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Maze In France #23 – Lewis OfMan & Mile, douceur et mélancolie

Lewis OfMan, de son vrai nom Lewis Delhomme, est un des artistes émergents de la scène française ces dernières années…

Et 2018 ne vient que confirmer cette lancée : participation au dernier album (Dear Annie) de Rejjie Snow, une tournée en France et outre-atlantique, plusieurs festivals (We Love Green, Cabourg mon amour…) prévus cet été ainsi que des projets personnels, dont un nouveau tringle qui sortira le 1er juin. Rencontre avec un artiste qui monte.

Pour ceux qui ne te connaissent pas encore, est-ce que l’on pourrait revenir un peu en arrière… Comment as-tu commencé la musique sous le nom de Lewis OfMan ?

Lewis OfMan : Au début, c’était quelque chose que je gardais pour moi : je mettais mes chansons sur Internet sans le dire à personne, tout en rêvant que les filles de mon lycée tombent dessus par hasard et écoutent mes chansons… et c’est arrivé ! Peu à peu, j’ai commencé à avoir de bons retours et naturellement, j’ai été de moins en moins « discret ». Le premier clip, le premier concert, tout ça s’est mis en place petit à petit.

Pendant quelque temps, tu apparaissais souvent le visage peint en bleu. Que fallait-il y voir ? Un désir de te différencier ou simplement un détail amusant ?

Lewis OfMan : C’était plus un détail amusant en référence à mon premier clip, qui tournait justement autour de ce concept. Mais j’ai arrêté très vite, car les gens percevaient ça comme un moyen volontaire de me différencier, ce qui pour moi n’est pas artistique mais purement commercial. Je pense que l’on n’a pas à devoir « se différencier » puisque chaque personne est spéciale, à condition d’assumer qui l’on est.

IslBG

Ta musique a quelque chose de doux, de sucré (le titre de l’une de tes compositions), de mélancolique presque. Quelles sont tes principales sources d’inspiration musicales du moment ?

Lewis OfMan : La musique que j’aime en ce moment est assez difficile à décrire. J’écoute notamment les compositions de Vladimir Cosma, ainsi que celles de compositeurs italiens tels que Glohaven, Pareal, Ernesto Brancucci… En fait, ce qui me fascine c’est l’art de la mélodie, c’est tellement puissant. Serge Gainsbourg aussi est très fort avec ça : Comment te dire adieu, qu’il a composé pour Françoise Hardy me fait vraiment rêver, c’est magnifique…

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Par ailleurs, tu as fait de nombreuses collaborations musicales (The Pirouettes, Vendredi sur mer) ou artistiques (After Homework) avec d’autres artistes émergents de la scène parisienne. Est-ce que Paris est une ville qui t’inspire ? As-tu des lieux préférés dans cette ville ?

Lewis OfMan : Pas du tout ! À vrai dire, je fais tout ce que je peux pour éviter d’être à Paris. Quand j’y suis, j’ai l’impression de devenir gris comme les trottoirs. Je suis né dans cette ville et elle est trop proche de moi pour me faire rêver. Malgré tout, j’aime bien le quartier de Montparnasse que je trouve très cool parce qu’il me fait penser au Paris du XXème siècle que l’on peut voir dans les films ou la littérature. Ce Paris-là peut me donner des visions parce que je ne l’ai pas connu, mais plus généralement c’est l’étranger qui m’inspire… Le fait d’entrer en contact avec de nouvelles énergies, de nouvelles perspectives de vie, c’est cela qui me transcende et me donne le pouvoir de créer des choses nouvelles !

Tu as participé à plusieurs morceaux du nouvel album Dear Annie de Rejjie Snow. Quels souvenirs gardes-tu de l’enregistrement de cet album ?

Lewis OfMan : Beaucoup de nouveautés : Rejjie Snow était très ouvert et on essayé beaucoup de choses, comme le fait de chanter en français… on s’est bien marrés ! De mon côté, c’était d’autant plus intéressant que j’entrais dans un nouveau monde, je n’avais jamais vraiment travaillé avec un rappeur avant et faire des chansons comme Bye Polar ou LMFAO c’était tout nouveau pour moi. On a également beaucoup travaillé la nuit, alors qu’habituellement je préfère composer le matin… mais lui pas du tout ! Je me souviens aussi qu’il n’avait aucun remords à abandonner des idées ou même des chansons entières. Je pense que c’est important de savoir faire ça et d’être libre quant à nos création.  Finalement, la participation à cet album m’a ouvert à beaucoup de choses qui m’ont énormément apporté.

IslBG

Comment vous êtes-vous rencontrés avec Rejjie Snow ?

Lewis OfMan : Initialement, une rencontre ordinaire était prévue entre différents labels, mais il se trouve que le studio où l’on devait se retrouver était en travaux… du coup, Rejjie Snow est venu chez moi ! C’était assez marrant de le voir posé sur mon canapé. Le fait de le rencontrer dans ce cadre-là a changé beaucoup de choses je pense, on s’est tout de suite compris et on a enregistré la chanson Rainbows le jour même. Puis il est revenu à Paris la semaine d’après pour finir l’album avec moi, toujours à la maison.

Tu as récemment sorti un nouveau single « Plein de bisous » (février 2018), tu participes à la tournée de Rejjie Snow et tu joueras lors de plusieurs festivals cet été (notamment We Love Green et Cabourg Mon Amour)… est-ce que tu t’attendais à ce succès très rapide en te lançant en solo ?

