CINÉMA

FFA 2019 « La Fille au bracelet » – Le spectateur en juré

© Mathieu Ponchel

Pour son cinquième film, Stéphane Demoustier dresse le procès prenant d’une adolescente de 18 ans, a priori sans histoire. Un drame en quasi huis-clos qui place le spectateur sur le banc des jurés. Et qui lui inocule tout le stress d’une audience en Cour d’assises.

À Angoulême, la salle de cinéma a pris le temps du film des airs de tribunal. Des spectateurs changés en jurés venus assister au procès d’une lycéenne de 18 ans. Alors qu’elle est en vacances à la mer avec ses parents, Lise – interprétée par la jeune comédienne Mélissa Guers – se fait arrêter par la police. La vie de Lise bascule : elle est accusée du meurtre de sa meilleure amie. Deux ans plus tard, on la retrouve sur le banc des accusés, bracelet électronique à la cheville. Commence alors le long et pesant procès d’une adolescente que l’on ne sait juger coupable ou innocente.

De l’autre côté de la cage de verre, il y a les parents de Lise convaincus de l’innocence de leur fille. L’avocate de l’accusée, ténor du barreau qui essaie de tenir tête à une avocate générale accusatrice et déstabilisante. Et les différents témoins, qui apportent leur version des faits. Tous essayent de convaincre un jury, dont le spectateur fait partie.

Sans fioriture et sans faille

Ce qui frappe dans ce film, ce sont les silences. Stéphane Demoustier a su transmettre par ces vides récurrents l’angoisse d’un procès. Les questions accablantes de l’avocate générale laissent l’accusée et les témoins sans voix, ce qui donne au spectateur le temps d’imaginer ce que lui aurait répondu.

Les secondes sont ressenties comme des minutes lorsque la caméra du réalisateur reste braquée sur un des acteurs. Souvent, l’accusée ou les témoins restent à l’écran, même lorsqu’une autre personne s’adresse à eux, insistant ainsi sur la moindre émotion qui pourrait les trahir.
Sans fioriture, on dirait que c’est ainsi que Stéphane Demoustier a souhaité son film. Le réalisateur ne s’encombre pas de plans complexes. Il veut aller droit au but en filmant l’essentiel. Juste ce dont on a besoin pour comprendre les faits et se faire un avis. Comme pour un juré en Cour d’assises.

© Mathieu Ponchel

Roschdy Zem endosse le rôle d’un père calme et vent debout contre la condamnation de sa fille. Il ne doute à aucun moment de l’innocence de Lise et ne faiblit pas quand il apprend la vie décomplexée que mène sa fille. Idem pour Chiara Mastroianni qui incarne une mère qui a du mal à affronter le procès mais qui défendrait bec et ongles sa fille aînée.
Et puis dans son rôle glaçant, Mélissa Guers excelle. Pourtant accablée par le Tribunal, Lise se montre sans faille. Tout au long du film, elle ne verse aucune larme, reste froide et sa compassion pour son amie morte est imperceptible. À tel point qu’à la fin du film, chacun a son appréciation sur la jeune fille. Innocente ou coupable ? À vous de juger.

Sortie en salles le 5 février 2020.

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