Après Eva, Benoît Jacquot revient avec Dernier Amour, contant les amours du célèbre séducteur vénitien Giacomo Casanova d’après ses mémoires, Histoire de ma vie.
Les films de Benoît Jacquot parlent des femmes et de leurs rapports aux hommes. Sa filmographie offre une place toute particulière à la figure de la femme ; qu’elle soit fatale, aimée, aimante, jeune, volage ou résignée. En divulgant le sujet de son dernier film, nous n’étions donc pas surpris.
Dernier Amour raconte l’histoire de la seule femme que le séducteur n’aura jamais pu saisir, Marianne de Charpillon, jeune courtisane française qu’il rencontre lors d’un exil en Angleterre et qui « enlèvera le goût des autres » à celui qui a toujours été « l’ami de toutes ». La jeune femme de 17 ans, dont la mère est la maquerelle, est connue dans le grand Londres pour son esprit volage. Elle se donne à tous et se refuse au grand séducteur. Ces deux personnages qui se présentent comme infréquentables décident alors de se fréquenter et de signer un pacte. Il lui fera la cour à elle qu’on ne séduit pas. Ils attendront, et essaieront de s’aimer avant de se posséder.
Stacy Martin qui campe La Charpillon, avec malice et espièglerie, fait face à un Vincent Lindon qu’on attendait pas dans le rôle de Casanova. Benoît Jacquot nous dresse un portrait honnête, sensible et tendre du séducteur italien, loin de l’insatiable loup que nous présentait Fellini. L’amant est respectueux et toujours attentif à ses partenaires qu’il respecte. Il n’est pas présenté comme un grand affamé mais bien au contraire comme un héros romantique. Stacy Martin quant à elle, interprète à merveille le mélange de rigidité et de douceur du personnage, et le duo improbable fonctionne. On se plonge facilement dans leur ronde amoureuse passionnée et pourtant platonique.
Une valse amoureuse interminable
Les costumes sont très beaux et les décors ainsi que l’atmosphère de Cour de l’époque sont très bien retranscrits. Les corps endimanchés se perdent dans les labyrinthes des jardins anglais qui nous révèlent le blanc des peaux nues qui s’étreignent en cachette dans une société où l’on aime autant se cacher que s’exhiber. Mais l’histoire s’étire et nous perd en cours de route. Les deux amants se tournent autour sans jamais consommer leur amour et l’histoire se termine avec une fadeur qu’on attendait pas.
Le grand briseur de coeur, se fait briser le sien, il perd le goût de tout et finit vieux et lassé des autres dans une bibliothèque perdue où il écrit ses mémoires. L’histoire du grand amoureux de l’amour, l’histoire romantique et passionnée par excellence nous est racontée avec une platitude écrasante. L’académisme de la mise en scène vide l’histoire de son intensité et de son potentiel tragique et nous offre un résultat qui manque gravement de vitalité. On ne comprend pas bien l’intérêt de raconter cette histoire, mis à part pour inverser les rôles et donner à une femme le pouvoir de briser le grand Casanova.
De bons acteurs et de très beaux costumes mais un manque évident de fougue et de prise de risque, Dernier amour ne nous aura pas donné envie de tomber passionnément amoureux.