Photo : © Stéphane de Sakutin / AFP
Les résultats des élections européennes du 26 mai ont donné lieu à une recomposition de l’hémicycle du Parlement de Strasbourg. Les écologistes s’imposent dans plusieurs pays européens aves des pourcentages allant de 10 % à plus de 20 %, comme en Allemagne où les Verts font 20,50 %.
Les partis gagnants de ces nouvelles élections sont majoritairement les écologistes et les partis d’extrême-droite, qui gagnent des sièges au Parlement au détriment des partis traditionnels comme les conservateurs (PPE) et les socialistes (PSE). Le quotidien Irish Times évoque une « vague verte », terme approprié en Irlande puisque les Verts font 17,5 %, mais aussi applicable à l’ensemble de l’Europe.
En France, EELV (Europe Ecologie Les Verts), liste portée par Yannick Jadot, atteint les 13,5 % contre toute attente. D’autant plus que si l’on totalise l’ensemble des voix exprimées pour les listes ayant mis l’écologie au cœur de leur programme, comme Place Publique, EELV, la France Insoumise, Urgence Ecologique, Génération.s, ils cumulent 31,1 % des suffrages. L’écologie a été un véritable enjeu politique pour les européennes, notamment pour les partis de gauche.
Tandis qu’à droite, la liste des Républicains incarnée par François-Xavier Bellamy n’atteint pas la barre des 10 % avec un score de 8,5 %. La droite réalise son pourcentage le plus bas depuis les premières élections européennes en perdant près de la moitié des voix qu’elle avait obtenues en 2014. La gauche, totalement désunie, peine également à mobiliser notamment La France Insoumise, avec 6,3 % des voix, qui promettait pourtant un score au-dessus des 10 %, proportionnel aux suffrages des dernières législatives.
La mobilisation des jeunes face à l’urgence climatique
Le score historique des Verts en Europe s’explique, en partie, par le vote d’une nouvelle génération plus mobilisée et consciente des problèmes écologiques. Les manifestations des jeunes tous les vendredis pour lutter pour l’écologie à la suite de l’appel de la jeune suédoise Greta Thunberg témoigne de cette forte mobilisation partout en Europe. Elle-même avait appelé à voter aux européennes pour sauver la planète lors de son passage au Parlement à Strasbourg le 16 mai.
Même si l’abstention des plus jeunes est conséquente pour ces élections européennes, beaucoup considèrent que la lutte contre le réchauffement climatique serait plus efficace à l’échelle européenne qu’à l’échelle nationale. Pour cause, début 2019 les députés écologistes ont voté au Parlement l’interdiction de la pêche électrique ainsi que l’utilisation des produits à usage unique pour 2021. Ils ont également prévu une baisse de 37,5 % des émissions de Co2 d’ici 2030. Pour les faire voter, les députés ont dû lutter contre plusieurs lobbys, notamment ceux de l’automobile.
L’âge des votants reflète cette préoccupation et cette confiance en l’Europe pour les questions écologiques puisque 60 % des moins de 35 ans ont voté pour EELV en France. Un phénomène similaire s’observe en Allemagne où 34 % des primo-votants ont donné leur voix aux Verts, d’après Infratest Dimap. Bien que les élections européennes aient toujours favorisé les Verts, plus qu’aux élections nationales en Europe, le nouveau Parlement européen est à présent composé de 78 députés écologistes leur conférant une place considérable.
Imposer une Europe verte, non sans difficultés
Les Verts veulent s’imposer comme les leaders de la gauche et appellent à l’alliance, notamment face aux partis européens nationalistes comme l’ENL (Europe des nations et des libertés) principalement incarné par Matteo Salvini, premier ministre italien et Marine Le Pen, à travers Jordan Bardella (Rassemblement National). L’enjeu de ces six prochaines années est grand, comme beaucoup de candidats l’ont répété il s’agit de définir un « nouveau modèle » de développement pour l’Europe.
Pour autant, si certains, comme David Cormand (secrétaire national EELV), estiment que le futur de la gauche se tourne inévitablement vers l’écologie, ce n’est pas l’avis de tout le monde. Selon Olivier Faure, premier secrétaire du PS, il n’est pas question de parler seulement d’écologie mais d’y inclure une dimension sociale et politique. Les tensions entre les différents partis de gauche fragilise cette alliance des gauches, pourtant nécessaire pour pouvoir s’imposer au Parlement.
Le dernier problème que rencontrent les Verts au niveau européen est le choix du président de la Commission Européenne. Les Spitzenkandidat favoris sont Manfred Weber, consrevateur (PPE), Frans Timmermans socialiste (PSE) et Margrethe Vestager pour les libéraux de l’ALDE. Michel Barnier est également envisagé comme recours, l’homme qui a su négocier le Brexit pour l’union européenne a la faveur du président Macron qui a vanté ses mérites dans plusieurs médias français. Les Verts ne présideront pas la Commission, dont le rôle est pourtant primordial.
La force des Verts, comme beaucoup de candidats d’autres partis l’ont rappelé, réside dans leur forte mobilisation et leur investissement au sein du Parlement européen. Même si la présidence de la Commission est hors de leur portée, leur travail à Strasbourg semble pouvoir porter ses fruits dans les six ans à venir.