Pour cette sélection de clips du mois de novembre, la rédaction musique de Maze vous offre une sélection des productions visuelles et musicales qui lui ont tapé dans l’oeil. Ce mois-ci, entre autres, l’univers sensuel de Jäde, la sobriété de King Krule ou encore la mélancolie de Laura Cahen.
Odezenne – Delta par Marine Dricot
Quelques mois après la sortie de leur EP Pouchkine, les bordelais à la plume d’argent révèlent le clip troublant de Delta. Réalisé par Marine Dricot, photographe belge déjà aux manettes de Cabriolet, la vidéo met en scène Mattia, batteur du groupe, perdu dans un monde parallèle inquiétant et crépusculaire en pleine exploration de cet vaste espace qu’est le temps. Images énigmatiques, néons chauds et cheveux au vent au menu de ce petit bijou esthétique qu’on se plaît à regarder plusieurs fois pour en saisir les sens. Au casting, on peut notamment apercevoir Clémence Warnier (Les Garçons Sauvages) et Julie Sokolowski (Human Affairs). Une énième pépite visuelle pour le trio qui n’en finit pas de faire couler nos yeux et nos oreilles.
Pauline Pitrou
Jäde – Longtemps par Pierre-Emmanuel Testard
Pour son tout premier clip, Jäde (signée chez le label Entreprise) ne fait pas les choses à moitié. La jeune artiste originaire de Lyon nous embarque dans son univers rap sensuel et nonchalant avec Longtemps. Pour accompagner le morceau, elle dévoile un clip haut en couleurs et psyché. Tantôt avec sa bande de filles, tantôt se filmant elle même dans une multitude de tenues flashy, Jäde s’affirme et s’expose aux yeux des spectateurs nous révèle un univers musical énigmatique et bien produit. Voix cristalline, nonchalance envoûtante et beats trap obsédants, la rappeuse nous offre une certaine vision de sa love story. Une chose est sûre, vous allez mettre longtemps à vous en remettre..
Pauline Pitrou
Iggy Pop – Sonali par Mac DeMarco
Ballade malade matinée de jazz et d’ambient issue de son dernier album Free, Iggy Pop dévoile aujourd’hui le clip de Sonali, réalisé par un certain.. Mac DeMarco ! Étonnante rencontre, pourtant à la vision de ce travail totalement évidente, où le canadien continue de décliner son univers visuel fait d’aliens, de reptiles multidimensionnels et de monstres en tout genres, un bestiaire apparu avec son disque Here Comes The Cowboy au printemps dernier. Et à la clef de cette histoire de retrouvaille amoureuse semée d’embûches (et de métaphores automobiles), ne semble se dégager qu’un seul message, universel et fondamental : “I love you”.
Camille Tardieux
Shérazade – I Don’t Wanna Sleep Alone Tonight par Nicolas Garrier & Schérazade
Vivement remarquée dans l’entourage de Stromaë ou encore de Thomas Azier, Shérazade dévoile I Don’t Wanna Sleep Alone Tonight un premier extrait jazzy de son album Asile Exquis à paraître en février 2020. Pour accompagner ce premier morceau, l’artiste collabore avec Nicolas Garrier, avec qui elle dessine un décor fleuri et glamour. Allongée sur un lit de soie bleu parsemé de fleurs en tout genres ou dansant lascivement devant la fenêtre de sa chambre baignée de lumière, notre princesse des milles et unes nuits se lamente en douceur. Un clip vintage et rayonnant qui plaira sans doute à tous.tes les amoureux.ses des nuits banches en solitaire.
Pauline Pitrou
Agnès Obel – Island Of Doom par Alex Bruel Flagstad
C’est un souffle mirirfique et cristallin qui porte le clip du morceau Island of Doom d’Agnes Obel. Dans une masse musicale vaporeuse celui-ci dessine les contours immuables de cette musique fascinante et ténébreuse. L’image joue sans demie-mesure avec les effets troubles, la mélancolie inhérente. Island of Doom est une première introduction à son futur album, Myopia, qui sortira le 21 février 2020.
