CINÉMA

FFA 2019 « Le regard de Charles » – Un film de famille trop intime

© Anna Sanders

Avec l’aide de Mischa Aznavour (fils du chanteur), Marc Di Domenico réalise un film basé sur les archives personnelles de Charles Aznavour. Un long-métrage un peu trop familial pour être apprécié au cinéma.

Présenté en film de clôture du Festival d’Angoulême, le film n’a pas fait sensation auprès du public, venu peu nombreux. Il retrace la vie de Charles Aznavour de son point de vue. Le chanteur était passionné de vidéo et a filmé de multiples instants de sa vie. Parfois trop intimes pour être dévoilés au grand public.

Le spectateur voyeur

On connaissait le chanteur et la vedette, mais Charles Aznavour ce n’est pas que ça. Romain Duris prête sa voix au chanteur à partir d’écrits et d’entretiens. L’artiste ne tenait pas qu’un journal intime, il posait sur le papier, à la manière d’un philosophe, les passages marquant de sa vie, de manière réfléchie. Tout au long du film, c’est donc les mots de Charles Aznavour que l’on entend. Des mots privés sui découlent d’une réflexion intime, qu’il n’aurait peut-être pas exposés à tout le monde de son vivant. Ses enfants, ses mariages, ses amis. On découvre un Charles Aznavour que l’on ne connaît pas, séducteur et qui doute peu de sa future réussite.
Dans l’idée, réaliser un film sur la star internationale qu’a été Charles Aznavour est un bel hommage. Mais dans les faits, on se sent trop intrusif dans la vie de l’artiste. Quand il tournait ses images, Charles Aznavour n’avait pas pour but d’en faire un film. Elles devaient rester personnelles, comme les cassettes vidéos que nos parents ont pu tourner de nous enfants. Le chanteur les a partagées quelques années avant sa mort avec le réalisateur. Mais donner des images d’archives ne veut pas forcément dire en faire un long-métrage, du moins pas à destination du grand public.

Un bel hommage

La bande-originale du film en revanche correspond aux attentes. On chantonne La Bohème, on tape du pied sur Les Comédiens. Et on découvre des titres qui n’ont pas été des tubes, comme un chant arménien en hommage à ses origines. Même si on aurait aimé en entendre plus tout de même.
On le découvre avec plaisir en train de filmer secrètement des vedettes. Comme Edith Piaf le jour de son mariage, ou Lino Ventura sur le tournage d’Un taxi pour Tobrouk de Denys de La Patellière. Étrangement, les images sont vraiment bien tournées, les cadrages sont bons et réfléchis, même pour un vidéaste amateur. Même la manière dont il filme ses enfants et ses femmes est faîte avec l’œil d’un cinéaste, mais également d’un homme qui filme son quotidien et son intimité.
Ce film nous apprend également son goût prononcé pour les voyages. De la Chine à l’Arménie en passant pas les États-Unis ou l’Afrique, Charles Aznavour cherche son âme d’enfant aux quatre coins du monde. Il y emmène à chaque fois sa dulcinée et n’hésite pas à la filmer, beaucoup.
En tant que spectateur, on apprécie ce film parce que c’est Charles Aznavour. Réalisé avec l’histoire d’une autre vedette moins appréciée et aux titres moins cultes, cela aurait sûrement moins touché le public. Le chanteur est dans le cœur des français depuis des décennies et ce film n’ajoute rien à l’affection qu’on lui porte.

Sortie en salles le 2 octobre 2019.

Manon Brethonnet, Malvina Raud.

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