SOCIÉTÉ

Élections européennes : dans les meetings LREM, on craint la désunion de l’Union

Photo : © Vincent Kessler/REUTERS

Le samedi 11 mai, La République En Marche (LREM) a donné un grand meeting à Strasbourg pour présenter sa liste européenne « Renaissance ». L’occasion de mesurer la motivation pour les futures élections au sein du parti au coude-à-coude avec le RN dans les derniers sondages.

La salle du palais des Congrès et de la musique est pleine, 800 personnes sont venues voir Nathalie Loiseau, Edouard Philippe, Fabienne Keller et Jean-Pierre Raffarin, entres autres, parler de l’Europe. Les drapeaux européens, et des pays de l’Union , flottent dans les airs sur fond de « on va gagner, on va gagner, on gagner » digne d’un stade de foot. L’assemblée est principalement d’âge moyen, bien que quelques Jeunes avec Macron soient aussi présents. Les faisceaux lumineux bleus et blancs illuminent la salle ainsi que les deux logos « Renaissance » projetés sur les murs. L’Europe est bel et bien à l’honneur cette après-midi.

Faire renaître l’Europe

La crainte du parti d’Emmanuel Macron que le Rassemblement National (RN) gagne les élections est perceptible. De nombreuses références sont faites, autant par Nathalie Loiseau que le Premier ministre, aux partis d’extrême droite. Ils présentent la France comme dernier rempart face aux pays européens d’extrême-droite, ce à quoi la foule répond par des acclamations. Ces gouvernements sont assimilés à des régimes fascistes en devenir, comme ils sont arrivés au XX° siècle.

L’autre objectif de cette nouvelle liste européenne est de rompre le clivage entre conservateurs (PPE) et socialistes (PSE) qui sont depuis trop longtemps majoritaires au Parlement. Renaissance veut s’inclure dans cette majorité et devenir le parti central de l’hémicycle, ni de droite, ni de gauche.

Ce meeting a pour ambition de mobiliser et encourager au vote à une semaine des élections. Le lieu choisi est stratégique  : Strasbourg, capitale européenne et siège du Parlement européen, comme beaucoup d’invités l’ont répété. Avec 57,7 % d’abstention aux dernières élections européennes de 2014, l’intérêt est de montrer aux Français à quel point l’Europe est importante dans leur vie quotidienne et quelle peut changer les choses.

Une rupture générationnelle

La majorité des participants au meeting sont des personnes d’environ 70 ans qui ont grandi dans l’après-guerre. L’Europe est un symbole fort pour eux puisqu’elle représente la paix. Pour Mireille, présente au meeting LREM, le projet européen est la concrétisation de l’élan d’espoir de l’après-guerre. Maintenant, elle se désole de voir ce même espoir stagner voire décliner.

Fernand est de la même génération et rappelle également le passé : «  grâce à l’Europe on est en paix depuis 70 ans, aujourd’hui peu de gens se préoccupent de l’Europe car ils ne retiennent pas les leçons de l’histoire ». Cette mémoire collective des individus nés après les guerres expliquerait leur attachement à l’Europe. Alors que, la majorité des plus jeunes, ne comprennent ni son fonctionnement, ni son utilité et est habitué à la paix qu’ils considèrent comme acquise.

La césure entre ces deux générations se reflète dans l’assemblée du meeting qui, pourtant, avait tout pour mobiliser. Strasbourg est une ville jeune et dynamique en plus d’accueillir certaines institutions européennes. Le soutien des plus jeunes est essentiel pour les listes européennes tant leur abstention dans les sondages est forte. Ceux qui étaient présents lors du meeting sont mis en avant, sur la scène notamment où ils apparaissent tout sourire. Le vote des jeunes est devenu un enjeu crucial des prochaines élections, chaque liste essayant d’être la plus attractive possible.

« L’Europe c’est le symbole de la démocratie  »

Mireille voit dans l’Union européenne le seul avenir pour que les pays membres continuent à se développer dans un cadre démocratique. Fernand va dans le même sens en affirmant qu’il y a peu d’engouement pour les élections européennes alors que, selon lui, ce sont les plus importantes. Il avait d’ailleurs apprécié le discours de la Sorbonne d’Emmanuel Macron en septembre 2017 qui affirmait son engagement pour l’Europe. L’Union européenne semble être le dernier rempart pour « laisser un monde bien » confie Fernand.

Autant Mireille que Fernand s’inquiète pour l’avenir de leurs petits-enfants, pour eux l’Europe est la seule institution à pouvoir leur garantir un futur décent et agréable. Le manque de pouvoir de l’Union européenne est souvent décrié et expliquerait le désintéressement croissant envers elle. Pourtant, d’autres la trouvent essentielle économiquement pour s’imposer face à la concurrence mondiale, notamment face à la Chine et aux Etats-Unis. Une nouvelle préoccupation est apparue ces dernières années, celle du climat, cause pour laquelle l’Union européenne lutte.

Le vote pour les élections européennes est primordial pour ces deux citoyens qui votent depuis toujours pour les élections européennes, « même dans les moments où j’étais découragé, j’ai toujours voté pour les européennes » glisse Mireille.  Un espoir sans faille qui contraste avec une élection qui s’annonce, une fois encore, minée par le manque d’engagement.

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