Caroline Fauvel
Jasmïn – Priceless par Antonin Wolvs
Des femmes combattantes en costumes, des revolvers et des hommes enchaînés, voilà ce qu’on peut entre autre trouver dans le clip de Priceless, nouveau single de la parisienne Jasmïn. Pour illustrer le premier extrait de son prochain EP Bloom à paraître au début de l’année prochaine, la jeune artiste de 24 ans se réapproprie les codes du clip de rap gangsta avec sa bande de filles et livre une vidéo esthétique et flamboyante réalisée par Antonin Wolvs. Un cri de liberté audacieux et féministe qui nous prouve encore une fois que les femmes n’ont pas fini de faire du bruit dans le milieu du R&’nB.
Pauline Pitrou
King Krule – Hey World par Charlotte Patmore & Archy Marshall
2 ans après la sortie de The Ooz, le prodige londonien nous revient avec Hey World, un court-métrage d’une quizaine de minutes à l’iconographie lo-fi. Co-réalisé par la photographe (et petite-amie de l’artiste) Charlotte Patmore, chaque plan correspond à l’un des quatres morceaux inédits. La sobriété et la pureté des séquences tournées en VHS laisse la part-belle aux singles mélancoliques qui s’écoutent face à un Archy Marshall (de son vrai nom) esseulé en compagnie de sa guitare. Au beau milieu d’un champ enneigé, des centrales nucléaires ou devant un doux levé de soleil, les titres Perfecto Miserable, Alone, Omen 3, (Don’t Let The Dragon) Draag On et Energy Fleets sont tous magnifiés grâce à un univers visuel élégiaque. Est-ce l’annonce d’un quatrième album ? Peut-être. En attendant, King Krule vous donne rendez-vous le 4 mars à l’Olympia.
Mélody Aubert
Thx4crying – Fête Triste par Macbook Pro de Thx
Il est de ces fêtes où l’on ne sent pas à sa place, où les larmes ne sont jamais très loin, où l’on lutte fort pour ne pas fermer les yeux et disparaître sans rien dire à personne. Ce genre de fête, qui ressemble parfois comme deux gouttes d’eau à la vie, c’est ce que dépeint Thx4Crying dans son tout premier morceau Fête Triste. Pour accompagner sa boum mélancolique, Florian, de son vrai prénom, opte pour la danse et les chevaux volants imaginaires et réalise avec ses deux ami.es Pauline De Tarragon (Pi ja ma) et Théo Erable une vidéo décalée. Construite avec peu de moyens mais beaucoup de coeur, le clip de Fête Triste kitsch à souhait et teinté d’humour adolescent prend des allures d’échappatoire aux grands chagrins.Un artiste attachant à la voix d’ange qui nous transporte dans son manège noir et réconfortant. Alors, la prochaine fois que vous serez invité à une surprise party morose, pensez à Thx4Crying pour éponger les torrents de sel.
Pauline Pitrou
Tomasi – Round 2 par Nicolas Garrier
Coincé entre les quatre murs de sa chambre avec pour seule compagnie son peignoir rouge et son synthétiseur, Tomasi regarde le monde défiler, sans lui, par la fenêtre. Pour accompagner son titre Round 2 extrait de son dernier EP Somnambule paru en octobre dernier, le jeune rappeur sensible comme il aime se définir, fait appel une nouvelle fois au talent de son ami réalisateur Nicolas Garrier qui lui offre un clip en huit clos touchant et poétique. Emprisonné dans sa solitude, l’artiste joue sa chanson pendant que la vie suit son cours tout autour, des bribes d’existence capturées dans la capitale qui offre au morceau un tableau esthétique et vivant. Pour découvrir Tomasi sur scène, rendez-vous le 28 novembre prochain au Pop-Up Du Label (Paris), pour une troisième édition de sa soirée Kimono.
