Lundi 1er octobre, TF1 présentait le téléfilm très attendu sur la vie de Jacqueline Sauvage, condamnée pour avoir tué son mari violent.
S’il est presque impossible de ne pas connaître “l’affaire Jacqueline Sauvage”, les détails plus personnels et tragiques de la vie de ce couple sont méconnus. Avec la performance incroyable de Muriel Robin, le téléfilm donne un goût amer. Un moment où se déroule devant nos yeux la vie privée d’une femme battue, pendant que bien au chaud sur son canapé, on ignore tout des milliers d’autres femmes, hommes et enfants qui subissent tous les jours le même sort.
Dans Jacqueline Sauvage : c’était lui ou moi, l’enjeu n’est pas de savoir la fin. Car la triste fin, on la connaît : dans son procès en appel, elle est condamnée à dix ans de prison. Ce qui importe dans ce téléfilm, c’est de voir, pour la première fois, l’intimité de cette famille qui a subi pendant près de cinquante ans, les coups et les insultes.
La comédienne Muriel Robin est tout simplement bouleversante. Son regard ne rencontre pratique jamais celui des spectateurs, elle a les yeux cloués au sol. Une honte qui la ronge. Les traits tirés, le visage ensanglanté, des cicatrices plein les jambes. Un calvaire difficile à regarder mais dont on ne peut pas détourner le regarde. Pas par voyeurisme mais parce qu’il est grand temps de “voir”. D’ouvrir les yeux sur ce fardeau.
Le spectateur est plongé au cœur de la salle d’audience. Là où les questions se font plus intimes, et surtout, plus absurdes, plus jugées. “Pourquoi ne pas être partie ?”, “pourquoi ne pas avoir porté plainte ?”. Effectivement, pourquoi. Mais comme l’a rappelé Muriel Robin dans plusieurs de ses interviews, ces questions restent, dans la tête des victimes, à jamais sans réponse. Car, puisque la culpabilité de Jacqueline Sauvage n’est pas à prouver (c’est elle-même qui a contacté les pompiers après avoir tiré sur son mari), son histoire doit servir à lancer le débat sur les violences conjugales. Sur ces longueurs administratives, sur ces confrontations directes avec les bourreaux, sur la honte des victimes.
“Je suis désolé. Dis-moi que tu m’aimes.“
Un téléfilm en deux parties qui ne laisse pas de moment de répit, à l’image de Muriel Robin, qui se débat. Littéralement. C’est la première fois que les publicités sont les bienvenues. Pour reprendre son souffle. Faire une pause.
Olivier Marchal, qui joue Norbert Marot, le mari de Jacqueline Sauvage, est également très convaincant. Si dans les récentes interviews il déclare avoir très “mal à l’aise”, l’une des scènes les plus marquantes est celle du déjeuner de Noël. Un moment jovial et familial qui vire, évidemment, au drame lorsque Norbert Marot boit. Beaucoup trop et fini par gifler sa femme devant ses enfants avant de les mettre dehors. Mais ce qui choque, outre la violence, ce sont ses paroles : “je suis désolé. Je suis désolé. Je t’aime. Dis-moi que tu m’aimes.” Des paroles qui résonnent car les victimes qui témoignent explique que les excuses arrivent très vite après les coups, ainsi que la promesse de ne plus recommencer.
Un an après son procès en appel, Jacqueline Sauvage a été libérée de prison par François Hollande qui a utilisé la grâce présidentielle. Aujourd’hui, l’affaire Sauvage continue de faire parler et de diviser l’opinion. Cette année, les violences faîtes aux femmes ont augmenté de 22 %. Une progression extrêmement inquiétante et qui ne doit jamais cesser de faire parler.
Le téléfilm Jacqueline Sauvage : c’était lui ou moi est disponible en replay sur le site de MyTF1.