Tous les vendredis, la rédaction vous résume une semaine de cinéma. Festivals, cérémonies, tournages et autres événements, vous ne pourrez plus dire que vous n’étiez pas au courant.
Bernardo Bertolucci, les adieux au maestro
Addido Maestro ! Lundi 26 novembre, le cinéaste italien Bernardo Bertolucci s’est éteint des suites d’un cancer à l’âge de 77 ans. Le dernier maître du cinéma italien avait environ vingt ans quand l’Italie connue son grand âge d’or cinématographique Rossellini et De Sica sont encore vivants, Visconti, Fellini, Antonioni et bien sûr Pasolini sont à leur apogée. Il commencera d’ailleurs comme premier assistant pour ce dernier. Mais dès ses premiers films (Prima della rivoluzione), Bertolluci dérange par son audace et ses aspirations politiques influencées par la Nouvelle vague française et essentiellement par Jean-Luc Godard. À la même époque, il co-écrit avec Dario Argento et Sergio Leone le scénario du classique de ce dernier Il était une fois dans l’Ouest. S’ensuit alors une filmographie de près de vingt films ; de l’Italie de 1900, au Paris des années 70, du Sahara au dernier empereur chinois ; tournés avec des comédiens des quatre coins du monde. Il aura offert au cinéma une oeuvre troublante bien qu’irrégulière, salie pour l’éternité par le viol de l’actrice Maria Schneider lors du tournage d’un Dernier tango à Paris.
Le cinéaste Nicolas Roeg, vers l’ailleurs
Le réalisateur brittanique Nicolas Roeg est décédé à l’âge de 90 ans le 23 novembre dernier. Homme de talent à l’esthétique tortueuse et déstructurée, on lui devait le remarquable film L’Homme qui venait d’ailleurs (The Man who fell to earth), où l’artiste David Bowie interprétait le rôle titre. Il avait également réalisé les long-métrages Walkabout et Ne vous retournez pas, et avait auparavant exercé la fonction de directeur de la photographie notamment sur le Fahrenheit 451 de Truffaut dans les années 60.
Pas de comédie musicale pour Wes Anderson
Il est là, à Angoulême, il tourne son prochain long-métrage, le grand Wes Anderson nous fait l’honneur d’élire temporairement domicile dans l’hexagone pour produire son prochain chef-d’oeuvre. Les rumeurs allaient bon train sur le type de film auquel nous aurions droit. Après le stop motion, le burlesque, le fantasque, la comédie familiale et la comédie dramatique, le public s’attendait (à raison ?) à être abreuvé d’une comédie musicale. La rumeur enflait depuis plusieurs semaines, portée par les médias locaux qui observaient de loin le début du tournage. Le démenti a fait quelques déçus, mais réjouissons nous tout de même. Malgré le grand secret entourant son prochain film, Wes Anderson a déjà confirmé que l’intrigue se passerait en France, à différentes époques. Peut-on espérer une aventure à travers le temps, aussi rythmée que l’épopée du Fantastique Maitre Renard ? Ou une fresque historique douce et envoutante comme il a si bien su le faire dans Moonrise Kingdom ? Seul l’avenir nous le dira, on se languit déjà !
Cowboy Bebop en série live-action chez Netflix
L’animé japonais culte de 1998 réalisé par Shin’ichirō Watanabe sera adapté en série réaliste sur la plateforme de streaming. Le géant américain n’en est pas à son coup d’essai, après une adaptation des mangas Death Note et Fullmetal Alchemist, tous deux sévèrement reçus par les fans. Cette annonce a de quoi faire frémir, autant pour le fantasme qu’elle véhicule, que pour la peur qu’elle instille chez les amoureux de cet animé de science-fiction aux accents délicieusement rétro et jazzy. La série aura la lourde tâche de proposer un univers aussi inspiré que son homologue coloré. Il s’agit d’une douce revanche pour Cowboy Bebop, qui avait longtemps été prévu en long-métrage, avec en rôle titre Keanu Reeves (Matrix, John Wick), avant que le projet ne soit avorté. La série proposera dix épisodes avec Christopher Yost au script, ayant notamment officié sur Thor Ragnarok, mais aussi et surtout le créateur originel en tant que consultant. En attendant d’autres nouvelles de nos chasseurs de prime de l’espace (casting, date de sortie etc.), Netflix diffuse Cowboy Bebop et ses vingt-six épisodes sur sa plateforme.
Le retour du Roi (Lion)
Green Book sacré par le National Board of Review
Après son sacre au festival du film de Toronto en septembre dernier où il avait remporté le prix du meilleur film et du meilleur acteur, Green Book, réalisé par Peter Farrelly, récidive au NBR qui l’a récompensé pareillement en lui donnant le prix du meilleur film de l’année devant A star is born de Bradley Cooper et First man de Damien Chazelle, ainsi que le prix du meilleur acteur pour Viggo Mortensen. Ce biopic situé en 1962 nous fait suivre deux personnages : Tony Lip (Viggo Mortensen), un videur italien du Bronx, qui est engagé pour servir de chauffeur et de garde du corps à Don Shirley (Mahershala Ali), un pianiste noir mondialement reconnu. Sous le voile de la ségrégation, ils vont faire route commune en parcourant le Sud des États-unis pour une tournée musicale mouvementée, tout en apprenant à se connaître. Jugé comme un “feel good movie”, Green Book pourrait bien se faire une place à la cérémonie des Oscars 2019, le festival de Toronto et le NBR étant annonciateurs de récompenses. En cas de concrétisation, il s’agirait de la troisième nomination du meilleur acteur aux Oscars pour Viggo Mortensen, après Les promesses de l’ombre et Captain Fantastic. Sorti le 16 novembre aux États-unis, Green Book est attendu pour le 23 janvier 2019 en France.
Girl censuré par Netflix
En mai dernier Lukas raflait la Caméra d’Or à Cannes avec le sensible Girl, l’histoire d’une jeune danseuse classique née dans un corps de garçon. Après un très belle accueil critique en France, le film s’était vu propulsé en compétition pour l’Oscar du meilleur film étranger cette année. Mais une ombre est venue éclaircir le tableau il y a quelques semaines, en effet la diffusion du film sur Netflix en janvier a été soumise à la condition de la censure de certaines scènes de nudité du personnage principal incarné par Victor Polster. Une décision à laquelle l’équipe de Girl a dû se plier, en dépit du message du film, au sein du quel le rapport au corps à travers la danse est aux fondement du questionnement identitaire du personnage. En guise de maigre consolation, c’est bien sûr la version originale du film qui sera jugée par les membres de l’Académie des Oscars, un choix qui en dit long sur la nécessité d’une représentation des corps et des personnages trans, au cinéma.