CINÉMA

« Mission Impossible : Fallout » – Le blockbuster retrouvé

Alors que l’été bat son plein, l’amateur de blockbusters qui voudrait profiter de l’air climatisé n’a pas grand chose pour se rassasier. La pauvreté de l’offre 2018 le pousse à placer ses espoirs, une énième fois, dans un énième Mission Impossible. Heureusement, après quelques égarement (La Momie) Tom Cruise en Ethan Hunt reste une valeur sure.

Après cinq films, le réalisateur Christopher McQuarrie s’est attelé à la question que tous les réalisateurs se succédant sur la franchise ont dû se poser : que proposer de nouveau au spectateur ? A cela, l’existence même de cinéaste à cette fonction bouleverse la tradition.

En effet pour la première fois, un même réalisateur dirige plusieurs Missions Impossibles. La confiance mutuelle entre lui et l’acteur star y est sans doute pour beaucoup. Leur relation a débuté en 2008, lorsque Christopher McQuarrie était scénariste de Walkyrie. Depuis, il a travaillé, d’une manière ou d’une autre, sur tous les films de Tom Cruise.

Copyright 2018 Paramount Pictures

La recherche de nouveauté

Dans ce Fallout, Christopher McQuarrie a comme une idée de déplacer le point de vue du spectateur. Jusqu’ici nous étions constamment aux côtés d’Ethan Hunt ; nous avions toutes les informations qu’il avait. Il prenait la peine de décrire le plan à venir, afin que lorsque la scène débute, nous en soyons au même point.

Mais cette fois-ci, le lien entre le personnage principal et le spectateur se rompt sans que l’on en ait conscience, pour mieux nous piéger. Plus encore, pour la première fois, une scène se fait sans sa présence. Nous pensons alors avoir une longueur d’avance sur l’espion en ayant des informations que lui n’a pas. Il n’en sera rien. Ces pièges au spectateur ont également la bonne idée de nous faire prendre du recul sur Ethan Hunt en nous faisant questionner ses actes.

Copyright 2018 Paramount Pictures

Cet aspect ludique se prolonge bien-sûr dans les nombreuses scènes d’actions. Plus que jamais, Tom Cruise saute, court, tombe, se bat, tire, pilote, conduit… Alors que l’on pouvait redouter un best-of des compétences de l’acteur, toutes ces scènes sont suffisamment bien construites et intégrées à l’intrigue pour que l’on reste immergé.

Bien-sûr, la mise en scène s’autorise régulièrement à iconiser les performances de son héros. Il faut voir l’acteur en pleine course qui prend de l’avance sur le travelling de la caméra, ou ce plan très Dark Knight du personnage en haut d’une tour, face à la ville.

Paris s’éveille

Comme tout Mission Impossible, l’intrigue amène les personnages à visiter de nombreux sites emblématiques. Dans Fallout, l’attraction principale est la ville de Paris, mise soigneusement en avant par le marketing, depuis au moins un an.

Malgré les contraintes de la capitale, tant sécuritaires que patrimoniales, le film parvient à s’en libérer. Ainsi, Paris n’est jamais un simple arrière-plan figé. Les rues, les bâtiments vivent, entrent en contact avec les enjeux de l’intrigue. Le film parvient à utiliser toutes les spécificités de la ville (le quartier économique de Bercy, la circulation impossible de l’Arc de triomphe, les rues étroites du Marais…) pour en faire un véritable terrain de jeu.

Cette débauche d’action rompt malheureusement avec l’aspect espionnage-infiltration de la franchise, pour tomber plus rapidement dans l’actioner. Mais saluons toutefois Christopher McQuarrie qui accompli l’exploit de rendre charismatique Henry Cavill.

Copyright 2018 Paramount Pictures

D’ailleurs, la localisation de Paris est une occasion inédite pour la franchise de converser directement avec l’actualité. Au détour d’une fusillade avec une policière française, le film convoque les événements que la France connait depuis plusieurs années.

Quoi qu’il en soit, Mission Impossible : Fallout nous rappelle ce que tout blockbuster estival devrait être : un spectacle divertissant, généreux, tourné vers le plaisir de son public et intelligemment pensé.

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