Pauline Pitrou
Samba de La Muerte – Home par Elie Girard
Peu après la sortie de son album A Life With Large Opening, on retrouve Samba De La Muerte cette fois auprès de la maison La Blogotheque. Un Take Away Show qui nous transporte vers d’autres horizons dans un hangar à dirigeables : lieu choisi pour contenir les mélodies attractives du morceau Home. La formation rassemblée ici le reprend dans une simplicité fine et magnétique, magnifiée par la présence sonore d’un saxophone qui accorde une nouvelle profondeur au morceau.
Caroline Fauvel
The Psychotic Monks – Interzone par Vincent Bourre
Filmé au plus près de sa tournée Anglaise et de son concert à La Maroquinerie au printemps dernier, les Psychotic Monks viennent de livrer un court-métrage éminemment cinématographique reprenant le segment central de son dernier effort, soit les trois morceaux Emotionnal Disease, Confusion et Closure, dans des versions live époustouflantes où la catharsis est érigée au rang d’oeuvre d’art. Pour ceux qui douteraient encore de la puissance du quatuor sur scène, ils seront de passage cette semaine à Bordeaux (le 27/11 au Krakatoa), Paris (le 28/11 au Trabendo) et Strasbourg (le 30/11 à La Laiterie), histoire de s’assurer une bonne fois pour toute qu’ils sont la plus belle chose qui soit arrivée à la scène française depuis bien longtemps.
Camille Tardieux
Laura Cahen – La Complainte du Soleil par Yannick Demaison & Alexis Magand
Extrait de la bande originale du sublime film d’animation J’ai perdu mon corps (Jérémy Clapin) actuellement en salles, La Complainte du Soleil interprétée par Laura Cahen éblouit par sa douceur et sa mélancolie amère. A l’occasion de la sortie du film, Yannick Demaison et Alexis Magand offrent un écrin visuel au morceau. Entre jeux d’ombres, rayons transperçants et extraits du long métrage, le clip nous transporte dans un paysage chaud et triste où l’on se perd volontiers quitte à se brûler.
Pauline Pitrou
MPL – Cendres par MPL
Troisième voyage pour le groupe Ma Pauvre Lucette, après Cortège et le Mystère Abyssal, les défunts garçons continuent leur deuil amoureux et dévoilent le clip vertigineux de Cendres extrait de leur prochain album l’Étoile qui sortira le 31 janvier. Un nouvel hommage à Lucette, disparue subitement de leurs vies et à laquelle ils dédient le groupe. Pour illustrer cette balade posthume, MPL choisit les sommets enneigés et met en scène l’un des membres du groupe en pèlerinage glacée pour jeter les cendres de la défunte. Un titre nostalgique et doux qui vous donnera sans doute des vertiges d’amour. Le groupe sera en tournée dans toute la France dès l’année prochaine et passera par Paris le 27 mars.
Pauline Pitrou
Ajaz – Le Mal Reste par Lucas Couvin
Jeune pousse du rap parisien, Ajaz livre un trip obsédant et sombre pour son titre Le Mal Reste. Mis en image par Lucas Couvin, le clip met en lumière la folie et le mal-être du chanteur sous néons et stroboscopes, « le mal reste, je l’attise » nous confie l’artiste entre deux flows. Un clip introspectif et prometteur pour un artiste qu’il faudra dorénavant suivre de très près. Le mal reste peut-être, mais il il est moins douloureux quand viennent les doux mots d’Ajaz.
Pauline Pitrou
Shabjdeed – From Ramallah to Jerusalem and Back par Hannah Rosselin
Ce sont trois morceaux que réunit le nouveau clip du tandem palestinien composé du producteur Al Nather et du rappeur Shabjdeed. Toujours produit sous la bannière du label palestinien BLTNM, la réalisatrice française Hannah Rosselin met donc en scène les morceaux Mtaktak, Mantika et Shabjdeed II du dernier album d’Al Nather et Shbjdeed, Sindibad el Ward, sorti en août dernier. Tourné notamment à Ramallah et Jérusalem, le clip alterne de longs plans réalisés au drone, présentant les artistes juchés sur des immeubles à peine construits, leurs errances ou encore des une voiture qui dérape filmée à la verticale. Le discret bourdonnement du drone vient interrompre la musique. Le clip se poursuit alors et se concentre sur les protagonistes naviguant, entre cafés, terrains de foot et dédales urbains. De la simplicité dans ce court film, mais qui suffit à mettre en avant le label dont la musique d’une grande qualité doit urgemment se propager.
