CINÉMA

Rencontre avec Swann Arlaud et Erwan Le Duc

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Projeté en salle depuis le 14 août, le film Perdrix a créé l’émoi. A l’origine de ce film, qui ne ressemble à aucun autre, un réalisateur et scénariste, Erwan Le Duc, puis vient un acteur porteur du rôle principal, Swann Arlaud.

C’est durant leur venue au Café des Images (Caen) pour la présentation du film Perdrix que nous retrouvons Swann Arlaud et Erwan Le Duc. Anecdotes de tournage, explications, le duo développe les rouages de ce premier long-métrage.

Comment s’est construit le casting du film, notamment pour le rôle de Pierre Perdrix ? As-tu réfléchis aux acteurs au cours de l’écriture du scénario ou ceux-ci sont-ils venus par la suite ? Que recherchais-tu exactement chez eux ?

Erwan Le Duc : La première version du scénario, je l’ai écrite sans penser à un acteur en particulier. J’avais fait ce premier court-métrage où il y avait ce personnage de Perdrix et j’ai voulu le garder. Il me plaisait et il est devenu un peu un alter ego de cinéma, au fur et à mesure. Mais au début, je n’avais pas de comédien en tête du tout, puis ensuite, j’ai travaillé avec Maud Wyler sur un court-métrage. Je lui ai proposé de faire un atelier que je faisais avec ce projet de Perdrix qui s’appelle Émergence, elle a donc participé à ça. J’ai eu une évidence par rapport au rôle, je ne savais pas, alors, si c’était elle qui jouait le rôle ou si c’était le rôle qui jouait elle. Il y avait une dimension très magique dans cette rencontre.

J’ai continué à écrire pendant très longtemps et quand est venue la phase du casting dont je parlais, j’ai commencé à me demander qui pourrait interpréter ce personnage. Je n’avais pas vraiment d’idée pré-conçue sur le sujet, on n’en a jamais parlé d’ailleurs avec Swann. J’avais du mal à voir qui pouvait incarner ce personnage, après j’avais quand même Swann en tête parce que je l’avais vu dans plusieurs films, je l’avais toujours trouvé bon et intéressant. Je me souviens que je l’avais vu dans Ni le ciel ni la terre de Clément Cogitore ou dans Baden Baden de Rachel Lang. Il existait vraiment, il y avait quelque chose de très juste. Après, on a travaillé avec une directrice de casting, on en a discuté, etc. On a fait des premiers essais avec d’autres comédiens que Swann, dont je ne donnerai pas les noms (rires). L’idée de Swann, je la gardais avec moi mais ce n’était pas ressorti au début dans les discussions, or ces premiers essais avec d’autres acteurs, ça n’allait pas du tout.

Ce qui est un peu compliqué dans ces castings là, dès qu’on cherche des gens avec un peu de notoriété, on se heurte aux agents, ou aux comédiens. Un refus car ils sont connus, car ils estiment ne pas avoir besoin d’essai. Mais avec mon expérience en court je savais que même un très bon comédien pouvait ne pas se saisir de mon texte de la bonne manière et passer à coté, c’était compliqué à accepter, ça. Je n’ai pas trouvé ce que je cherchais. On s’est dit, finalement, qu’on allait le proposer à Swann donc je lui ai envoyé le scénario. Deux jours après, il m’a dit que ça lui plaisait. On a fait des essais avec Maud.

Swann Arlaud  : Et là il m’a demandé de me mettre torse nu dans son salon et il s’est passé quelque chose (rires)

Erwan : Je me suis dis : ” ce garçon n’a peur de rien ” (rires). En une semaine, c’était plié, j’avais trouvé mon personnage aussi bien dans le texte que dans l’incarnation qu’il proposait. Même dans la manière un peu brute de ce qu’il me renvoyait, j’y voyais pleins de choses et la possibilité d’un travail. C’était à la fois un choix artistique mais aussi un choix humain, c’était important avec toute l’équipe du film qu’on puisse se comprendre humainement. Faire le même film et défendre les mêmes valeurs. Parmi les mots, un peu clés, que je m’étais posé sur la caractérisation, c’était la sincérité, la droiture, Swann est comme ça. J’avais besoin d’une intensité immédiate, car c’est un rôle très compliqué à interpréter, compliqué car il est en réaction par rapport aux autres, et se joue énormément dans le regard. C’est lui dans le regard qui fait exister les autres, il fallait donc une intensité très forte mais aussi une intériorité, qu’il se passe quelque chose à l’image, avec Swann, je voyais ça.

