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Anastasia sur les planches madrilènes

Depuis octobre à Madrid, le Coliseum est le théâtre d’une comédie musicale conçue par Broadway et adaptée en espagnol : Anastasia. Les fans de la première heure ont jusqu’au 21 avril 2019 pour découvrir cette adaptation inédite.

Après un succès unanime à Broadway auprès du public et de la critique, la comédie musicale Anastasia s’exporte à présent à Madrid. La princesse russe – interprétée par Jana Gómez – héritière des Romanov et unique survivante de la révolution bolchevique, cherche à se rendre à Paris par tous les moyens. Là-bas, elle sait que quelqu’un l’attend, sans parvenir à se rappeler qui. Elle entame ainsi un périple aux côtés de Dimitri (Íñigo Etayo) et de Vlad (Javier Navares) pour rejoindre l’impératrice douairière de Russie, en exil dans la capitale, et se faire passer pour la personne qu’elle est déjà – sa petite-fille.

1997 – 2018 : un conte qui perdure

La sortie du long-métrage d’animation Anastasia, réalisé par Don Bluth et Gary Goldman, eu lieu en 1997. Le conte surprit par son approche dramatique puisqu’il narre l’histoire d’une princesse déchue, orpheline livrée à elle-même et rendue amnésique après la perte des membres de sa famille au cours de la révolution bolchevique, orchestrée par le personnage maléfique Raspoutine. L’adaptation en comédie musicale intervient plus de vingt ans après la sortie du film.

© Antonio Terrón

Une adaptation au contexte historique

Les aficionados du film d’animation devront s’attendre à une modification de l’intrigue puisque les metteurs en scène ont en effet pris le parti de laisser plus de place au réalisme, remplaçant Raspoutine par la menace bolchevique. Ainsi, le scénario résolument moderne nous présente une Anastasia poursuivie par l’Armée rouge incarnée par le personnage de Gleb (Carlos Salgado). Cette approche plus historique donne une vision paradoxalement idéaliste au conte. Le décalage entre faits historiques et légèreté des personnages pourra en effet déranger ou, au contraire, amuser le public.

Une réussite artistique à tous les niveaux

Les choix de mise en scène ne diminuent en rien la féerie du spectacle. Les voix des chanteurs sont en adéquation avec leur personnage, en particulier celle de Jana Gómez, à la fois douce et forte, et celle de Carlos Salgado, puissante et vibrante. Il est par ailleurs aisé de profiter du spectacle sans pour autant comprendre parfaitement l’espagnol. La musique, adaptée du film de 1997 et signée Stephen Flaherty et Lynn Ahrens, est jouée en direct – l’orchestre étant positionné sous la scène – et s’harmonise parfaitement à la performance des acteurs. L’orchestre sublime ainsi la mise en scène audacieuse signée Terrence McNally, tandis que les décors matériels et numériques se meuvent, pivotent sur eux-mêmes, dans un juste équilibre entre tradition et modernité.

© Stage Entertainment

Les costumes, superbement réalisés et mis en valeur par les jeux de lumière, font voyager le public entre Moscou et Paris et ne laissent pas indifférents, quel que soit l’âge du spectateur. Cette comédie musicale, sous couvert d’innocence, prend néanmoins des risques et réussit indéniablement son pari. Initialement prévue jusqu’à début février, le spectacle, victime de son succès, jouera les prolongations jusqu’en avril. Certains tableaux de la comédie musicale resteront en mémoire du spectateur pour longtemps, tel le bel hommage rendu au traditionnel Lac des Cygnes, le temps d’une scène, comme une mise en abyme.


Teatro Coliseum, Madrid, jusqu’au 21 avril 2019. Entre 23 et 89 euros.

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