CINÉMA

« L’ennemi japonais à Hollywood » : le racisme anti-nippon au pays du cinéma

(Original Caption) The above photo gives a startling first view of the transformation of actor Marlon Brando for his role of Sakini in the MGM's film version of Teahouse of the August Moon, which has started production in Japan. Glenn Ford co-stars as the American officer and noted Japanese actress Machiko Kyo plays Lotus Blossom.

Dans un documentaire disponible sur OCS à partir d’aujourd’hui, Clara et Julia Kuperberg racontent la représentation des Japonais aux Etats-Unis à travers le cinéma hollywoodien. L’occasion d’évoquer un racisme peu médiatisé mais encore existant dans la société nord américaine. 

L’excuse classique est de dire que le public n’est pas intéressé, ne peut pas se déplacer dans un cinéma pour voir un acteur asiatique star. Nancy Wang Yuen, la sociologue américaine spécialiste des questions de racisme dans l’industrie du cinéma en Amérique, détaille longuement le mécanisme d’entretien du racisme anti-japonais dans L’ennemi japonais à Hollywood.

Le documentaire est réalisé par Clara et Julia Kuperberg. 

Durant 52 minutes, les deux femmes démontrent comment le racisme envers les Asiatiques s’exprime à Hollywood depuis les années 40 jusqu’à aujourd’hui. En allant plus loin, elle décryptent les mécanismes de création de clichés physiques et surtout comportementaux à travers le cinéma. Qu’ils s’agissent de films de propagande ou simplement le divertissements, les réalisateurs ont construit le stéréotype du Japonais. 

Tout commence par une pratique aujourd’hui décriée mais tristement banale dans la première moitié du XIXe siècle, le whitewashing. Elle consiste à faire jouer des rôles d’Asiatiques, de Noirs ou de personnes non caucasiennes à des acteurs blancs. Ainsi, grâce à de nombreux extraits de films de l’époque, on découvre Marlon Brando grimé en Asiatique dans La petite maison de thé.

120 000 Nippo-américains parqués

Au moment de la Seconde Guerre Mondiale, l’aversion envers les Japonais devient plus ciblée. En réaction à l’attaque américaine de Pearl Harbor, les États-Unis déclarent la guerre aux Nippons. Désormais, des films de propagande sont réalisés et le Japonais est diabolisé et moqué dans les cartoons. « C’est encore plus dangereux parce qu’on baisse la garde quand on est face à de l’animation », estime Nancy Wang Yuen. Pire, dans le même temps, les Nippo-américains vivant en Amérique sont parqués dans des camps. Pendant cette période, 120 000 nippons seront déracinés de leur lieu de vie et déportés, comme des ennemis de la nation, alors qu’ils possèdent eux-mêmes un passeport américain. 

Le documentaire dépasse donc le simple prisme hollywoodien et fait la lumière sur l’histoire particulière entre les deux nations. Si les deux puissances se sont rapprochées pendant la Guerre Froide et qu’elles sont aujourd’hui alliées, de nombreux préconçus perdurent dans les représentations des Japonais à l’écran. 

Mickey Rooney s’est transformé en caricature pour Breakfast at Tiffany’s.

La caricature la plus populaire est sans doute Mickey Rooney dans le rôle de Mr. Yunioshi dans Breakfast at Tiffany’s (1961). Le voisin japonais d’Holly Golightly (Audrey Hepburn) est interprété par un acteur blanc avec de fausses dents avancées. Hystérique, il est maladroit et parle mal anglais.

Encore aujourd’hui, il arrive que des actrices blanches interprètent des asiatiques dans des adaptions de mangas par exemple. Plus récemment, Crazy Rich Asians a prouvé qu’un film interprété par des Asiatiques peut avoir un succès fou dans l’ensemble de la société occidentale.

L’ennemi japonais à Hollywood dépasse les préoccupations cinématographique. Il met en lumière une histoire méconnue et porte l’espoir d’une amélioration de la représentativité des Nippons dans la société américaine. 

Le documentaire sort le 13 octobre à 23h sur OCS.

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