novembre 2009. L’histoire explosive de cinq jeunes marginaux dotés de super-pouvoirs. 

Tout commence lorsque Nathan, Alisha, Simon, Kelly et Curtis se rencontrent lors de leur premier jour de travaux d’intérêt général. Tous ont été condamnés après des délits mineurs et doivent désormais répondre aux ordres d’un éducateur spécialisé. Vêtus de combinaisons oranges et armés de sacs poubelles, ils sont contraints à ramasser des détritus pour se racheter une bonne conduite.

L’ennui de ce nouveau quotidien est rompu par un étrange orage et le groupe est frappé par la foudre avant de pouvoir s’abriter. Lorsqu’ils se réveillent, Nathan et les autres se découvrent des super-pouvoirs liés à leurs personnalités. Kelly, soucieuse de ce que l’on pense d’elle, devient télépathe alors que Simon, très introverti, est capable de se rendre invisible. Curtis peut remonter le temps et Alisha envoûte toute personne qui la touche. Nathan, lui, est immortel. Mais les cinq héros ne sont pas les seuls à avoir changé. De l’hypnose à la téléportation en passant par le pouvoir de résurrection et celui de la télékinésie, ils seront confrontés, au fil des épisodes, aux pouvoirs, dons et malédictions des autres. De nombreux personnages secondaires gravitent alors autour de la bande qui va faire face à une série de situations déjantées parmi lesquelles crimes en séries, chasses aux zombies et aux nazis.

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En marge

Une des clés du succès de Misfits s’explique par la mise en avant de jeunes marginalisés aux passés troubles et complexes. Les cinq personnages représentent une jeunesse qu’on ne voit pas ou qu’on choisit parfois d’ignorer. Les misfits, c’est-à-dire les marginaux, ceux qui ne trouvent à priori pas leur place dans la société et qui, au sein de ce petit groupe, tentent tant bien que mal de s’imposer. La figure du héros, voire même du super-héro, est ici complètement détournée et revisitée. Les personnalités et sensibilités des uns et des autres s’entrechoquent et se mêlent dans une explosion d’hormones et de trash.

Dans la même veine que Skins, l’humour à l’anglaise s’associe à un vocabulaire familier martelé d’insultes pour donner des dialogues cinglants et incisifs. C’est cru, parfois très cru et surtout connoté. Les scènes de sexe sont explicites et les allusions sexuelles claires et présentes toutes les deux répliques. Le côté sulfureux et pinçant de la série est contrebalancé par la profondeur des personnages, leurs psychologies et évolutions bien ficelées. Tous ces éléments font de la série une véritable pépite, savoureuse et transgressive.

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L’esthétique de la série, quasi-entièrement tournée avec des caméras au poing, participe à immerger un peu plus le spectateur dans son univers. Les flous volontaires de la caméra, le travail de la lumière et l’omniprésence du gris – symbole des grandes barres d’immeubles dans lesquelles évoluent les personnages – contribuent à mettre encore un peu plus en avant les protagonistes et à faire ressortir la couleur orange de leurs combinaisons.

Changement de cap

Ce coup de projecteur réussi sur des délinquants s’appuie avant tout sur un casting sans fausse note. Robert Sheehan, récemment aperçu dans Umbrella Academy, est hilarant dans le rôle de Nathan. Il devient rapidement le favori des téléspectateurs grâce à ses répliques cinglantes. À ses côtés, Iwan Rheon, connu pour son interprétation marquante de Ramsay Bolton dans Game of Thrones offre une jolie prestation en incarnant Simon. Son personnage parvient même à reprendre le lead de la série après le départ de Nathan à la fin de la seconde saison, épaulé par l’arrivée de l’excellent Rudy (Joseph Gilgun).

Le changement de casting progressif de Misfits se poursuit au fil des saisons et a contribué à sa perte. Iwan Rheon et Antonia Thomas (actuellement dans la série The Good Doctor) quittent la distribution à la fin de la troisième saison. Ils sont suivis quelques épisodes plus tard par Lauren Socha (Kelly) et Nathan Stewart-Jarett (Curtis). Leurs remplaçants, les nouveaux misfits, peinent à convaincre lors de la quatrième saison qui devient presque pénible à regarder tant l’héritage de la première génération est pesant. La cinquième et dernière saison clôt timidement la série même si une fin à l’issue de la troisième saison aurait été préférable.

Dix ans après, Misfits fait encore office de référence dans l’univers des séries notamment grâce à sa représentation d’une jeunesse en partie oubliée et différente de celle habituellement donnée à voir dans les productions sérielles. Depuis la fin de la série en 2013, le projet d’un reboot américain ne cesse de faire parler de lui. Si cette idée semble aujourd’hui abandonnée, il est toujours possible de se consoler devant Mortel, une nouvelle série française disponible sur Netflix et qui n’a de cesse d’être présentée comme la digne héritière de Misfits. Les marginaux semblent donc encore avoir leur mot à dire.

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