Après la bande du Grand Bain de Gilles Lellouche, c’est au tour des Crevettes Pailletées de se jeter à l’eau. Cette comédie, réalisée par Cédric Le Gallo (Scènes de culte) et Maxime Govare (Daddy Cool), est une plongée hilarante dans le monde de la compétition sportive gay.
Mathias Le Goff (Nicolas Gob), vice-champion du monde de natation, est épinglé par la presse pour ses propos homophobes. Pour se racheter une image auprès du public (et s’assurer une place aux Jeux Olympiques de Paris), l’athlète est contraint d’entraîner une équipe de water-polo gay davantage intéressée par la fête que par la compétition. Objectif : amener l’équipe jusqu’en Croatie pour participer à la prochaine édition des Gay Games, événement sportif dédié aux athlètes LGBT. Les animosités du début vont alors rapidement laisser place à une jolie amitié entre les personnages.
L’histoire, inspirée par la vraie équipe des Shiny Shrimps dont fait partie Cédric Le Gallo, est une vraie bouffée d’air frais. Au casting, neuf personnages hauts en couleurs et aux personnalités flamboyantes qui apportent tous leur part d’humour à ce film choral délirant. Bien que l’évolution du personnage de Mathias soit (très) prévisible, elle n’en reste pas moins appréciable et met en lumière le message de tolérance porté par le film. Les membres des Crevettes Pailletées se jouent des clichés, les exploitent et les accentuent à souhait au rythme de blagues, d’intermèdes musicaux décalés et de répliques cinglantes. « L’idée c’était de rire avec des scènes parfois outrancières, de passer par toutes les émotions, du rire aux larmes », explique Cédric Le Gallo à l’issue de la projection en avant-première du film le 9 mars dernier à Lille. Difficile donc de ne pas rire face à cette distribution. Pourtant, le cynisme du récit est entrecoupé de quelques séquences dramatiques qui viennent rappeler l’homophobie encore présente dans notre société. Une scène d’agression, difficile à regarder quoique assez rapide, ramène brusquement les personnages à la réalité et menace d’ébranler leur motivation à rejoindre la Croatie. La scène finale, point d’orgue du film, est un véritable tourbillon d’émotions qui mêle rires et larmes, joie et tristesse.
À l’image du film de Gilles Lellouche, Les Crevettes Pailletées donne à voir une image différente de la masculinité loin des normes et clichés souvent véhiculés au cinéma. L’homosexualité est elle aussi traitée comme un sujet de premier plan. Seule ombre au tableau, l’association un peu caricaturale et quasi-systématique de la communauté gay à la fête et à ses excès (drogues et relations volages). « Il n’y a pas une seule façon d’être homo et on a pas la prétention de représenter tous les gays » a rappelé l’acteur Geoffrey Couët, également présent à Lille. Le film dresse donc avec habileté neuf portraits d’hommes mais aussi et surtout celui d’un collectif, d’une famille, “celle que l’on se choisit” a conclut Cédric Le Gallo.
Malgré quelques imperfections, Les Crevettes Pailletées est une joyeuse surprise dont on ressort un sourire béat aux lèvres, après avoir essuyé quelques larmes.