Clips du moisMUSIQUE

Les Clips du Mois – Mai 2019

© Björk / Tobias Gremmler

Mai fût un mois chargé niveau clip : Maze a sélectionné dix pépites qu’il ne fallait pas rater, à (re)voir dès maintenant.

Björk – Tabula Rasa par Tobias Gremmler

La fée Islandaise revient dans un clip digital à la fois old school et futuriste, mutation organique et végétale directement issue de son dernier opus, Utopia, sorti fin 2017. Une vidéo pour laquelle elle s’est entourée du jeune Tobias Gremmler, artiste inspiré par les arts martiaux et les mouvements corporels pour ses créations graphiques, pour souligner ce morceau aux flûtes envoûtantes, cordes subtiles et à la voix toujours aussi splendide de celle qui continue de dominer le monde de la pop de façon innovante et intelligente. Un Tabula Rasa aux échos écologiques et optimistes, et une nouvelle pierre à l’édifice qui rappelle que Björk a toujours su, et ce depuis ses débuts, s’entourer de collaborateurs visionnaires pour des résultats souvent édifiants.

Camille Tardieux

SebastiAn – Thirst par Gaspard Noé

En parallèle de la diffusion de son moyen-métrage, Lux Aeterna au Festival de Cannes, le réalisateur Gaspar Noé a dévoilé le clip de Thirst. Il s’agit du dernier single du producteur et DJ SebastiAn, présent sur le label Ed Banger Records. Un clip tourné en boîte de nuit qui joue, tout comme dans ses précédents films sur une lumière épileptique, alternant entre le vert, le bleu et le rouge vif, et accrochant le regard dans un clip qui exacerbe une violence inouïe. L’image concorde efficacement avec la musique électronique qui se base sur des sonorités âpres et brutales, accordant une matière homogène à cet ensemble musical et visuel.

Caroline Fauvel

Flavien BergerDeadline par Alexandre Attal et Pierre-Louis Guetta

Après Brutalisme et Castelmaure, Flavien Berger continue d’illustrer son album Contretemps et dévoile le clip décadent de Deadline. Réalisée par Alexandre Attal et Pierre-Louis Guetta, la vidéo nous embarque dans un trip nocturne contre la montre. On peut alors retrouver dans le casting toute l’équipe artistique de Berger (attaché.e de presse, producteur, musiciens…) dans une voiture qui se pressent de boucler le travail en temps et en heures, pendant que l’artiste, assoupie se perd dans des rêveries faites d’horloges et autres objets temporels déréglés. Un coup de maître pour l’ovni-pop qui comme on l’a bien compris est mauvais pour les deadlines, mais à l’inverse plutôt brillant pour poser des images sur ses morceaux.

Pauline Pitrou

Beabadoobee – Disappear par bedroom

La jeune créative londonienne de 18 ans Beabadoobee nous embarque avec elle pour un trajet sur la ligne Bakerloo du métro londonien, un trip au goût doux-amer, résultant de la toute fraîche séparation avec son petit-ami dont on voit défiler les images nostalgiques, tournées en super 8. Ces séquences oniriques sont entrecoupées par des éléments qui évoquent davantage une fade salle d’attente avec pour fenêtre des immeubles en carton-pâte se mouvant au rythme du trajet. Un clip qui semble fortement inspiré par l’univers de Michel Gondry, du  Bachelorette de Björk ou de la rencontre au début d’ Eternal Sunshine Of the Spotless Mind, dans le train direction Montauk. Prenez part à la vision psychédélique de Beabadoobee en découvrant son dernier EP, Loveworm, paru le 26 avril.

Mélody Aubert

Ausstellung – Nous sommes par Pierre-Antoine Naline

Nouveau duo électronique forme par deux infographistes entre Lille et Paris, Ausstellung (“exposition” en allemand) ne triche pas sur son projet : qu’il s’agisse du son ou de l’image, tout est léché, référencé, assimilé et prêt à être exposé. En offrant une sorte de synthèses des différents courants et esthétiques de l’art contemporain pour leur premier clip, Nous sommes, ils tissent musicalement un pont entre les morceaux les plus mélodiques de Justice et le phrasé made in France façon Bagarre, le tout baigné de saxophone et d’une atmosphère très pop. Un projet qui attire l’attention, et qui pourrait nous révéler de belles surprises par la suite.

