Une prière avant l’aube, dernier film de Jean-Stéphane Sauvaire (Johnny Mad Dog, 2008), adaptation efficace de l’histoire vraie de Billy Moore, petit caïd anglais qui se retrouve plongé dans l’enfer d’une prison thaïlandaise où la boxe sera son salut.
Flashback au Festival de Cannes 2017 avec Une prière avant l’aube qui relate l’histoire de Billy Moore, petite frappe qui s’exile de son Angleterre natale pour la Thaïlande où il compte poursuivre une carrière de boxeur. Mais son goût pour la drogue le suit jusqu’à Bangkok où il finit par être arrêté et condamné. Il plonge alors dans l’univers plus qu’impitoyable de la prison thaïlandaise…
Un huis-clos étouffant
Comme le personnage principal – très convaincant Joe Cole- le spectateur est, dès les premières minutes du film, plongé dans une prison thaïlandaise. Établissement sordide dans lequel les détenus vivent dans la promiscuité et l’insalubrité les plus totales. Entre crise de manque et affrontements avec les autres détenus ou les gardiens dont il ne parle pas la langue, Billy Moore, seul « blanc », subit complètement ses premiers mois d’incarcération. Incapable de se contrôler, il est mis à l’isolement dans une cellule relevant plus de la niche et il assiste aux différentes scènes ultra-violentes faisant le quotidien de la prison (bagarres mais aussi viol et suicide). Ses seuls moments de répit sont quand il parvient à se procurer un peu de drogue grâce à un gardien corrompu.
Pour nous faire vivre cette plongée au cœur de l’enfer, Jean-Stéphane Sauvaire décide de laisser sa caméra au sein de la prison et d’y confiner le spectateur. Avec ce choix de mise en scène judicieux et efficace, sans trop s’en rendre compte, on finit par oublier l’existence d’un monde extérieur. Progressivement, l’hostilité du lieu et de ses “habitants” diminue et, derrière une masse de détenus, émergent des corps (bustes magnifiquement tatoués, jambes galbées des lady-boys), des personnalités, des rituels, un certain respect et quelque chose qui ressemblerait presque à de l’amour.
Le salut par la boxe
Petit à petit, grâce à la boxe, Billy Moore va se faire une place au sein de cette prison. Il s’entraine, arrête autant que possible la drogue, apprend à boxer comme un « vrai » thaï et parvient même à représenter « sa » prison lors d’un match de rencontre avec un autre établissement carcéral. A défaut de réelle originalité (mais comment l’être encore ?), les multiples scènes de boxe sont bien filmées et très efficaces.
Complètement inséré dans le microcosme carcéral, Moore va être quasiment adopté par les membres d’un gang regroupés au sein d’un même pavillon. Consécration : en amont de son combat ultime, il lui offre son premier tatouage, un félin bondissant.
La Thaïlande, pays complexe
Assez loin des clichés touristiques ainsi que des controverses sur le tourisme sexuel, Une prière avant la fin du monde dépeint un portrait complexe à souhait de la Thaïlande. Le film constitue une fresque sociale composée de quasiment tout ce qui fait la “vraie” population thaï : les touristes égarées, les enfants errants, les membres de gangs ultra-violents, les lady-boys rejetés (mais aussi aimés), les policiers plus ou moins corrompus etc.
Au-delà d’une plongée étouffante à souhait en prison, Jean-Stéphane Sauvaire donne également à voir quelques très belles images de la Thaïlande. On retient notamment les plans d’une Bangkok agitée, moite et colorée mais aussi les quelques images de la somptueuse forêt qui surgissent après plus d’une 1h30 de film lorsque Billy Moore est enfin autorisé à sortir de sa prison pour combattre. On se souvient alors qu’il existe un « dehors » dans lequel il fait bon vivre… mais pas forcément pour tout le monde.
Une prière avant l’aube de Jean-Stéphane Sauvaire. Au cinéma le 20 juin, 1h57.