Lewis OfMan : Succès, c’est un encore un très grand mot ! Mais c’est vrai que je suis particulièrement touché et ému que ma musique me permette déjà de vivre ce genre d’expériences. Je me souviens quand je découvrais Rejjie Snow au lycée… jamais je n’aurai pu imaginer que j’allais composer avec lui dans ma chambre et partir aux Etats-Unis pour faire ses premières parties, c’est complètement dingue !

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As-tu déjà des nouveaux projets en perspective ? Un album, de nouvelles collaborations ?

Lewis OfMan : Il y a mon tringle, « Je Pense à Toi » , qui sort le 1er juin. Il réunit trois chansons dont je suis très content et qui permettront de mieux montrer qui je suis aujourd’hui. Par ailleurs, un nouvel EP est prévu pour 2019 et j’espère montrer encore mieux qui je suis !

 


Dans plusieurs de ses compositions, Lewis OfMan est accompagné au chant par Mile, de son vrai nom Milena Leblanc. Rencontre avec cette artiste aux multiples facettes.

On t’a découverte dans les dernières chansons et clips de Lewis OfMan. Comment s’est passée cette collaboration ? Est-ce que tu chantais avant ça ?

Mile : En fait, bien avant qu’on ne se parle avec Lewis on s’entendait déjà sur le plan artistique, on avait un style de photo très proche, on photographiait des objets qu’on trouvait beaux. C’est hyper drôle, on aurait pu appeler notre style « matérialisme romantico-réaliste »… J’adore, c’est très pédant ! [rires] Pour Un amour au super U et Plein de bisous, on a écrit les paroles ensemble… on aimait les mêmes mots, les mêmes images, ça marchait trop bien ! Bref, je n’avais jamais chanté avant mais le chant est arrivé naturellement.

Tout récemment, tu as participé à l’album de Rejjie Snow et tu l’as suivi sur plusieurs dates de sa tournée, notamment en France et au Royaume-Uni. Quels souvenirs gardes-tu de cette expérience ?

Mile : C’était incroyable… Je le rejoignais sur scène pour les titres Mon Amour, Désolé et Rainbows et à chaque fois, le public chantait les paroles en coeur avec moi, c’était dingue ! Même à Londres ou Dublin, les gens reprenaient les paroles en français ! Je pense aussi que c’était quelque chose pour eux de voir Rejjie chanter en français. C’était mimi. Et puis le gros kiff aussi, c’était de faire la première partie avec Lewis, de chanter avec lui et de revenir ensuite avec Rejjie, l’effet de surprise était toujours cool, genre : « Hey ! Vous me reconnaissez ! »

En parallèle du chant, tu réalises également des vidéos (Disconsolate, Quand le chaud naît du froid…) et tu suis une formation aux cours Florent. Quel est ton rapport au jeu et à la scène ?

Mile : En fait, je fais du théâtre depuis le CM2, j’ai juste arrêté pendant ma khâgne. Aujourd’hui, je fais les Cours Florent parce que je veux jouer et réaliser. La scène peut être hyper stressante mais le moment où tu arrives à t’oublier pour être juste dans le partage, là c’est trop bien. Meilleurs souvenirs, au théâtre comme en concert.

Qu’est-ce que la vidéo t’apporte par rapport au chant ?

Mile : La vidéo me permet d’explorer des sensations. Dans Mer et fille par exemple, j’expérimente la danse en ville et dans la nature. La vidéo me permet aussi d’observer les gens, leur regard, leurs gestes, leurs paroles (cf. Jardin Botanique). J’adore ! Disconsolate est la première vidéo que j’ai faite et c’était pour illustrer une chanson de Lewis. À l’époque on ne se connaissait pas encore très bien… c’est notre première collaboration artistique finalement ! Après j’ai continué à illustrer ses musiques douces et mélancoliques avec des vidéos prises pendant nos voyages. Sa musique m’inspirait vraiment pour assembler mes images. Parfois, j’explore des petites théories dans mes vidéos comme dans Le déclin du mensonge ou dans Quand le chaud naît du froid. À l’époque j’étais angoissée par le soleil, l’été, la plage ; pour moi le chaud devait naître des paysages gris et des climats froids. Je voulais illustrer cette idée en image. Un drapeau rouge dans un ciel gris.

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Il y a quelque chose de très vintage dans tes vidéos, quelles sont tes sources d’inspiration ?

Mile : Ce n’est pas volontaire… les gens me disent ça aussi de ma façon de m’habiller parfois, je trouve ça mimi parce que je ne le vois pas comme ça. C’est pareil quand je fais mes vidéos, je pense que c’est malgré moi. Ça fait vintage parce que la beauté n’a pas d’âge ! Eléphant de Gus Van Sant est mon influence majeure, c’est ce film qui m’a donné envie de faire du cinéma. En 2003, l’image pouvait paraître « vintage » mais c’est juste de la beauté intemporelle. Sinon je suis aussi très Pialat comme fille ! [rires]   

Peux-tu nous dire quelques mots de tes futurs projets (chant, vidéo, …) ?

Mile : J’imagine avec amour la sortie d’un EP et je prépare un court métrage que j’ai écrit pour une fille. J’ai eu un coup de foudre artistique pour elle, vraiment « love at first sight ». Elle est incroyable, vous verrez. Il y a aussi un clip pour Lewis [OfMan] que j’ai tourné au Havre avec une dream team de filles trop belles qui veulent aller voir la mer et qui devrait bientôt pointer son nez.

 

Pour écouter les compositions de Lewis OfMan

Pour voir les vidéos de Mile

 

[Note de la rédaction – Erratum : nous avions, dans une précédente version de cet article, utilisé par erreur une photographie de Fred Lombard, issue de cet article, sans en indiquer la référence et sans autorisation. Toutes nos excuses.]

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