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Carnet de voyage : un mois au coeur du Münsterland

Même les voyages les plus minutieusement préparés laissent toujours la place à l’inattendu. Parti un mois en Rhénanie du Nord-Westphalie (Bundesland du Nordrhein-Westfalen) et plus exactement dans la province de Münster (Münsterland) pour perfectionner mon allemand, je ne pensais pas revenir avec autant de souvenirs dans mes bagages. Et pourtant… 

Localisation de Laer (Nordrhein-Westfalen) @Google Maps

C’est grâce à un comité de jumelage et de manière assez inespérée que j’ai pu partir pour l’Allemagne. Tout était prévu depuis des mois : logé chez l’habitant à Laer, employé pour le mois dans un garage voisin situé à Rosendahl-Darfeld, je savais que j’allais être forcé de parler allemand – et tant mieux ! En revanche, je ne m’étais pas informé au préalable sur les lieux touristiques à découvrir. Je me suis vit rendu compte que j’allais passer le mois en pleine campagne.

Le moulin de Bernhard Potthoff, Laer. @GuéricCardet

Mais comme je le découvris bientôt, la Westphalie (Westfalen) ne se réduit pas à ses champs et ses parcs à éoliennes. Ainsi, aussi bien embarqué par mes hôtes que de manière autonome grâce aux bus de ligne, j’ai pu jouer les touristes et partir à la découverte de la région. Il serait trop long de vous décrire mes journées une par une, je me contenterai de vous parler des points forts de mon séjour.

Il m’était impossible de ne pas visiter Münster, LA grande ville (officiellement Großstadt depuis 1915) des environs. Ville étudiante et dynamique où tout le monde se déplace à vélo sur des pistes construites sur le tracé des anciennes fortifications. Sa vie nocturne a de quoi séduire mais c’est son architecture qui m’a coupé le souffle, balancée entre catholicisme et protestantisme, quoique profondément gothique. La cathédrale Saint-Paul (St.-Paulus-Dom) et l’église Saint-Lambert (Lambertikirche) ont de quoi impressionner. Non loin des musées et en plein centre historique, sa mythique rue marchande (le Prinzipalmarkt), bordée d’immeubles aux façades vertigineuses, n’est pas en reste. Les touristes et les badauds s’y amassent pour faire leur shopping ou s’attabler en terrasse. C’est aussi là que se trouvent la mairie (Rathaus) où fut signée la Paix de Münster en 1648, ce qui mit fin à la Guerre de Trente ans. 

Cathédrale Saint-Paul, Münster @GuéricCardet
Église Saint-Lambert, Münster. @GuéricCardet
Prinzipalmarkt, Münster. @GuéricCardet

Münster ne constitue pas le seul pôle urbain de la région, qui, malgré son aspect rural regorge de petites villes aux maisons médiévales et aux beautés cachées. J’ai également visité Steinfurt, le parc du château (Schlosspark) et le Parc du Bagno (Steinfurter Bagno), dont les plans d’origine qui jalonnent le parcours de promenade sont écrits en français, du temps où la  région avait été conquise par Napoléon (1806-1811). 

Centre historique de Steinfurt. @GuéricCardet
Wasserschloss Steinfurt (au fond), Steinfurt. @GuéricCardet
Vue de Steinfurt depuis le Katholischem Friedhof (cimetière catholique). @GuéricCardet

La Westphalie, ce sont aussi une kyrielle de châteaux (Schlösser) et de bâtisses (Häuser), privés ou non, disséminés à travers les plaines et les bois, tantôt reconvertis en musées, tantôt dissimulés derrière les hauts murs de leur domaine. Vous pourrez observer ci-dessous le Château de Darfeld, découvert par hasard lors de mon dernier jour de travail alors que je me promenais pendant ma pause déjeuner. 

Wasserschloss Darfeld, Rosendahl-Darfeld. @GuéricCardet
Wasserschloss Darfeld, Rosendahl-Darfeld. @GuéricCardet

Le récit de mon séjour serait incomplet si je n’évoquais pas les fêtes et les traditions auxquelles j’ai été invité à participer. Chaque village ou regroupement de villages, du moins là où je suis allé, organise sa Schuetzenfest au commencement de l’été : une cible est placée en hauteur, les candidats (masculins) doivent l’atteindre afin de devenir le roi ou Schuetzenmeister. Aux côtés de sa reine (souvent sa compagne ou son épouse), ils paradent jusqu’au clou des festivités : le Königsball. Blesch Musik et danses de couple, la fête bat son plein pendant 3 jours ! 

C’est à la tradition du Kränzen que j’ai plus directement participé. Le professeur de danse de mon hôte se mariait avec son compagnon. La veille du mariage (qui fut d’ailleurs splendide), les voisins et/ou les proches se réunissent chez le couple pour installer une immense couronne autour de leur porte d’entrée. On y accroche des présents, des décorations, des mots, et le couple passe au travers, sous les applaudissements. C’est, évidemment, l’occasion de boire un coup et de danser sur le perron.

Kurz gesagt, voici ce que je peux dire de mon séjour à Laer : un mois surprenant, éreintant mais pour le meilleur, riche de belles rencontres et de moments inoubliables. Barbara, tout compte fait, n’était pas très éloignée de la vérité :

Gewiss gibt es dort keine Seine

Und auch den Wald nicht von Vincennes

Doch gäb’s viel, was zu sagen bliebe

Von Westfalen, von Westfalen…

Originaire de Moselle et ancien khâgneux, actuellement étudiant à la Faculté de Lettres de Sorbonne Université en Traduction franco-allemande, co-administrateur du blog Auteurs en Herbes.

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