CINÉMAFestival de Cannes

CANNES 2019 – « Evge », rester ensemble

© ARP Distribution

SÉLECTION OFFICIELLE – UN CERTAIN REGARD – Le jeune réalisateur ukrainien Nariman Aliev livre son premier long métrage, Evge (En terre de Crimée), un road movie lumineux sur la relation père / fils et sur le deuil, dans un contexte géopolitique ébranlé.

La guerre entre la Russie et la Crimée mine le destin de nombreuses familles ukrainiennes qui voient leurs enfants périr au combat. Moustafa (Akhtem Seitablaev) vient de perdre son fils au Donbass, il récupère son corps à l’hôpital, s’en suit alors un périple sinueux avec son plus jeune fils Alim (Remzi Bilyalov). Un périple qui les ménera jusqu’en Crimée pour enterrer le défunt et faire le deuil de cette famille brisée.

« La Crimée est notre Jérusalem » dit Mustafa à son fils. Evge est une belle promesse, un film tout à la fois éprouvant et révélateur de difficultés toutes récentes sur les conflits armés qui se sont tenus lors de l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014, et du cas des Tatars de Crimée dont l’intégrité est bafouée par la Russie. En se saisissant de ce sujet précis, le réalisateur exalte la relation père-fils entre Atim et son père Mustafa. Une relation à la fois sensible et simple, révélant les fragilités de l’un et l’autre face à un drame qui les bouleversent tous deux, mais qu’ils affrontent chacun à leur manière. Atim pense à son avenir, à l’université, aux filles, à une vie ordinaire pour un jeune homme de son âge ; Mustafa ne vit que pour ramener son fils dans cette terre mère, la Crimée, un leitmotiv qui le pousse durant ce film sur des routes sources d’embuches multiples. La route, et ses difficultés inhérentes impliquées par leur statut, par la corruption, et par le transport d’un cadavre, unissent les deux protagonistes dans des motivations communes, exhibant leur failles et valeurs dans une situation qui ne peut que les rapprocher tant leur détresse s’exprime.

Ce film confirme particulièrement l’éclectisme de la sélection d’Un Certain Regard et de la Caméra d’Or pour l’année 2019, et leur dimension ouvertement politique et contemporaine. Un choix qui amplifie notre champ de vision sur des groupuscules d’individus bien souvent bousculés par des événements dramatiques, accordant ainsi toute sa place au cinéma que propose le réalisateur Nariman Aliev.

Du cinéma et de la musique - Master Métiers de la Culture

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