CINÉMAFestival de Cannes

« The Shining  », la vague de terreur déferle en 4K sur la Croisette

© Warner Bros.

CANNES CLASSICS – La présentation de la version restaurée de Shining par Alfonso Cuarón a connu un véritable succès auprès du public cannois. Une opportunité rare et enthousiasmante pour (re)découvrir ce joyau horrifique signé Kubrick sur grand écran, près de 40 ans après sa première diffusion.

Les centaines de pages tapées à la machine de la phrase « All work and no play make jack a dull boy  ». La moquette seventies des couloirs de l’Overlook et de la chambre hantée numéro 237. L’énigmatique pull Apollo 11 en laine tricoté du jeune Danny. Le “Redrum” rouge en miroir sur la porte de la salle de bain et, enfin, les sourcils inquiétants, et la fameuse hache de Jack Nicholson. Tant d’éléments visuels forts devenus des références significatives sans cesse ravivées par la sphère cinéphile. Cette édition du Festival de Cannes a constitué une occasion de plus de rendre hommage au chef d’œuvre monumental, l’adaptation de 1980 du best-seller mythique du même nom par Stephen King. Loin des mondanités et du ton solennel qu’on aurait pu attendre d’un évènement d’une telle envergure, le public a retrouvé dans la décontraction, l’émotion (anecdotes de tournage) et l’humour (décrédibilisation des thèses farfelues notamment développées dans le documentaire Room 237) trois personnalités d’exception. Tout d’abord Vivian Kubrick (fille du cinéaste américain et compositrice de la bande-originale de Full Metal Jacket), Leon Vitali (l’assistant personnel du réalisateur pendant de nombreuses années), ainsi que le cinéaste à l’origine Des Fils de l’Homme (2006) et de Roma (2018) : Alfonso Cuarón. Soit, avant tout, un véritable rendez-vous entre fans et passionnés de cinéma, de la première heure ou non, autour d’un classique extrêmement populaire.

La projection de cette nouvelle version inédite renouvelle la perception que l’on a du long-métrage d’épouvante, intensifiée à travers une atmosphère sonore angoissante et une qualité d’image digne des caméras et moyens numériques actuels. De fait, la bande originale occupe un rôle important qui n’avait pas autant attiré l’attention jusque-là. Coordonnant grincements absurdes, crissements saccadés (qui ne sont pas sans rappeler la partition de Bernard Hermann pour le Psychose d’Hitchcock), gémissements fantomatiques et thèmes décousus aux cordes frottées, la musique imprégnant la salle de cinéma décuple les sensations du spectateur, tantôt accompagnant ses craintes, tantôt les provoquant. La multiplicité de clins d’œil aux œuvres classiques de Berlioz et Bartók dirigées par le chef d’orchestre Karajan est de même plus palpable, évoquant la symbolique forte de cette fresque surnaturelle, avant tout littéraire, musicale et cinématographique. L’esthétique si caractéristique de ce classique du 7ème art est ici davantage éclatante, par la netteté des lignes droites figées de l’architecture labyrinthique de l’Overlook et le rendu des textures, tels les flots démesurés de sang s’échappant des ascenseurs de l’hôtel. Mais également par l’utilisation enfin pleinement définissable de couleurs incendiaires et tranchantes (rouge, vert, bleu, blanc) ainsi que d’une précision visuelle autour des imprimés textiles psychédéliques (de goût assez douteux) intemporels, suggérant l’éternité sordide dans laquelle erre les personnages, symbolisée par la figure emblématique de l’Overlook, protagoniste à part entière.

Autant de détails inédits enfin mis en lumière qui contribuent à façonner et préciser l’imagerie kubrickienne de nos jours. Des détails qui n’en sont finalement pas et qui permettent de saisir, au plus près, le film que le réalisateur d’Orange Mécanique et de 2001 : l’Odyssée de l’espace, souhaitait initialement montrer à son public.

Bande annonce officielle du long-métrage “The Shining”.
© Warner Bros

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