CINÉMAFestival de Cannes

CANNES 2019 – « La Passione di Anna Magnani », Mamma Mia Roma

© TF1 Droits audiovisuels

SÉLECTION OFFICIELLE – CANNES CLASSICS – A travers un documentaire hommage, Enrico Cerasuolo nous invite à (re)découvrir Anna Magnani, symbole de l’age d’or des studios Cinecittà. Une rétrospective émouvante et burlesque, à l’image de l’actrice italienne fétiche de Rosselini et Visconti.

Mise en scène par Fellini, Pasolini, Camerini et Renoir ; admirée par Sofia Lauren et Marlène Dietrich ; interprète aux cotés de Marlon Brando, Burt Lancaster et Marcello Mastroianni ; oscarisée pour sa performance dans La Rose Tatouée (1956). Anna Magnani possède incontestablement un CV long comme le bras et exceptionnel. C’est cette carrière polymorphe qui est aujourd’hui mise en lumière par un fan invétéré : le cinéaste italien Enrico Cerasuolo. Le reportage court et drôle qu’il nous livre est constitué d’images d’archives, rassemblées en collaboration avec le fils de l’artiste, Luca Magnani. Le portrait de cette interprète de renom emblématique, ainsi que le milieu cinématographique italien des années 1950, se dessine peu à peu au fur et à mesure de la projection, par le biais de lecture de lettres personnelles et de visionnage d’entrevues journalistiques dans lesquelles l’actrice montre sa répartie cinglante et fine.

Ce documentaire aborde la grande liberté de cette artiste féministe et antifasciste, qui se dégage rapidement des carcans de la représentation de la femme dans le cinéma, dans un contexte historique d’émergence du nationalisme où la femme cristallise la beauté et le statut de mère. « La Grande Nannarella » s’affranchit de ses codes en mettant en évidence sa singularité (physique notamment), à l’heure où l’apparence féminine doit essentiellement susciter le désir sur le grand écran. Le réalisateur met de plus l’accent sur le caractère bien trempé de cette actrice passionnée, ainsi que sur la polyvalence de son jeu. De fait, « La Magnani » ose en ne se cantonnant pas au registre comique (elle est souvent associée à la figure de la mamma italienne, comme dans Mamma Roma) en se tournant vers l’avant-gardisme néo-réaliste, mouvement italien et artistique en contre-courant du genre du péplum omniprésent. L’artiste téméraire multiplie ainsi les rôles profondément dramatiques et tourmentées, comme dans Rome, ville ouverte et Médée et joue également dans des musicals populaires et pour la télévision.

Enrico Cerasuolo nous offre un hommage visuel atypique qui ne vire définitvement jamais au larmoyant pompeux et présente avec justesse, humour et simplicité une éminente actrice du 7ème art.

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