CINÉMA

« Le Pape François, un homme de parole » – Un réalisateur au service du Vatican

Le nouveau documentaire de Wim Wenders dépeint les pérégrinations du Pape François de part le monde. Le réalisateur propose un portrait flatteur d’un leader drôle et sympathique qui se veut proche de ses fidèles. On peine cependant à accrocher à cette propagande moderne visant assez grossièrement à rajeunir l’Église.

Après de nombreux documentaires disparates, on retrouve le célèbre réalisateur allemand avec ce nouvel objet plutôt ambitieux et risqué. Le 266ème souverain pontife se prête au jeu de l’interview vérité aux allures de monologue spirituel. On comprend rapidement que le Pape veut asseoir sa filiation avec Saint-François d’Assise.

Il fût un temps où François d’Assise révolutionnait le catholicisme en le recentrant sur la pauvreté. Notre François actuel, héritier direct du Saint d’antan, veut en faire autant au sein de l’Église d’aujourd’hui. Oubliez donc Martine à la plage, Wim Wenders nous propose plutôt une relecture moderne et humaniste des livres pour enfants avec François chez les pauvres, François dans un camp de migrants ou alors François visite Auschwitz. Ce tour du monde médiatique (toujours sous l’œil de Wim Wenders) cisaille le documentaire à intervalle régulier. Les déplacements du Saint qui constate de la misère humaine n’offre pas grand chose si ce n’est une confirmation visuelle à ses confessions face caméra.

Certains épisodes ne sont néanmoins pas sans intérêt et on n’est jamais à l’abri d’un passage surréaliste ou drôle ; que ce soit sa prêche anti-Trump au congrès américain ou ses déplacements en Fiat « boite à chaussure », renommée ainsi par un journaliste. Autant de coups de com’ qui permettent à Wim Wenders d’en rajouter une couche sur le fait que « l’héritage de Saint-François est toujours vivant ».

Ce documentaire aurait pu trouver une certaine résonance avec l’actualité mondiale si il ne visait pas autant à occulter l’actualité du Vatican. Wim Wenders apparaît plus comme une marque gageant de la qualité d’un produit plutôt que comme un réalisateur ayant reçu carte blanche (comme il le prétend). Ce doute persiste lorsqu’on sait que le film est une commande du Vatican qui, de plus, le co-produit. Rajoutons à cela les nombreux scandales de pédophilie qui continuent d’entacher l’Église, sans oublier les prises de positions, plus que douteuses, du Pape « moderne » sur l’homosexualité. Autant de taches indélébiles, évidemment passées sous silence pour le bien du documentaire, faisant office de repoussoir aux belles paroles de l’ancien archevêque de Bueno Aires.

Visiblement il faudra plus qu’un documentaire de Wim Wenders pour tenter de rajeunir ou redorer l’image du Saint-siège et de son occupant.

 

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