© Avignon Le Off
Dans un spectacle musical entrainant, Arletty – interprétée par Elodie Menant – invite le spectateur à faire le tour de sa vie, de D son enfance modeste à Courbevoie, puis au théâtre, au cinéma, au music-hall… Un voyage au fil des années qui ne manque ni de couleurs, ni de références historiques et culturelles.
Une personnalité hors du commun
Eric Bu et Elodie Menant, auteurs de la pièce, le disent eux-mêmes, la volonté d’écrire sur Arletty relève d’une fascination pour cette personnalité rare et lumineuse. Pour eux, « son humour si fin, sa répartie si singulière, sa beauté, sa froideur, intriguent… Elle semble indifférente à tout. Son passé, ses blessures, ses drames lui ont très tôt inculqué que la vie est « une vache de vie ». Alors l’actrice avance et rebondit pour ne pas trop subir et c’est cette facette d’Arletty que la pièce ambitionne de révéler en donnant à voir une incroyable vie à cent à l’heure dont l’impertinence est le leitmotiv.

“Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, soyez les bienvenus, ce soir, je passe ma vie en revue !”
La question de la liberté
Alors on se retrouve plongé dans la vie d’Arletty, véritable concentré de liberté, seule guide de la vie de l’artiste. Pour elle, cette liberté va très rapidement de pair avec le beau monde, les cabarets et les grands artistes de son époque. Elle multiplie les rencontres et les histoires d’amour sans jamais réellement se soucier de l’avenir, sans jamais trop s’engager non plus.
Le spectateur parcourt, au fil des années, la vie de l’intrépide artiste. Entrainé dans les années folles, il se retrouve dans l’angoisse de la Première Guerre mondiale au moment où Arletty jure de ne jamais se marier pour ne pas devenir veuve de guerre. Avec la Seconde Guerre mondiale s’impose la question des limites de la liberté. L’amour et le choix de ses partenaires sont une des plus grandes libertés d’Arletty, on le comprend. Mais qu’est-ce que l’acceptable lorsque la voici amoureuse d’un officier allemand en pleine Seconde Guerre mondiale ?

Un spectacle lumineux et musical
Pour Johanna Boyé, metteuse en scène, a conçu le spectacle comme une revue de cabaret, avec des numéros chorégraphiés et chantés qui illustrent le vent de liberté insufflé par l’artiste à l’époque tout en restituant la jovialité des cabarets. L’alternance de scènes chantées et jouées crée un chassé-croisé fécond entre fiction et réalité.
On peut enfin saluer le travail des quatre comédiens présents sur scène qui, en 1h25 de spectacle, interprètent près d’une quarantaine de personnages et transforment la scène en modeste maison, cabaret ou lit d’hôpital
Est-ce que j’ai une gueule d’Arletty, mise en scène de Johanna Boyé, écrit par Eric Bu et Elodie Menant. Festival OFF d’Avignon, tous les jours à 13h45 jusqu’au 28 juillet – Durée 1h25 – Théâtre du Roi René – Tarifs : Abonné 15 euros / Plein tarif 22 euros.