Erwan Le Duc et Swann Arlaud – Quinzaine des Réalisateurs / Thomas Smith

Et comment s’est déroulé votre travail ensemble sur le tournage, le scénario initial était-il très écrit ? ou il y avait t-il une certaine part de liberté dans la manière d’aborder le personnage de Perdrix ?

Swann : Moi je ne savais rien, c’était quand même très écrit. Je vais rebondir sur ce qu’a dit Erwan. En effet, j’ai tout de suite eu un coup de cœur à la lecture, je vais reprendre une phrase du scénario, c’est un peu « Tout ce dont je rêvais sans jamais avoir osé y penser ». Car finalement ce sont des choses particulières, cet endroit un peu d’absurde et en même temps un film assez philosophique qui raconte beaucoup de choses sur l’amour et sur les liens, à la fois éternels et compliqués, qu’il peut aussi y avoir dans la famille. C’est marrant car Erwan dit que c’est un personnage qui est là en réaction, et c’est là que ce métier est assez étrange car certainement lui il s’est dit ” ok, il sera au bon endroit ” et en même temps, moi je ne savais pas du tout. C’est à dire que moi j’ai adoré ce scénario, j’avais très envie d’être là, de participer à ça, il y avait cette dimension humaine qui était importante. Je connaissais un peu Maud avant de connaître Erwan, mais, pour autant, je ne savais pas très bien, moi, comment faire ça, et je me suis un peu retrouvé à regarder les autres autour et à les trouver tous sensationnels sans savoir très bien qui j’étais, moi, au milieu de ça. Et ce qui est marrant, c’est que c’est certainement l’intelligence qu’a eu Erwan, car le personnage c’est ça. Moi, je ne savais pas, j’étais juste là, en train de les regarder, c’est ce truc qu’il a vu – dont moi je ne suis pas tout à fait conscient – qui est d’être là et de ne pas savoir trop faire semblant.

Dans le travail, c’est assez simple, c’était très écrit. Après, il y a une double écriture qui est celle de l’image, qui est moins visible pour nous car on ne sait pas très bien ce qui se passe, quand on joue, on est à la fois dedans et à la fois dans ce que font les autres en face de nous, on ne sait pas grand chose du point de vue qui est adopté à ce moment-là, même si on voit des morceaux d’images, et un peu ce qui se passe à la caméra. Moi, comme j’avais ce truc de ne pas être certain d’être exactement un acteur fait pour ça, puisque je suis souvent appelé pour des rôles très réalistes, j’avais un grand plaisir, à chaque fois, à relire ce scénario. Je me mettais à travailler, je me disais ” qu’est ce que c’est bien ! “. A côté de ça, j’avais une amitié naissante pour Erwan et une grande confiance donc, ça s’est fait d’une manière assez simple, je me suis abandonné à lui. Il y a vraiment plusieurs catégories chez les réalisateurs. Il y a des gens qui sont très alertes sur ce qui se passe mais, en même temps, qui font confiance, donc à partir de ce moment-là, il y a quelque chose qui se détend et qui se déroule. Contrairement à ceux qui font moins confiance pour obtenir une image très précise qu’ils ont en tête, et là, peut intervenir un conflit, pas forcément un conflit ouvert entre deux personnes mais un conflit de travail, un moment où les gens ne se trouvent pas. Erwan, il a cette espèce d’humeur comme ça, une humeur très égale qui nous maintient, nous, en paix. On est plus ou moins un miroir, les acteurs et la réalisation, tout le monde est très angoissé par le résultat et donc si on fait peser cette angoisse, ou son doute sur l’équipe, ça devient une catastrophe.

