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Destination découverte #1 – escalader le terril avec The Rackers

Du bon rock, un peu gras, très terre à terre, légèrement énervé, parfois naïf : voilà comment se lit la recette du succes prochain de The Rackers, groupe belge au futur prometteur.

Même si elles ne rapportent pas grand chose financièrement aux artistes, les écoutes cumulées sur les plateformes de streaming légal ne doivent pas être négligées. En effet, par le truchement des suggestions, des tags et des envies des auditeurs, il n’est pas rare de découvrir, d’adorer et de ne plus pouvoir se passer d’un groupe encore inconnu quelques heures auparavant. C’est tout le bonheur qu’on souhaite à The Rackers, qui célèbre son arrivée sur toutes ces plateformes en ce premier jour de septembre.

La communauté parallèle des adeptes de Soundcloud avait déjà pu se délecter de l’excellent album Girls 2.0. Il est maintenant possible pour n’importe quel adepte de rock de profiter de cet excellent premier opus.

The Rackers, ce sont trois amis de longue date, comme c’est souvent le cas en musique aujourd’hui. Ils ne vivent pas de leur art, mais ils en ont fait un art de vivre. Il est clair que la composition est un moyen pour eux d’échapper à la réalité et au quotidien morose. Il serait maladroit d’imputer ce désespoir créatif à la région dont ils sont originaires. La Louvière n’est plus la seule ville morose de Belgique, responsable de la désolation de ses habitants. En revanche, cela reste pertinent de démontrer par l’exemple que les environnements ouvriers délaissés sont aujourd’hui des terrains fertils. Même si les sols ont été vidé jusqu’à la dernière miette de leur charbon, le foisonnement artistique et créatif de ces régions a donné un second souffle à la culture et aux récoltes – des esprits cette fois-ci.

Sofia Touhami

Et puisqu’il n’existe pas de hasard, les influences musicales des louviérois proviennent de milieu tout aussi marqué par l’expérience ouvrière et la révolution industrielle. Ecouter 1983, c’est monter dans un des rares trains publics encore en circulation entre Manchester et Liverpool. C’est faire une escale dans un pub miteux qui a aménagé un coin pour le groupe de post-punk rock du jeune nouveau serveur en quête d’évasion, avide de laisser sa cité ouvrière derrière lui.

Girls 2.0 a bien des qualités, mais s’il ne fallait en pointer qu’une, ce serait la nostalgie sincère qui s’en dégage. The Rackers semblent nostalgique de tout, avec mesure et passion à la fois. On regrette la belle époque d’Arctic Monkeys, et on rend un hommage explicite à leurs meilleurs tubes, voire à leur meilleur album, au vue du style du trait de crayon utilisé pour dessiner la pochette de l’album. On regrette aussi l’âge d’or du rock, où écrire des chansons d’amour à base de guitare électriques bien grasses ne posait pas de problème. On regrette enfin le passé, car il est plus facile de mettre en musique la douce mélancolie de nos jeunes années plutôt que d’admettre qu’il est temps de faire face à l’avenir.

Sofia Touhami

Après quelques apparitions remarquées en festival cet été, une release party couronnée de succès à la fin du mois d’août, on souhaite un démarrage triomphale au groupe hennuyer sur les sites d’écoute 2.0. Il n’est pas impossible qu’au gré de leurs pérégrinations, les amateurs de rock british croisent le chemin d’Allan, Jimmy et Yohan, représentants belges de ce style intemporel. Pour les plus déterminés, faire la route jusque Mons le 21 septembre vous assurera une soirée haute en couleur, digne des premières expériences scéniques concluantes de Franz Ferdinand.

 

 

Directrice de la communication, tout droit venue de Belgique pour vous servir. Passionnée de lecture, d'écriture, de photographie et de musique classique.

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