MUSIQUE

Surf Curse, paradis en clair obscur

Nos angelins préférés n’ont pas tardé à refaire parler d’eux. Deux ans après la bombe Nothing Yet, Nick Rattigan et Jacob Rubeck signent un retour tout en sensibilité dans leur troisième album, Heaven Surrounds Me.

Sorti le 13 septembre dernier, le nouvel album de Surf Curse continue de faire couler de l’encre – on aura mis le temps mais notre chronique est enfin là – et pour cause, le duo livre ici un disque qui taquine la perfection. Un album qui est d’ailleurs loin d’avoir été produit par la chaussette du milieu mais plutôt et surtout par la pointure qu’est Jarvis Taveniere (Mild High Club, Widowspeak, Allah Las, Karen O). Et s’il est déjà difficile de faire un bon album, en faire un très bon est souvent un pari, comme ici où la construction du disque tend à laisser perplexe. Au début du moins.

En clair obscur

Les compositions de l’album érigent une atmosphère contrastée tant sur la musique que sur les paroles. Disco, chef d’oeuvre punk et lumineux de cet album, incarne l’idée du couple sexy qu’on voit danser dans les films, celui dont on rêve sans se l’avouer, celui qui nous donne envie de tomber amoureux rien que pour faire la même chose, “Cause there’s nothing like it not like the way you move“. A l’inverse, Safe contredit l’idée de ce dernier, répétant à multiple reprises “I’m Safe Alone” quitte à se donner mauvaise estime de soi “I’m ugly today, In so many ways“.

Très vif sur certains morceaux (Disco, Labyrinth, Trust, Midnight Cowboy), l’album joue aussi d’une certaine morosité, tristesse (Hour of the wolf, Opera, Safe). Une tonalité dont on pense pouvoir suggérer l’origine. En 2017, Nick Rattigan explorait sous son autre alias, Currents Joys, des atmosphères plus sombres qu’avec Surf Curse, sortant un album A Different Age. Une attitude qui semble ainsi avoir dépeint sur ce 3ème album quand on sait que le précédent, Nothing Yet, était bien plus enjoué et électrique.

Un sans faute  ?

Le format court des titres (3 min en moyenne) permet à l’album d’être efficace, les titres s’enchainent facilement, le duo ne laisse pas de place à l’ennui ou au doute. Et si l’enchainement façon ascenseur émotionnel peut troubler certains, comme passer de l’explosif et planant Midnight Cowboy à Hour of the Wolf, plus morose voire dépressif, où l’on retrouve Nick dans un look gothique qu’un Robert Smith n’aurait pas renié, l’album jouit d’une qualité indiscutable qui fait défaut à beaucoup d’album chaque année : tous les titres sont bons.

Le seul regret peut-être de cet album réside dans le manque de profondeur du texte qui semble peu inspiré, voire enfantin et qui ne parvient pas à donner la pleine mesure à des compositions déjà scandaleusement bien foutues. Et s’il est difficile de faire des prédictions (n’est pas devin qui veut), on peut sans prendre de risque s’avancer en disant que Heaven Surrounds Me se positionne comme l’album rock (et feel good) de cet automne et sans aucun doute l’un des meilleurs disques de l’année.

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