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Rencontre avec DARTA La – « C’est une façon de rationaliser les choses, les sentiments, les émotions »

Dans le sud des Landes règne un artiste productif mais discret, maître d’un folk lo-fi de haute volée. Rencontre avec Florian, alias DARTA La, deux jours avant son concert au Supersonic à Paris.

Au téléphone, l’homme répond aux questions calmement, avec beaucoup de passion et de sincérité. Il y en a également énormément dans la musique de DARTA La, qui explore des territoires folk et DIY depuis 2013. Mais c’est surtout depuis l’année dernière, avec ses participations sur 1 EP par Jour Records que le projet prend véritablement son envol, dévoilant peu à peu les contours d’un univers qui respire tant le Grand Ouest que la chambre d’un passionné de musique, au songwriting et à la production étonnante. Petit échange avec celui qui s’apprête à livrer son premier concert parisien, loin de Capbreton, pour écrire un nouveau chapitre de l’histoire de ce projet singulier.

Comment est né le projet DARTA La ?

C’était deux ans avant que je monte le groupe Titanic Bomb Gas, une période où j’expérimentais et j’enregistrai pas mal de trucs chez moi, seul ou avec des potes. Ça a donné principalement des choses pour le groupe, mais aussi d’autres morceaux que j’entassais petit à petit dans mon disque dur. Le déclencheur, après l’EP Glad, en 2015, ça a vraiment été 1 EP par Jour Records. D’un coup ça m’a permis de ressortir tout ça et d’enregistrer aussi de nouveaux morceaux. J’ai ensuite profité du passage de Levitation Room, que je connais bien, au Supersonic lundi prochain pour me greffer sur cette date et enfin sortir du studio pour lancer le projet live.

Tu as d’ailleurs tous ces sortie disques (Hossegor Paranoid Trip, Crystal Meth Makes Karate Faster, Cheap Folk, Salvation Mountain et Balcony) sur cette plateforme depuis. Cinq EP en moins d’un an, comment arrives-tu à être aussi productif ?

Cela reflète surtout tout ce que j’ai pu enregistrer ces dernières années. Hossegor Paranoid Trip et Crystal Meth Makes Karate Faster c’est plus des sortes de démos pour Titanic Bomb Gas, avec qui on prépare d’ailleurs un album. Mais les trois autres sont en effets des produits plus solo, une compilation de ce que j’avais emmagasiné depuis tout ce temps. 1 EP par Jour m’a permis de définir tout ça, pousser le projet plus loin, provoquer les choses, bâtir un univers plus large autour. Mais j’ai atteint une forme de fin de cycle avec mon prochain EP. Ensuite, j’aimerais prendre un virage, partir sur d’autres types de sons, mais toujours dans la même veine.

On sent beaucoup l’influence de Neil Young et de la scène folk américaine sur tes compositions. Quels rôles ont jouées ces musiques pour toi ?

Mes parents en écoutaient beaucoup, du coup ça m’a toujours accompagné. Ils sont tout les deux musiciens et mon père a eu différents projets, très variés, de l’ambient à des trucs plus latinos.

Tu es d’ailleurs parti aux États-Unis, où tu as été le batteur de Billy Changer et le bassiste de Lily Waters, tout deux signés chez Lollipop Records. Comment s’est fait la rencontre ?

J’était déjà partis plusieurs fois là-bas pour filmer des groupes en tournée, pour un label. J’ai profité des contact que je m’y été fait pour y aller un hiver, tenter un peu l’aventure. C’était aussi un besoin de voir d’autres choses, étant intermittent.

Tu réalises tes clips toi-même, avec des images que tu ramènes de tes voyages. C’est une façon de prolonger un peu ton univers ?

Tout à fait. Cette relation image-musique est intéressante. Des fois c’est la musique qui vient avant, parfois c’est l’inverse, comme sur Glad. Tout cela va bien ensemble.

Tes paroles semblent assez personnels, peux-tu nous en dire un peu plus sur les thèmes et la vision développée dans celles-ci ?

Tout tourne beaucoup autour de ma relation avec ma copine, avec qui je suis depuis 15 ans maintenant. Ces moments de joies, de doutes, qu’on traverse lorsqu’on forme un couple depuis si longtemps, sont de grandes sources d’inspirations. Dans le clip de Not At All par exemple, c’était une période un peu compliqué, une réaction honnête à un grand moment de doute, dans laquelle elle apparaît.

Sinon beaucoup de morceaux tournent autour de la question de la mort et du deuil, mais pas dans une optique morbide ou désespérée, au contraire. J’ai un cercle d’amis où nous avons connu pas mal de tragédies. C’est une façon de rationaliser les choses, les sentiments, les émotions. Les études que j’ai fait, un master en psychologie interculturel, doivent aussi influencer ce côté humain, je ne m’en détache pas. J’ai beaucoup travaillé notamment sur l’hyper-stimulation liée aux nouvelles technologies, le fait que nous ne soyons pas tous égaux vis-à-vis de ce flux d’informations permanent. Mais cela ne m’empêche pas d’avoir des côtés plus légers. Balcony par exemple, c’est plus l’histoire d’un mec qui s’occupe de son jardin, aime faire du thé, etc. Des choses plus simples.

Quel regard portes-tu sur la scène française de manière générale ?

Il y a certainement un manque de cohésion, chose à laquelle 1 EP par Jour semble remédier. C’est un beau témoignage de ce qu’il se passe en France. Tous ces projets variés, ça ouvre l’esprit.

Quel est le programme pour la suite ?

Après le premier concert au Supersonic, j’envisage de tourner un peu avec cette nouvelle formation, où je suis entouré d’un guitariste-chanteur, d’un bassiste-chanteur et d’un batteur déclenchant également des programmations. Et puis j’espère pleins d’EP encore, j’aime beaucoup ce format, bien moins imposant qu’un album.

DARTA La sera en concert ce lundi 24 juin au Supersonic, à Paris, avec Levitation Room et Telemac. Entrée libre.

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