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Rencontre avec Salut C’est Cool – « On peut avoir des hallucinations sans drogue »

Le festival Baisers volés à Saint-Malo réserve plusieurs beaux moments, dont le concert sauvage et grandiloquent du groupe Salut c’est cool. Avant de monter sur scène, nous avons pu rencontrer trois membres du groupe, le quatrième ayant réchuté d’un skate.

Il y a du monde dans cette salle réservée aux interviews. On ne sait plus où donner de la tête avant de se poser avec Louis, Vadim et Martin autour d’une table en verre. Le peu de temps accordé oblige à la concision, contrainte rassurante au premier abord face à la nonchalance assumée du groupe. Puis, après quelques minutes d’entretien, les réponses fusent à la manière des sonorités électroniques qui ponctuent ce drôle d’album qu’est Maison (2019). Plus complexe que les anciennes productions du groupe, il plonge l’auditeur dans une drôle de sensation proche du malaise avant de l’envoyer valser à l’autre bout de la pièce avec un morceau comme Bout de bois. Cet art de la bricole, du goût pour chiner sur internet comme le ferait un collectionneur dans une braderie rend Salut c’est cool touchant. Après le calme de l’entretien vient le temps de la scène.

Pour ce nouvel album intitulé Maison, on ressent un malaise en écoutant certains titres, comme si une pesanteur venait se greffer à votre univers.

Martin : Les accords sont parfois angoissants, c’est vrai.

Louis : Il y a un truc un peu dégueulasse qui fait peur au bout d’un moment, notamment dans le morceau Menu. On se fait surprendre à la fin quand on compose.

Il y a des sonorités un peu étrange comme le son d’un réfrigérateur dans Bruit.

Vadim : C’est le bruit d’un réfrigérateur trouvé sur internet.

M : C’est un freesound glané sur Youtube où le bruit d’un frigo s’éternisait pendant une heure.

Quels sont les nouveaux sons piochés sur internet pour cet album ?

V : Il y a Flavien Berger (rires). Il a fait les chœurs sur le morceau Bruit, il accompagne le frigo. Les voix s’ajoutent mais il n’y a que la sienne.

Comment s’est faite la rencontre avec Flavien Berger ?

M : On le connaissait bien avant qu’il fasse de la musique. Lui, il était dans une école de design et nous dans des écoles d’art. On a fait un film avec lui, une relecture d’Astérix et Obélix qui est sur un disque dur.

L : C’est un film tourné pendant nos vacances avec Flavien. C’était le plaisir de mettre des costumes qui a motivé ce projet.

Quand vous composez, vous travaillez chacun de votre côté ?

L : C’est plutôt comme ça, ouais. Au bout d’un moment, on se réunit pour voir ce qui peut en sortir. On compose sur ordinateur donc on peut tout faire directement.

L’album évoque l’état d’un individu après avoir consommé de la drogue. Les moments de plaisir se chevauchent avec des moments de rechutes, d’angoisse, comme dans le morceau Ça sent la maison . C’est un leitmotiv dans votre musique ?

M : Le rapport à la drogue est très personnelle. On a tous des expériences différentes par rapport à ça.

L : Ce sont plus des trips mais qui ne sont pas forcément liés à la drogue. Il y a des moments de défonce dans lesquels on compose mais ce n’est pas un sujet en soi.

V : J’aime bien ton explication pour Ça sent la maison, c’est vrai que ça repart d’un coup avant de redescendre. Tu retrouves ça dans quel autre morceau ?

Trois membres du groupe © Mathilde Cherel pour Maze

Dans Visions, par exemple. C’est peut-être davantage lié au psychédélisme qu’à un rapport direct à la drogue.

V : Les paroles sont clairement des hallucinations et c’est peut-être ça qui t’évoque ce rapport à la drogue.

M : Pas toujours des hallucinations, ça peut aussi être des jeux d’imagination. On peut avoir des hallucinations sans drogue, ce sont des possibilités offertes par l’esprit.

Votre credo est énoncé dans le morceau Techno toujours pareil. On y retrouve ce qui fait le sel de vos productions avec une certaine distance critique. Ce nouvel album, Maison, semble plus complexe.

L : Je pense qu’il est plus complexe mais pas forcément plus riche.

M : Il y a des moments où on a beaucoup travaillé dessus et d’autres moins, notamment à cause des concerts. Il y a eu un moment de flottement où on bloquait.

V : La généalogie de l’album remonte à longtemps, on avait des sons qui traînaient sans arriver à les finaliser. Il y avait quelque chose comme 70 démos.

Le public réagit comment en concert avec cet album ?

V : Il y a plusieurs morceaux que l’on ne joue plus sur scène parce qu’ils marchaient moins bien à cause d’une certaine lenteur. Le malaise pouvait apparaître dans le public.

L : Sur un concert d’une heure, on instaure une ambiance particulière. Si on met certains morceaux, on risque de briser le rythme.

M : Quand on a deux heures de concert, c’est plus compliqué de gérer notre énergie et les morceaux plus calmes peuvent être très bons pour installer des pauses, des souffles. L’album précédent était beaucoup plus brutal, voire parfois indigeste.

Quels sont vos projets pour la suite ?

L : J’aimerai bien faire de la musique de film, ça peut être marrant.

M : L’important, c’est de faire un autre album.

Salut C’est Cool en concert :

  • 15 novembre – Le Petit Salon (Lyon)
  • 28 novembre – Le Mem (Rennes)
  • 07 décembre – File7 (Magny Le Hongre)
  • 13 décembre – Espace Michel Berger (Sannois)
  • 14 décembre – La Sirène (La Rochelle)
  • 31 décembre – Nouvel An (Bruxelles)

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