CINÉMA

FFA 2019 « Camille » – Entre passion et dévotion

© Pyramide Films

Boris Lojkine présente l’histoire vraie de Camille Lepage, photojournaliste indépendante tuée en Centrafrique pendant la guerre civile. Cinq ans après sa mort, Lojkine adapte cette tragédie.

En allant voir Camille, on sait que l’on ne va pas rire. Les spectateurs ne sont pas épargnés par la violence des actes qu’a photographié Camille Lepage. En 2013, la jeune femme qui rêve de vivre de sa passion saute dans un avion direction le Centrafrique, un pays au bord de l’explosion. Très vite elle se retrouve emportée par la dévotion qu’elle porte à son métier. Au fil de ses rencontres, elle s’attache à ce pays et ses habitants, sûrement trop. En suivant quotidiennement un groupe de rebelles, Camille se retrouve dans une embuscade et est abattue.

Un métier dangereux mais indispensable

La mère de Camille Lepage est présente dans la salle au moment de la projection, l’occasion pour les spectateurs de la rencontrer avant que le film ne soit lancé, les plongeant un plus dans l’horreur de cette histoire. Dans le film, Maryvonne Lepage est interprétée par Mireille Perrier. On la voit prévenir sa fille du danger, et la fait promettre, comme n’importe quelle mère, de ne pas prendre de risque. Une promesse impossible à tenir lorsque l’on est photographe de guerre.
Le film montre également d’autres journalistes de grandes rédactions françaises eux aussi sur le terrain. Camille sort du lot : une femme de vingt-cinq ans et encore pleine d’idéaux sur ce qu’elle est capable de changer. Boris Lojkine expose ainsi la réalité du métier de journaliste : le choix des photos à envoyer, les rédactions parfois trop indifférentes à ce qui se passe loin de Paris, et la déontologie sans cesse remise en question.

Car le spectateur n’est pas épargné par la violence des images. Cette guerre civile a fait des milliers de morts, entre trois et six mille selon les Nations Unies. Des massacres à la machette et des tueries sanglantes entre chrétiens et musulmans ont décimé des villages entiers. Le sang et la mort étaient le quotidien des centrafricains, et c’est ce que Camille voulait montrer.

© Pyramide Films

Un biopic sans artifice

Il est rare au cinéma de voir des biopics sur des personnes qui ne sont pas des célébrités. Boris Lojkine n’a pas réalisé Camille pour la gloire mais bien pour l’histoire de cette jeune femme qu’il a découvert comme tout le monde, dans un article annonçant sa mort.
Nina Meurisse (Place publique, Une vie) ressemble presque comme deux gouttes d’eau à Camille Lepage. Lorsque le personnage de Camille prend une photo, ce sont les vrais clichés de la photojournaliste qui apparaissent à l’écran. Le réalisateur a eu le désir de coller au plus près de la réalité. L’actrice porte les mêmes vêtements, bijoux et lunettes que Camille. Jusqu’au modèle de l’appareil, tout a été pensé pour ressembler à la journaliste et lui rendre l’hommage le plus vrai possible.
Elle laisse derrière elle de nombreuses photos, publiées dans Libération ou au Nouvel Obs. Et le souvenir d’une photographe engagée, prête à mourir pour un métier dangereux mais empli de piété.
Camille Lepage est la cinquième journaliste tuée en Afrique subsaharienne. Et la vingtième dans le monde en vingt-cinq ans. Camille montre que la jeune femme n’est ni la première ni la dernière à mourir pour sa passion.

Manon Brethonnet, Malvina Raud

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