Et là, on a jamais eu ça, on a tous eu un plaisir immense à faire ce film. C’était vraiment un travail d’équipe. Il y avait une équipe entière qui était là et contente de participer, ça donne confiance, car on se dit qu’on est pas tout seul à avoir pensé que ça valait le coup. Et après, les choses se déroulent d’elles-mêmes. Mais c’est vrai que j’ai eu cette surprise en voyant le film, c’est-à-dire qu’il y avait tout une part que j’avais totalement sous-estimée qui étaient à la fois ces pans de la mise en scène, du montage et de l’image. En fait, cette chose un peu osée au scénario, elle existe aussi dans le film, et c’est pas forcément gagné. J’ai découvert toute une partie du film que je n’avais pas imaginé, le montage, l’image et surtout le rythme, ces choses si belles. Et comment est-ce que dans un film qui mélange plusieurs genres différents, comment est-ce qu’on peut se permettre d’avoir des images extrêmement belles, et qui apportent de la poésie, et que, pour autant, ce ne soit pas en conflit avec ce qui est raconté, pour que ces choses-là ne se nuisent pas les unes les autres.

L’équipe du film Perdrix – Quinzaine des Réalisateurs / Susy Lagrange

Swann, tu dis être souvent convoqué sur des films très réalistes, mais finalement Perdrix n’est-il pas un film qui cible pertinemment la réalité absurde des choses ? Erwan as-tu l’impression d’appartenir à ce groupe de réalisateurs qui s’autorise à faire de la comédie décomplexée flirtant subtilement entre le réalisme et l’absurde ? On pense, ici, à des Salvadori ou éventuellement à des Dupieux, si l’on reste dans le domaine du cinéma français actuel.

Erwan : Ce serait un peu exagéré de me sentir là-dedans du haut de mes ” un film “, c’est un peu délicat. On me l’a dit mais ça m’échappe, personnellement. Mes références, avant de faire Perdrix, étaient plus de l’ordre du cinéma international, le cinéma japonais ou américain, celui de Kaurismäki, je citerai aussi Nanni Moretti. Le film est assez éloigné de ça dans la forme mais en tout cas dans l’audace que peut avoir Moretti dans ses films, notamment des années 80-90, cette manière de partir, ça rejoint ce que tu dis sur cette absurdité qui part du réel. Moi, je suis assez attaché à ça. J’ai besoin de parler du vécu, de situations très concrètes et après il suffit de les décaler un petit peu, et, par la liberté que peuvent s’octroyer les personnages à un moment ça se décale, sauf que lui, Moretti, le fait remarquablement bien. Et c’est vrai que sur de nombreuses scènes du film qui peuvent paraitre burlesques ou absurdes et bien ça parle de choses très concrètes.

Il y a une scène de réunion de service, comme ça, où tous les gendarmes sont en train de cuisiner le personnage de Perdrix. C’est un moment absurde et assez drôle, je l’espère en tous cas. Je sais d’où elle vient et elle a été écrite à partir d’une expérience que j’avais eu, moi, d’un séminaire de management où je m’étais retrouvé comme ça, et où des gens qui sont des chefs de service ; car je travaille aussi comme journaliste donc j’ai aussi cette expérience là de vie de bureau ; se mettent à parler d’eux, de leur vie et de choses très intimes, et le lendemain se croisent à la machine à café à échanger des banalités ” ça va ? oui et toi ? “. Ce qui m’intéresse, c’est comment des choses comme ça, de la vie de tous les jours, peuvent dérailler assez vite pour devenir des trucs un peu absurdes.

Il y a une grosse attention à ce que rien, dans le film, ne soit gratuit. Même les gags doivent toujours vouloir dire quelque chose : une étagère qui s’écroule parce qu’on pose un dossier de trop dessus, ça raconte ce qu’il y a dans la tête du personnage à ce moment-là, donc il faut que ça raconte, à chaque fois, au-delà de la blague, et qu’on assume aussi la blague fortement.

C’est ce que tu mets en place dès le début, Perdrix plonge directement le spectateur là-dedans, on se laisse prendre sans trop savoir où l’on va être emmené. Notamment dans cette scène du vol de la voiture de Juliette, avec cette femme nue qui sort de nulle part, on se dit ” ok, où est-ce qu’on va là ? “, et en fait, le film revient nous chercher pour nous dire ” en fait il y a un groupuscule de nudistes à côté “, ça nous maintient dans une forte crédibilité.

Erwan : En tous cas, c’était important dans le film que le spectateur entre tout de suite dans l’univers. Après, la question du réalisme, pour moi, elle est presque hors-sujet. J’essaye de proposer un autre réel qui n’est pas si loin de celui qu’on côtoie. Dans le film, il fallait qu’on soit pris par cette dimension et qu’on soit tout de suite dedans, qu’il n’y ait pas de fausse piste.

