MUSIQUEMusique en bref

MUSIQUE EN BREF – Fin d’été, petits et grands formats

© Jadu Heart

Tous les 15 jours, Maze vous offre un tour d’horizon des dernières sorties musicales. Pour cette fin d’été, décryptage de deux albums et trois EP sortis le 16 août dernier.

Jadu HeartMelt Away

Suite à une attente justifiée de près de trois ans, Jadu Heart sort son second album, Melt Away, un travail qui a gagné en intensité mais qui demeure cependant inégal. Jadu Heart, soit le duo Alex Headford et Diva Jeffrey, joue toujours la carte des voix âpres et dégagées ainsi que des tonalités lascives. La formation impose de la sorte un style hors du temps, s’autorisant aussi bien des frasques mondialisées et des partitions plus “classiques” autour d’une ossature électronique, voire pop. Cet album met en exergue des singles qui ont déjà prouvé leur efficacité précédemment comme la composition résolument chillwave I’m a Kid (single sorti en 2017). D’autres morceaux nous laisse plus de marbre portée par une mélancolie sombre trop exacerbée et irrémédiablement insignifiante, comme Forgotten Ghosts. Reste des parties mémorables, Zorah Come Home a ainsi toute l’étoffe et la composition d’une réussite, ou Euphoria qui se veut plus intriguant.

Coup de coeur : Zorah Come Home

Sortie le 16 août

Caroline Fauvel

The Murder Capital – When I Have Fears

Après un premier single punk très sombre intriguant, les irlandais de The Murder Capital viennent ajouter leur pierre à l’édifice d’une nouvelle vague de rock qui déferle depuis plusieurs années, portée notamment au Royaume-Uni par IDLES ou encore Shame, aux États Unis par Fontaines DC, mais aussi en France, avec MNNQNS. Avec When I Have Fears, The Murder Capital convoque la part sombre de ce rock qui penche beaucoup vers le punk. For Everything ouvre l’album. James McGivern y scande sans concession les premiers mots de l’œuvre. La guitare sonne comme une menace. Puis, une autre vient casser l’urgence du début du morceau, en lançant des accords plus lent. Par là, elle vient donner au morceau un relief pop. L’album navigue alors entre morceaux musclés, qui ne concèdent rien sinon une certaine sensibilité, et de longues balades sombres. Si l’on peut penser à Interpol ou Bloc Party en découvrant The Murder Capital, c’est — cette fois-ci ce n’est pas utilisé abusivement — Joy Division. Peut-être trop malheureusement. Parfois, certains morceaux semblent être le lointain écho d’Unknown Pleasures. Mais The Murder évite largement d’être une pâle copie, en offrant, avec la voix de son chanteur et la fougue d’un premier album, un disque qui a largement sa place au sein de cette scène rock.

Coups de cœur : For Everything, Feeling Fades

Sortie le 16 août

Victor Costa

A$AP Ferg – Floor Seats (EP)

Deux ans après Still Thriving, véritable classique de la Trap, A$AP Ferg est de retour avec Floor Seats pour endiabler nos dernières soirées d’été. Malgré la longue attente entre ces deux projets, A$AP Ferg a décidé de revenir sous le format EP. Les fans seront ravis par les flows toujours plus incisifs et entraînants, des feats avec A$AP Rocky, Madein TYO ou en encore Ty Dolla $ign et, bien sur, des instrus toujours plus turn up idéales pour retourner la salle à l’image du premier titre, l’incroyable Floor Seats. Cependant, le fait que cet EP soit si fidèle à son univers est à double tranchant. La similitude de certains titres, en particulier Jet Lag, peut laisser une impression de déjà vu, non négligeable sur un format aussi court. Mais ce petit bémol est vite rattrapé par l’ajout de quelques nouveautés telles que la présence d’Asian Doll et Rico Nasty sur les titres Wigs et But naked, ramenant des voix féminines fortes dans un monde encore très masculin, ou encore le titre Dreams, Fairytales, Fantasies aux sonorités RNB des années 90 qui nous offre une sortie d’EP douce et planante. Le “trap lord” revient donc fort dans le rap game avec de l’énergie à revendre, et continue de faire briller le quartier de Harlem sur la scène rap américaine.

Coup de cœur : Floor Seats, WAM, Pups

Sortie le 16 août

Tristan Pilloix

Channel Tres – Black Moses (EP)

Figure de proue d’un groove galvanisant, Channel Tres a fait son apparition dans notre panorama musical en 2018, il enchaîne depuis les différents singles et propose une musique sincèrement exaltante. Artiste originaire de Californie, il impose une voix toujours suave et amère qui vient prendre part aux ébats sensationnels d’une rythmique décomplexée. Difficile de classer le travail de Channel Tres empruntant tour à tour à différents styles : RnB, dance, afro, hip-hop ou rap. Si l’ensemble demeure fidèle à lui même, l’artiste sort rarement de sa zone de confort adoptant des formalités moins ambitieuses que sur ses précédentes compositions, on pense ici à des morceaux comme Glide ou Controller qui ont durablement marqué notre esprit. L’EP, Black Moses, gagne cependant à être connu pour des compositions comme le titre du même nom (ici en featuring avec JPEGMAFIA), mais aussi Raw Power, deux titres transcrivant une fougue certaine.

Coup de cœur : Black Moses

Sortie le 16 août

Caroline Fauvel

Epiphany (EP) – Ross From Friends

À la manière de Moderat ou Four Tet, le britannique Ross From Friends s’approprie dans ce dernier EP des sonorités sensibles et matérielles pour le synthétiser plus nettement sur les morceaux Epiphany et Phantom Ratio. The Revolution, troisième et dernière composition de ce bref EP, reprend une structure plus habituelle de sample progressif et strictement rythmé, avec un élan moins sombre que les deux autres. Un trois titres de chez Brainfeeder somme toute plaisant qui retranscrit une frénésie noctambule omniprésente dans la musique de Ross From Friends, et ce depuis ses premiers albums. Une suite pleinement honorable pour son album Family Portrait sorti l’année dernière.

Coup de coeur : Epiphany

Sortie le 16 août

Caroline Fauvel

Le podcast

AMOUREUX DES SONS, DES MOTS ET DES IMAGES, DE TOUT CE QUI EST UNE QUESTION D'ÉMOTION, DE RYTHME ET D'HARMONIE.

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