Disponible sur Amazon Prime Vidéo depuis quelques jours, la nouvelle série du créateur de “Mr. Robot” suit le travail d’une psychologue dans un centre de réinsertion pour militaires. Homecoming marque les premiers pas de Julia Roberts en tant que personnage principal dans une série télévisée.
C’est dans une ambiance délicieusement seventies – même si l’action prend bien place à notre époque – que Homecoming se déroule. Quatre ans après avoir travaillé au sein d’un mystérieux programme de réinsertion dédié aux vétérans, Heidi Bergman (interprétée par Julia Roberts) ne se souvient plus de rien. Devenue serveuse, elle est alors rattrapée par son passé lorsqu’un agent du gouvernement décide de mener l’enquête sur ce centre censé aider les soldats à revenir à la vie civile. Des séances de thérapie menées par Heidi à l’avancée de l’enquête, Homecoming embarque son spectateur dans un jeu de piste palpitant.
Petit ou grand écran ?
Véritablement captivante, cette première saison semble avoir été conçue pour être bingée. 10 épisodes d’une trentaine de minutes suffisent à tenir en haleine le spectateur. Paranoïa ou complot ? Le mystère concernant le passé d’Heidi demeure. Alternant entre le passé et le présent, la caméra de Sam Esmail filme avec soin ce thriller psychologique stylisé. Ce qui surprend le plus, c’est bien la différence de cadrage entre les deux époques données à voir. Lorsqu’il s’agit de parler d’Heidi au présent, après son expérience dans le centre, le cadre se resserre et devient carré. La forme du cadre symbolise la perte de mémoire du personnage et son enfermement dans une réalité qui fait abstraction de son passé.
Le créateur de Mr. Robot s’aventure également sur le terrain des plans-séquences, qui sont nombreux tout au long de la saison et permettent de renforcer la tension de l’intrigue. En jouant avec les formes, les couleurs et les parallélismes d’un plan à l’autre, Esmail offre un joli objet télévisuel aussi bien agréable à regarder qu’à écouter. Le suspense de la série est entretenu – si ce n’est accentué – par sa bande originale. Le mystère du programme Homecoming se lève peu à peu, sur des airs de Pino Donaggio ou de Michael Small ; deux compositeurs associés aux grands maîtres du suspense Alan J. Pakula et Brian De Palma. Riche en références, la série s’inspire aussi des thrillers d’Hitchcock et entretient un suspense haletant tout au long des épisodes. Une jolie réalisation donc, qu’on regretterait presque de ne pas pouvoir découvrir sur grand écran.
Du côté de la distribution, Julia Roberts campe avec brio le rôle, quasi double, de cette héroïne tourmentée. Elle apparaît passionnée par son travail et rayonnante dans les séquences de flash-back, contrastant ainsi avec l’image de femme perdue et possiblement amnésique qu’elle renvoie dans le présent. L’actrice est notamment entourée de Bobby Cannavale (Boardwalk Empire), Stephan James (Race), Jeremy Allen White (Shameless), Sissy Spacek (Carrie) ou encore Shea Whigham (Fargo). Un casting de choix pour ce qui se révèle être le premier véritable succès de la plateforme d’Amazon. Une seconde saison a déjà été commandée et devrait voir le jour d’ici 2020.