On a parlé du personnage joué par Swann mais pour ce qui est du reste du casting, comment ce groupe de personnes a été amené ensemble ? On pense notamment au personnage de Juju (Nicolas Maury) qui est tout simplement génial et qui est totalement à contre-courant des rôles attribués à cet acteur, au cinéma.

Erwan : Nicolas, je l’ai vu au théâtre, et c’est en le voyant au théâtre faire d’autres choses que j’ai eu envie de travailler avec lui. Je trouve que c’est un comédien qui invente énormément et qui a une palette de jeu très large. Cette fois, j’ai écrit le rôle en pensant à lui, avec l’idée de travailler avec lui et donc c’était aussi simple que ça. Et comme c’est un personnage un peu particulier, qui est sur un fil, j’avais besoin d’un acteur qui soit capable de marcher comme ça, à la manière d’un funambule sur ce fil-là, qu’il ne sache jamais trop où il va. Et après, pour le reste du casting, Fanny Ardant par exemple, c’est venu un peu plus sur la fin. Elle est venue sur le tournage comme dans le film, un peu comme une apparition et quelque chose de très concret. Le scénario lui plaisait beaucoup aussi et en même temps, sans parler du film, j’ai vu tout de suite qu’on se comprenait et qu’on savait à quel endroit on était.

Après, l’enjeu avec Fanny, Swann et Nicolas, c’était qu’ils forment tout de suite une famille. Et ça, ça ne dépendait vraiment que d’eux, car on a pas pu faire de répétitions avant. Ils se sont très peu vus. Je crois que Fanny, on ne l’a vu qu’une fois, par exemple. D’emblée, c’était le choix humain du casting, je voulais réunir des gens venant d’univers assez hétéroclites, que chacun apporte un monde différent mais, en même temps, qu’ils forment une famille. Ça dépendait vraiment d’eux et du regard qu’ils portaient les uns sur les autres et comment faire que cette famille et cette familiarité existe d’emblée à l’image. Ils l’ont très bien fait, c’était une manière de se jeter dans le bain, notamment pour Swann ou Nicolas, se retrouver face à Fanny Ardant assez vite sur des scènes un peu dramatiques. Il ne fallait pas se poser trop de questions, et c’est ce qu’ils ont fait. Elle, elle avait la générosité et le talent pour recevoir ça et faire autre chose.

Ton rapport à ce groupe d’acteurs Swann ?

Swann : Eh bien Alexandre Steiger, dont il faut parler, le commissaire, et dont malheureusement on ne parle pas assez dans la presse, il est juste merveilleux. Erwan le connait depuis longtemps, il a été pour moi un partenaire de jeu d’un grand bonheur et il est celui qui connaît le plus l’univers d’Erwan. Il a ce flegme impossible, je vais surement dire une bêtise mais ce truc un peu “anglais “, où il dit des choses improbables, mais qui ne sont pas si improbables que ça, avec cette manière de les dire. Je crois que sur cette question du réalisme ou de l’absurde, certainement l’intelligence d’Erwan au casting est de dire qu’il va prendre des acteurs qui vont jouer la chose comme quelque chose de très réaliste, et, en effet, s’il avait choisi une bande qui jouait l’absurde, eh bien on serait totalement passés à côté. De jouer les choses très premier degré, finalement, la comédie c’est ça. C’est à la fois le rythme, dont on est pas les seuls maîtres car il y a le montage qui est très important, et le truc d’être très premier degré quand on raconte une chose drôle, c’est-à-dire de ne pas en rire soi-même.

Erwan : Il fallait beaucoup de sincérité, à tous les niveaux, ça rejoint ce que dit Swann d’être le plus sincère possible, de ne jamais mettre de second degré et qu’après ça viendra autrement. Il fallait être tout à fait au premier plan et tout à fait au présent. Ça se joue beaucoup là-dessus, mais c’est ce qu’il y a de plus dur pour les comédiens d’être véritablement présents et d’être dans une grande sincérité comme ça, et de faire énormément confiance au texte et au réalisateur, pour se dire : ” voilà je vais pas en rajouter, commenter ce que je suis en train de dire “. Je pense qu’après Alexandre Steiger, on se connaît depuis longtemps, en effet, et il était dans le premier court-métrage, Le commissaire Perdrix ne fait pas le voyage pour rien, il jouait déjà le lieutenant acolyte de Perdrix, il s’appelait Webb d’ailleurs (comme le personnage de Maud Wyler dans le film), et pour Swann j’avais l’impression qu’il avait été à un moment comme une balise par rapport à ce que moi je cherchais dans l’univers et dans le ton qui n’est pas évident à trouver. Et avec Alex, on se comprend vite, et il peut transmettre dans sa manière de poser les choses.

