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Trois Grands Prix s’exposent à la Cité de l’Architecture

Jusqu’au 16 septembre, la Cité de l’architecture accueille l’exposition « Un paysage de l’excellence : trois figures de l’architecture française »  pour évoquer le travail de Frédéric Borel, Marc Barani et du duo Jean Marc Ibos & Myrto Vitart, en trois temps.

L’exposition «  Un paysage de l’excellence  » présentée à la Cité de l’Architecture jusqu’au 16 septembre revient sur l’oeuvre de Frédéric Borel, Marc Barani et le duo Jean Marc Ibos & Myrto Vitart, tous trois Grand Prix de l’architecture qui ont marqué leur époque, des années 1990 à aujourd’hui.  

Leurs projets, leurs influences et leur parcours sont mis en scène à travers le regard de trois critiques. L’événement témoigne de la diversité des approches architecturales pour parvenir à répondre aux aspirations de notre société.

Les oeuvres oniriques de Frédéric Borel

L’espace d’exposition s’ouvre sur l’oeuvre de Frédéric Borel, en dessins, en maquettes et en vidéos. Imaginée par Richard et Camille Scoffier, la scénographie se décline en trois thèmes : figures, objets et paysages. Trois éléments qui caractérisent l’approche architecturale de Frédéric Borel, qui se plaît à interroger l’architecture à l’aune de l’anatomie humaine.

«  L’architecture est toujours un partage  »

Frédéric Borel

L’architecture est une histoire à réinventer chaque jour selon le professionnel, «  mon métier consiste à défier certaines convenances, obstacles et habitudes pour parvenir à ce qu’on a rêvé, non pas pour soi mais pour les autres  » explique-t-il dans un entretien vidéo réalisé pour l’exposition. Son métier, il l’estime ludique dans la mesure où il lui permet de réaliser des expérimentations sur les formes et les matériaux, «  je pense qu’il ne faut jamais avoir de certitude  » songe-t-il, «  j’essaye toujours d’aller plus loin dans ma pratique  ». Immeubles de logements, équipements et espaces publics sont ainsi représentés dans cet espace d’exposition, en dessin et en maquettes comme autant d’histoire que l’architecte s’est plu à écrire. 

L’exposition présente de nombreuses maquettes de projets de F.Borel dont les Tours Hybrides de Béthune et Dubaï © Marie Crabié

Tenir lieu avec Marc Barani

Si la première partie de l’exposition invite le visiteur à déambuler entre les maquettes, la seconde se présente comme un univers de mots, de sons et d’images. La rhétorique de Marc Barani est ici décryptée et mise en forme pour une expérience de l’architecture au-delà du projet. On l’expérimente notamment à travers des cartographies auditives : avec un plan de bâtiment sous les yeux, le visiteur est invité à découvrir les sons qui entourent ce bâti avec un casque mis à sa disposition. 

Le nuancier d’une architecture permet de saisir toutes ses variations selon Marc Barani © Marie Crabié

Plus loin, ce sont nos yeux qui se trouvent sollicités. Six écrans couvrent les murs en 360 degrés pour dévoiler une à une des réalisations de l’architecte sous tous leurs angles. Détails de la structure, contre-plongée, vue aérienne ou gros plan sur ses utilisateurs, le visiteur se retrouve immergé dans un univers où l’image et le son se mêlent pour une expérience de l’architecture décuplée. « Mener un projet, ça veut dire s’intéresser à tout ce qui entoure le lieu du bâti : au soleil, à l’histoire, la topographie, chaque lieu a ses forces et il suffit de les réorganiser » affirme Marc Barani dans son interview vidéo et de conclure avec le sourire, «  il y a toujours quelque chose de positif à faire, une action positive ».

Exigence de clarté avec Ibos & Vitart

Passée une cimaise, on pénètre désormais dans la dernière partie de l’exposition consacrée à l’univers d’Ibos & Vitart, imaginé par Dominique Boudet. Au sol, des écrans lumineux affichent un grand nombre de photos de projets menés par le duo, dans un espace à peine éclairé. Élégante, l’architecture d’Ibos & Vitart se dévoile ici sous toutes ses coutures à travers un dispositif visuel sensible. 

«  Dans notre pratique, on a toujours remis en cause ce qui est donné  » exprime Myrto Vitart dans l’interview filmée qui leur est consacrée, «  et on essaye toujours de trouver une manière très limpide d’atteindre notre objectif  » renchérit Jean Marc Ibos. Rationnels, les projets du duo font souvent appel à une structure simple et immuable, parce que le bâti doit, selon eux, pouvoir vivre.

« Le bâti doit être immuable parce que tout est amené à bouger dans le temps »

Marc Ibos

Tous deux livrent une architecture à l’expressivité contemporaine singulière mais aussi pérenne, dans les matériaux et les formes. En images, la caserne de Nanterre, la médiathèque André Malraux de Strasbourg ou encore l’agrandissement du Palais des Beaux-Arts de Lille sont détaillés avec les mots des architectes pour saisir toutes les subtilités qui se dégagent de l’ouvrage d’un Grand Prix national de l’architecture. 

Jusqu’au 16 septembre 2019 à la Cité de l’Archicture et du Patrimoine.

Rédactrice en chef de la rubrique Art. Curieuse et intriguée par la création artistique sous toutes ses formes

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