Camille Tardieux

Mohamed Lamouri – Ana Rani par Maia Flore

“Le chanteur de la ligne 2” a dévoilé le clip touchant de Ana Rani, extrait de son premier album Underground Raï Love. Le point de départ du clip : les souterrains grisés du métro parisien, lieu où le chanteur algérien a joué pendant des années avant de signer chez Le label La Souterraine, coïncidence ? Le clip met en scène l’errance solitaire de Lamouri à travers les rues de la capitale, entre absence de l’être aimé et poésie urbaine, jusqu’à une plage de sable fin fleurie où il se réfugie à la fin du morceau. Une vidéo qui divague entre ombre et lumière, entre complainte et cri de liberté.

Pauline Pitrou

Love Supreme – Lonely Feelings par Simon Schmitt

Révélé par le trailer de la cinquième saison de Black Mirror publié la semaine dernière, le titre Lonely Feelings du duo Love Supreme cachait également une vidéo étourdissante, clip en forme de dystopie animale et théologique aux dimensions architecturales somptueuses. Mystérieuse, magnétique, la vision de Simon Schmitt n’a pas fini de nous captiver, tout autant que la voix sensuelle et les synthétiseurs planants de cette nouvelle formation oscillant entre soul et électronique dont le premier album éponyme vient de paraître.

Camille Tardieux

Taxi Kebab – Lmchi w Rjou3 par Vincent Tournaud et Lea Jiqqir

Né d’une rencontre détonnante entre Lea Jiqqir et RJ Henry, le duo nancéen Taxi Kebab révélé aux Inouïs du Printemps de Bourges propose une électro-orientale hypnotique et entêtante. Pour illustrer leur single Lmchi w Rjou3, ils nous offrent un trip envoûtant et nocturne de 6 minutes où des corps baignés sous stroboscopes lumineux se livrent à une danse transcendante transpercée par les incantations du morceau récitées et chantées en darija (dialecte marocain). Le clip, à la manière du Climax de Noé, nous plonge dans une ivresse jouissive. Une vidéo psychédélique et obsédante dont on ne ressort pas indemne.

Pauline Pitrou

Yvonne La Nuit – Bright Stars par Sophie Montemagni

Guillemette le jour ou Yvonne la Nuit ne sont qu’une seule et même personne, qui est loin d’être inconnue des amateurs de musique. La chanteuse a servi les chœurs auprès de nombreux artistes tels que Air, Dionysos, Alb, JB Dunckel, Nicolas Godin, Yan Wagner, La Grande Sophie, Kim ou encore Victorine. Aujourd’hui, elle s’émancipe en solo avec un premier clip et EP, et elle le montre dès les premières notes de Bright Stars où composition et voix se font catalyseurs d’émotions à la manière des Tori Amos ou Norah Jones ; transcender le genre piano-voix et éviter l’écueil du piano bar insipide d’un hôtel de luxe. Une folk nocturne aux accents Agnes Obel qu’on ne saurait que trop vous recommander.

Guillaume Lacoste

Mac DeMarco – On The Square par Catherine Sweet, William Sipos et Sean Campos

Nous vous en avions déjà parlé dans les clips du mois de mars, mais voilà : le canadien vient de récidiver avec de nouveaux clips toujours aussi étranges et fascinants, poursuivant son exploration des masques mutants et concepts minimalistes, dont le sommet semble désormais atteint avec ce troublant On The Square, quelque part entre David Lynch et Matthew Barney. Un bijou esthétique, mélancolique et dérangeant, dont nous ne pouvions pas faire abstraction.

Camille Tardieux

AMOUREUX DES SONS, DES MOTS ET DES IMAGES, DE TOUT CE QUI EST UNE QUESTION D'ÉMOTION, DE RYTHME ET D'HARMONIE.

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