« Je voulais faire une chose simple, en fait, je voulais faire un film de cinéma. »

Erwan Le Duc

Pour tout ce qui est du travail sur l’image, les décors, etc. C’est un ensemble très marquant, comment on arrive à ce résultat ?

Erwan : Moi je voulais faire une chose simple, je voulais faire un film de cinéma. C’est bête à dire mais j’avais vraiment cette ambition. Ça veut dire que c’est simplement de l’image et du son, et de l’émotion si ça se passe bien. Mais que l’image et le son soient partie prenante du récit, aussi importants que le scénario et les acteurs. Il fallait qu’il y ait une direction artistique forte, c’était quelque chose que je voulais d’emblée, ça a été un travail avec chaque chef de poste. Au niveau de l’image avec le chef opérateur, que je connaissais bien car on avait fait deux court-métrages ensemble auparavant, et qui est un grand chef opérateur, Alexis Kavyrchine, il a bossé avec Emmanuel Finkiel (La Douleur), Cédric Klapisch (Ce qui nous lie). Il avait très envie de faire Perdrix et il était très content d’en faire partie pour pouvoir, peut-être, prendre des risques aussi au niveau de l’image, pour retrouver une certaine liberté par rapport à ça : une liberté dans la manière de cadrer, dans la couleur, l’étalonnage aussi. Il fallait qu’il y ait beaucoup de couleurs sans que ce soit pop, une certaine densité dans l’image. Ce sont des éléments un peu techniques pour lesquels on passe beaucoup de temps. C’est la même chose au niveau du son, que le son soit vraiment travaillé, que l’on joue avec, qu’on propose différentes choses.

Et au niveau de la déco, c’est aussi quelque chose de très important, que ce soit Mathieu Descamps qui a fait le son ou Astrid Tonnelier qui a fait la déco, ce sont des gens avec qui j’avais fait des courts aussi, et pour moi c’était très précieux car ils savaient ce que je cherchais, on pouvait aller vite, et surtout je leur laissais une certaine liberté pour composer les choses. C’est comme pour les comédiens, on arrive avec quelque chose d’un peu fort, et on leur propose de travailler avec un point de vue, et eux, ils en font autre chose, parfois ils désobéissent, parfois ils font d’autres trucs, et moi-même, parfois ça peut ne pas me plaire au premier abord, mais je trouve que c’est intéressant quand ça ne me plaît pas aussi. Par exemple, pour la déco j’avais des doutes par moment, et c’est en voyant la photo ou le montage, où je me dis ” ah oui d’accord, donc ça, ça donne ça “. Il y a pleins de choses dans le film qu’ils ont ramené et inventé, c’est ce qui est chouette. Il faut laisser la place à des collaborateurs qui, artistiquement, ont des choses à apporter.

La musique prend une place prédominante dans le film, notamment la musique originale composée par Julie Roué (Jeune Femme)

Erwan : Julie Roué, elle a fait la musique originale du film, et il y a pas mal de musiques additionnelles que j’avais envie d’utiliser comme Gérard Manset ou Niagara et de la musique classique. Elle est arrivée en composant une partition assez juste et très simple, avec un thème et des variations. Ça permettait de faire un lien certain tout au long du film et de ne pas avoir un ensemble trop hétéroclite, de naviguer entre la comédie, tout en composant avec quelque chose de plus romantique.

Ça a été une surprise pour vous d’être à Cannes ? Particulièrement, dans la sélection de la Quinzaine ?

Erwan : Tout a été assez vite avec ce film, finalement. C’est vrai que ça a été une surprise. On en rêve toujours un peu, car non seulement être à Cannes mais en plus à la Quinzaine avec un premier film, c’est quand même assez joyeux. Stressant aussi, mais la présentation là-bas s’est très bien passée. C’était la première fois que je voyais le public face au film et c’était vraiment très émouvant !

Du cinéma et de la musique - Master Métiers de la Culture

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