CINÉMA

FFA 2019 « Le Dindon » – Une bonne farce

Tromperies, quiproquos et vaudeville à l’ancienne, Jalil Lespert signe Le Dindon. Adapté d’une pièce de théâtre de Feydeau et transposé aux années soixante, cette comédie légère est à la hauteur des attentes.

Jalil Lespert (Yves Saint Laurent, Une femme heureuse) a trouvé la bonne recette. L’équipe qu’il fallait pour interpréter Le Dindon. Présenté en avant-première au festival d’Angoulême, le film a su faire rire le public, heureux de retrouver des acteurs qu’il affectionne.

Que serait un bon vaudeville sans histoires complexes et entremêlées ? Victoire Vatelin (Alice Pol) est la femme parfaite : travailleuse, belle et surtout fidèle. Lorsque Edmond de Pontagnac (Guillaume Gallienne), séducteur aux multiples conquêtes s’éprend d’elle, Victoire en parle à son mari René (Dany Boon). Pas de chance, les deux hommes se connaissent et sont amis. Ajoutez à cela l’épouse d’Edmond de Pontagnac (Laure Calamy), un jeune et bel étudiant (Ahmed Sylla), lui aussi amoureux de Victoire et l’ancienne maîtresse (Jessica Sherman) de René. Voici la recette d’un scénario riche en rebondissements.

Une dose de bonne humeur

Le casting a des airs de troupe de théâtre. Les personnages sont hauts en couleurs et leurs rencontres absolument fortuites. Par cet enchaînement rapide d’événements drôles et impromptus, le public se laisse volontiers emporter avec eux dans leurs aventures. Le film court (1h25) passe vite, à la manière d’une pièce de théâtre.

Une fois dans un lieu les personnages y restent, comme si le plateau était une vaste scène de théâtre. Le somptueux appartement du couple Pontagnac, l’hôtel où tous les personnages se rencontrent, et le logement de l’étudiant qui clôture le tout. Trois décors pour un film en trois actes.

On retiendra également des blagues qui tombent à point nommé. Certes attendues mais qui fonctionnent quand même et font rire le public. Et c’est exactement ce que l’on attend du film. Avec Guillaume Gallienne, Dany Boon, Alice Pol ou encore Ahmed Sylla à l’affiche, c’est une dose de bonne humeur et d’humour que l’on vient chercher devant Le Dindon, pourtant texte du théâtre classique.

Un retour dans le temps

Même s’il existe aujourd’hui encore quelques films d’époque, c’est assez rare d’en voir dans le genre de la comédie. Le Dindon apporte ainsi une certaine légèreté dans ce genre. Les couleurs flashent, les costumes sont élégants, les voitures clinquantes et les musiques d’un autre temps… Puisque la pièce de Feydeau a été écrite à la fin du XIXe siècle, on pourrait s’attendre à ce que les thèmes abordés soient très bourgeois, comme à l’époque. Mais c’est loin d’être le cas. Comme Camille Lellouche le disait à l’avant-première « appelons un chat un chat, je joue le rôle d’une pute », le film montre « des femmes qui ont le choix ».

Le thème de la tromperie est très présent dans l’histoire et ne concerne pas que les hommes. Même si Madame Vatelin ne trompera pas la première, elle pourrait quand même commettre l’adultère. Ce ne sont pas les femmes qui commencent mais elles n’hésiteraient pas à se jeter dans les bras d’un autre si leur mari était infidèle. De la même manière, le personnage interprété par Camille Lellouche est une prostituée bisexuelle. Et sa sexualité est soulignée dans le film à la fois pour amuser, pour amener le désordre, mais également pour montrer le début de la liberté sexuelle pour les femmes à cette période. On ne rit plus de la sexualité féminine, on la vit.

Sortie en salles le 25 septembre 2019.

Manon Brethonnet, Malvina Raud

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