Victor Costa
L’Epée – Ghost Rider par Jean de Oliveira
A l’aube de la première tournée du groupe puzzle (The Limiñanas + Anton Newcombe + Emmanuelle Seigner), L’Epée livre (déjà) un quatrième clip. Et si leur précédent, Springfield 61, nous offrait un film western animé, Ghost Rider s’avère plus mental, dans lequel s’enchaînent dans un élan épileptique plans très colorés et psychés desquels Emmanuelle Seigner émerge, dédoublée, sur ses prises de voix. Jean de Oliveira, le réalisateur du clip traduira l’idée de “figures fantomatiques, sous les allégories colorées, qui offrent une plongée psychédélique à travers la folie”.
Guillaume Lacoste
Lëster – Lace Dress par Alexis Langlois et Lëster
Pour illustrer son titre Lace Dress extrait de son dernier EP Sadness Lessons paru chez Bordel Record (créé par Scratch Massive) il y’a quelques semaines, Lëster fait appel au petit prince du trash Alexis Langlois. Connu pour ses divers courts métrages à la patte queer et morbide, le réalisateur nous transporte dans une chambre d’ado rouge sang peuplé d’étranges poupées gothiques. Un clip émo et mélancolique qui nous rendrait presque heureux d’être triste.
Pauline Pitrou
Michel – Michel et ses kheys (feat. Sneazzy) par Mohamed Chabane
Michel a déjà composé pour Ridsa. Il est également dans la musique depuis plusieurs années. Originaire du Pas-de-Calais à en croire certaines de ses phases et certains de ses clips, celui qui habite désormais à Paris compte une demie-douzaine de titres et a déjà promis un EP pour le 17 janvier. Dans son dernier single, Michel et ses kheys, le rappeur s’offre une collaboration avec Sneazzy. Le clip tourné dans ce qui semble être un centre commercial, mélange les techniques d’image (fish eye, kaléiodoscope, super 8, etc.) est en accord avec le texte. Les rappeurs, qui dans leur musique se partage équitablement entre ego-trip et anti-ego trip jouent ici parfaitement avec des poses sérieuses et des pas de danses en dégustant kebab et soda, accompagnés par deux sérieuses complices. Une réalisation excitante pour un morceau qui l’est tout autant dans le paysage du rap actuel.
Victor Costa
DaBaby – BOP On Broadway par Reel Goats
Suite à la sortie de Kirk en septembre dernier, le rappeur américain DaBaby s’associe aux réalisateurs de chez « Reelgoat » afin de mettre en image le titre phare de son projet BOP. La vidéo débute au centre d’une rue New-Yorkaise bloquée par Dababy et plusieurs groupes de danseurs se succédants, proposants chacun leur tour des chorégraphies calées au millimètre près, pour finir avec une performance des JabbaWockeez, collectif de danse hip-hop mondialement connu et reconnu pour leur immense talent et leur synchro parfaite. Un concept tout à fait basique nous diriez-vous, mais la force de ce clip réside justement dans cet effet de déjà-vu. Reelgoat et DaBaby ne se sont pas seulement réappropriés le concept du clip de rap dansé, ils l’ont sublimé par un plan séquence tout simplement époustouflant. Avec plus d’une vingtaine de personnes à l’écran simultanément et une multitude de références à l’univers de la culture urbaine New Yorkaise. BOP est donc une véritable réussite, et un petit exploit dans le renouvellement d’un concept « classique » de clip de rap américain.
Tristan Pilloix