ART

Danse – L'”isadorable” portrait de Jérôme Bel

Jérôme Bel, Isadora Duncan – Deutsches Theater © Tanz im August-HAU-Hebbel am Ufer – © Camille Blake, 2019

A l’occasion du focus qui lui est consacré par le Festival d’Automne à Paris, Jérôme Bel s’associe à la danseuse Elisabeth Schwartz pour dresser un portrait tendre et subtil de la chorégraphe Isadora Duncan.

Après Véronique Doisneau et Cédric Andrieux, Jérôme Bel a décidé de consacré un nouveau “portrait de danseur” à la chorégraphe américaine Isadora Duncan. Pour incarner les pièces de cette prodige, il a fait appel à une grande “duncanienne”, la danseuse française Elisabeth Schwartz qui interprète depuis plus de quarante ans ces pièces et poursuit cette oeuvre de transmission.

Sur un plateau nu, Bel lit des passages de la biographie de Duncan. On la suit de sa naissance en 1877 à San Francisco à ses premiers spectacles dans des salons de la grande bourgeoisie puis à ses tournées sur les plus grandes scènes du monde d’Europe et de Russie. On la découvre au travers de ses succès et des évènements qui vont forger sa vie et son travail : ses amours, la naissance – et la mort tragique- de ses deux enfants biologiques, l’adoption de ses six filles adoptives (les “isadorables”) et sa mort à l’âge de 50 ans dans un accident de voiture. Ces lectures et anecdotes sont entrecoupées de petits solos chorégraphiés par Duncan et interprétés par Elisabeth Schwartz. En musique d’abord, puis “en mots”, ceux-là même qui étaient donnés à la jeune Elisabeth Schwartz par sa professeure Julia Levien afin de retenir les pas et, surtout, de leur donner l’intention voulue par Duncan. Il est absolument fascinant de voir cette femme de 69 ans, gracile et forte, si belle dans ses tuniques d’inspiration grecque, donner vie à ces chorégraphies elles-mêmes âgées de plus de cent ans. Comme toujours avec les grandes danseuses, cela semble si facile. Pourtant, lorsque quelques volontaires du public viennent sur scène apprendre une petite forme de 57 secondes, on se rend compte que rien n’est simple et que la nature et l’âme de la danse se situent bien au-delà de l’apparente technicité des mouvements.

© Camille Blake

On passera sur l’introduction passablement lourde du spectacle qui voit Jérôme Bel “performer le programme” de la pièce qui, pour des raisons écologiques, n’est pas imprimé et distribué aux spectateurs. Pour les mêmes raisons, la compagnie de Bel ne prend plus l’avion pour des créations ou des tournées à l’étranger. On salue l’intention mais moins le besoin de s’en repaître d’un air satisfait devant un public captif (et surement déjà au courant et convaincu). On retiendra surtout la danse… et personne ne nous en voudra.

Isadora Duncan, de Jérôme Bel, avec Elisabeth Schwartz. Au Centre Pompidou le 5 octobre à 18h30 puis à la Commune centre dramatique national d’Aubervilliers du jeudi 28 au samedi 30 novembre. Dans le cadre du Festival d’Automne à Paris Durée : environ 1h.

Rédactrice "Art". Toujours quelque part entre un théâtre, un film, un ballet, un opéra et une expo.

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