CINÉMA

« The Mumbai Murders » – Thriller glaçant dans les bidonvilles de Bombay

Anurag Kashyap, connu du public français en 2012 avec Gangs of Wasseypur, nous livre ici un thriller maîtrisé dans un Bombay qui se révèle être bien plus que le simple théâtre de l’action.

Ramana (Nawazuddin Siddiqui), tueur en série errant dans les rues de la ville avec sa clé à écrou, est traqué par Raghavan (Vicky Kaushal), flic trentenaire beau garçon mais corrompu et junkie. Ses lunettes de soleil vissés sur le nez, il mènera une traque intensive afin de retrouver le meurtrier, mais n’imagine pas que leurs destins se retrouveront inextricablement liés. Les meurtres s’enchaînant, Ramana lui fera révéler à son tour ses plus sombres aspects.

Divisé en chapitres, The Mumbai Murders s’articule autour des assassinats commis et des ellipses recoupant les bouts de l’histoire, le tout dans une atmosphère sombre et pesante qui donne toute sa dimension au film. Mais le but n’est pas de faire du sensationnel. Sans entrer dans le gore, Anurag Kashyap ne filme jamais les meurtres au moment fatidique mais s’intéresse en revanche à la manière de faire de Ramana ainsi que son attrait pour le mystique et la religion, qu’il utilise en justification de ses actes.

Car le tueur, comme le film en lui-même, est contrasté. Parfois terrifiant dans les scènes de crime, il se révèle aussi d’une grande maîtrise et d’un calme absolu lorsqu’il semble anticiper les actions du policier. Pour ce qui est de l’image et de la bande son, The Mumbai Murders puise sa force dans ses nombreuses facettes : le film passe ainsi d’une ambiance glaçante lors des meurtres commis à des scènes de boîte de nuit aux néons colorés et sur fond de trip-hop.

Ce thriller anxiogène reflète également l’engagement de Kashyap : très différent des films bollywoodiens, il n’y a dans The Mumbai Murders “aucun espoir”, selon les propos du réalisateur. Ce dernier promène surtout sa caméra dans les bidonvilles car c’est en leur coeur, en premier lieu, que les crimes ne sont que rarement résolus. Les habitants de ces quartiers sont donc, en plus d’être les victimes du tueur, ceux d’un ordre social. Ramana, quant à lui, sans domicile et errant – la plupart du temps affamé – dans les rues, confie lui-même avoir entendu qu’il pourrait manger gratuitement en prison.

La dimension sociale et politique de The Mumbai Murders, ainsi que son atmosphère anxiogène en font un thriller réussi, savamment mené par les deux acteurs principaux. Rarement filmée sous cet angle, Kashyap nous offre ici un regard bien différent de la mégapole indienne, mais novateur.

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